Les naufragés découvrent qu’ils se trouvent sur l’île de Malte, nom approprié puisqu’il signifie “refuge” en phénicien. Les vents et la tempête ont accompli le propos de Dieu. Mais Paul et ses compagnons doivent attendre encore trois mois pour qu’un bateau d’Alexandrie lève l’ancre et les embarque pour la Sicile et l’Italie. Cette halte bienfaisante avant d’affronter la prison à Rome permet à l’apôtre de faire de Malte encore un champ de mission.
Les habitants de l’île sont qualifiés de “barbares”. Les Grecs appelaient barbare un homme qui disait “bar-bar”, c’est-à-dire un homme qui parlait un langage qui leur était inintelligible et qui n’appartenait pas à leur civilisationRomains 1. 14 ; 1 Corinthiens 14. 11.
Les Maltais témoignent d’une humanité peu ordinaire par leur hospitalité et leur générosité. Ils allument un feu (litt. : un bûcher) pour sécher et réchauffer les 276 naufragés qui sortent de la mer dépouillés de tout. Si des païens sont capables d’agir avec tant de bienveillance, notre propre conduite devrait les surpasser.
Luc ne rapporte pas une quelconque manifestation de reconnaissance envers Dieu de la part des naufragés. Quand un danger est passé, la mémoire est courte et on attribue facilement à la chance ce qui est un miracle de la puissance de Dieu.
Pour alimenter le feu, Paul trouve des branches sèches malgré la pluie qui tombe. Une vipère s’attache à sa main. Les indigènes en déduisent que Paul doit être un grand criminel car Némésis, la déesse de la justice (de la vengeance) cherche à juger Paul puisqu’il vient d’échapper à Neptune, le dieu de la mer. Autant dire que Paul (et à travers lui, son Dieu) est responsable du naufrage. L’apôtre savait qu’il ne pouvait mourir à Malte car il n’avait pas encore atteint Rome, ni comparu devant César comme Dieu le lui avait révélé (23. 11). Mais, connaissant l’emprise de la superstition sur les hommes, il se rend immédiatement compte de la gravité de la situation. Il secoue le serpent qui tombe dans le feu et manifeste ainsi l’autorité promise par Jésus à ses disciples sur la puissance de l’ennemiLuc 10. 19 ; Marc 16. 18. Par cet acte surnaturel, Dieu donne la preuve aux naufragés et aux Maltais que Paul est son serviteur, envoyé avec la puissance qui vient de lui-même.
Les hommes sont versatiles et toujours tentés par les extrêmes ! En constatant que Paul reste indemne, les Maltais changent d’opinion au sujet de Paul. Comme à Lystre (14. 11-15), il est maintenant pris pour un dieu !
Par ce serpent sorti d’un tas de branches, Satan a cherché à anéantir l’œuvre de Dieu en tentant un coup double : rendre Dieu responsable de la catastrophe et empêcher Paul de témoigner devant l’empereur. Le récit figure le sort qui est réservé au diable (représenté par le serpent) avec ses anges : il sera complètement vaincu et jeté dans le feuApocalypse 20. 10.
Publius, le premier personnage de l’île, manifeste beaucoup de bonté envers Paul et ses compagnons pour des raisons qui ne nous sont pas indiquées. Comme serviteur de Dieu, l’apôtre ne peut rester débiteur des Maltais. Il guérit le père de Publius. Tous les malades de l’île sont aussi guéris (litt. : reçoivent des soins médicaux), ce qui peut indiquer qu’ils viennent aussi vers Luc, un médecin, pour se faire soigner. Dieu apportait des preuves multiples de sa puissance et de sa bonté. Bien que Luc reste silencieux à ce sujet, nous pouvons penser que beaucoup ont été aussi guéris dans leur âme.
Les Maltais montrent beaucoup de reconnaissance envers Paul et ses deux compagnons. Ces naufragés sont arrivés complètement démunis. Ils repartent avec tout ce qui leur est nécessaire. Telle est la bonté de Dieu envers ses serviteurs.