“Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car il se confie en toi” Ésaïe 26. 3. Rempli de cette confiance, l’apôtre reste calme dans la tempête comme il l’avait été devant ses juges à Césarée. Il est aussi près de son Dieu que sur terre ferme. Où qu’il soit, sur un bateau dans la tempête ou au tribunal devant le gouverneur et le roi, il occupe moralement la place supérieure.
Paul rappelle les conseils donnés avant de quitter la Crète. Ces paroles ont dû parler à la conscience du centurion et du pilote. Les événements ont démontré qu’il est un meilleur marin qu’eux tous. Vont-ils l’écouter cette fois-ci ? Paul rapporte la promesse reçue d’un ange de Dieu pendant la nuit et en profite pour donner son témoignage personnel. Personne ne mourra. Le bateau seul sera perdu. Les paroles qu’il prononce ne sont pas l’expression d’un vague optimisme, cela aurait été pure folie dans ces circonstances ! Elles portent les certitudes de la foi. Il est important pour nous de rendre un témoignage clair à un Dieu connu personnellement qui peut remplir de courage, et à sa Parole, que nous croyons sans discuter. Le témoignage de Paul est triple car il affirme appartenir à Dieu, servir Dieu et croire Dieu. Remarquons la distance morale qui sépare l’apôtre du prophète Jonas dans les mêmes circonstances tragiquesJonas 1. 6.
L’ange a dit à Paul qu’il comparaîtrait devant César. Ce que Dieu a dit, il l’accomplit1 Rois 8. 24. Ni la tempête, ni les puissances des ténèbres, ni Satan ne pourront empêcher Dieu d’accomplir son proposRomains 8. 31.
Dieu donne à Paul tous ceux qui se trouvent sur le bateau. Dans sa miséricorde, Dieu épargne la vie des incrédules à cause des siensGenèse 18. 26 ; Matthieu 5. 45. Ceux-ci ne se rendent pas compte de ce qu’ils doivent aux croyants. En fait, les enfants de Dieu sont une véritable sauvegarde pour la population au milieu de laquelle ils vivent.
Une chose étonnante se produit : le prisonnier Paul prend en main la commande. Par sa sagesse et sa confiance en Dieu, il est maintenant le maître à bordEcclésiaste 9. 13-15 et ses ordres sont respectés. Quelqu’un a dit : « Plus une personne est élevée en dignité, plus le respect est dû à sa fonction. Plus modeste est la position d’un homme, plus le respect est dû à sa personne ».
Le soleil et les étoiles, l’unique ressource des navigateurs, sont invisibles. La position du bateau est perdue mais Dieu la connaît parfaitementPsaume 139. 11, 12. Paul ne sait qu’une chose, ils seront jetés sur une île, non sur des bancs de sable de la côte africaine (connus pour être le cimetière de nombreux navires). À vue humaine, cette probabilité paraît bien infime.
“Nous étions portés ça et là sur la mer…” Quel tableau saisissant de l’état de l’homme perdu ! Paul et tous les passagers vivaient les mêmes circonstances tragiques. L’un accomplit la volonté de Dieu, les autres restent sourds à la parole de Dieu.
Après deux semaines d’errance, la terre approche. Les signes sont certains. On ancre le bateau pour le tenir éloigné des écueils. Les matelots pensent immédiatement à leur propre intérêt et cherchent à se sauver par un acte lâche. Mais Paul est là, tel un capitaine de bateau, observant et dirigeant tout de la part de Dieu. Si les matelots s’échappent, qui saura manœuvrer le bateau ? Comme les matelots et tous les autres à bord, chacun doit apprendre aujourd’hui qu’il n’existe pas d’autres voies de salut que le chemin indiqué par Dieu (4. 12) Jean 14. 6. Certes, tout le travail de salut est opéré par Dieu mais seulement sous certaines conditions. Il faut que les hommes reconnaissent qu’ils n’ont par eux-mêmes aucune possibilité de se sauver. La chaloupe, dernier moyen de fuite et peut-être de salut à vue humaine, doit être abandonnée. Ses amarres sont coupées et elle tombe à la mer. Le bateau ne contient plus que des prisonniers !
Paul est un homme pratique. Il sait qu’il est indispensable de prendre des forces avant d’atteindre la terre. Pour donner l’exemple, il mange après avoir rendu grâces. Même dans les pires circonstances, le chrétien peut toujours trouver un sujet de reconnaissance.
Les marins décident de faire échouer le bateau aussi près que possible d’une plage qu’ils viennent d’apercevoir. Notons cette coïncidence, ou plutôt ce nouveau miracle, car on sait que l’île de Malte n’a que très peu de plages ! Pour se rapprocher le plus possible du rivage, le bateau est allégé de sa lourde cargaison de blé. Les ancres, le dernier moyen qui permette d’assurer le bateau, sont abandonnées à la mer. La manœuvre est périlleuse. Si elle échoue, le bateau se brisera sur les écueils. Les matelots réussissent à éviter ce nouveau danger mais d’autres surgissent. La carcasse échouée sur la plage menace de se rompre et les soldats décident de tuer les prisonniers pour ne pas être tenus responsables de leur fuite possible à la nage. La loi romaine était formelle : si un prisonnier échappait, son garde subissait la peine du condamné. Voilà toute la reconnaissance des soldats envers le prisonnier à qui ils doivent leur salut ! Il faut véritablement autre chose que des miracles pour transformer le cœur humain.
L’officier prend courageusement position et réussit à épargner la vie de Paul et des autres prisonniers. Cet homme avait le sens de l’honneur. Peut-être a-t-il cru cette fois-ci aux paroles de Paul qui, à deux reprises déjà, avait déclaré que personne ne périrait.
L’officier donne ensuite l’ordre de sauve-qui-peut. Chacun pour soi ! Devant ce dernier danger, tous sont sur un pied d’égalité, les soldats comme les prisonniers libérés de leurs chaînes, les matelots comme les autres passagers. Quelle leçon devant la mort ! Le salut de l’âme est une affaire individuelle, jamais collective. La diversité des moyens avec lesquels les hommes gagnent le rivage fait penser à la diversité des moyens que Dieu utilise pour amener les hommes au salut. Le récit s’achève par une phrase très sobre mais qui résume dans une simplicité admirable toute la puissance et la bonté de Dieu : “Tous parvinrent à terre sains et saufs”. Ce sont les dangers de ce voyage mouvementé qui ont fait connaître à plus de 200 personnes la puissance du Dieu que Paul servait.