Cette section nous montre en quoi consistait le ministère de l’apôtre Paul (décrit dans les chapitres 13 à 20) en puissance et en énergie de l’Esprit. Nous apprenons aussi combien nous devons apprécier l’héritage, le bon dépôt que nous avons reçu, et garder soigneusement l’ensemble de la saine doctrine2 Timothée 1. 14. Il est donc indispensable que des croyants soient formés pour le service de la Parole. À ce sujet, Paul dit à Timothée : “Les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles (hommes ou femmes) qui soient capables d’instruire aussi les autres” 2 Timothée 2. 1, 2.
Une phase de l’histoire de l’église prend fin avec l’achèvement des travaux des apôtres dans le livre des Actes. Une autre période s’ouvre maintenant, celle de la responsabilité des anciens dans la vie et la marche des assemblées locales. Le chrétien peut jouir d’immenses privilèges mais il doit aussi assumer des responsabilités, si bien que chaque assemblée devrait avoir aujourd’hui des frères qui portent le véritable caractère d’anciens (surveillants). On reconnaît aujourd’hui les anciens par leur autorité morale quand elle s’impose à la conscience des croyants.
Dans ses adieux chargés d’émotion aux anciens de l’assemblée d’Éphèse, Paul fait le bilan de sa vie et se présente comme évangéliste (verset 21), docteur (verset 27) et pasteur (verset 31). Il rendra compte de son ministère à Dieu, non aux hommes, dit-il. Son caractère de chrétien forgé par Christ est un exemple pour les anciens d’Éphèse, car plusieurs d’entre eux devront souffrir pour leur Seigneur. Afin d’être compris d’emblée par des auditeurs qu’il ne reverra pas, Paul adopte un langage simple et direct.
L’apôtre donne aussi prophétiquement un résumé complet de l’histoire morale de l’église au travers des siècles jusqu’à nos jours et nous avertit solennellement quant aux faux docteurs, plus présents aujourd’hui que jamais.
L’autorité morale d’un chrétien s’impose moins par ce qu’il dit que par ce qu’il est car la foi consiste à croire, à obéir et à vivre. Une bonne conduite précède toute prédication. Paul en était l’exemple vivant. Tous ceux qui avaient connu l’apôtre pouvaient reconnaître qu’il avait parlé sans crainte et vécu d’une manière indépendante de l’opinion des hommes. Sans étalage ni pompe, il avait servi en toute humilité et s’était donné entièrement au service du Seigneur. Il ne s’était pas placé au-dessus d’autrui par orgueil, ni au-dessous des chrétiens pour chercher leurs compliments. Il avait agi avec compassion. Chez lui, rien de formel ou de froid. Comme JésusJean 11. 35 ; Psaume 126. 6, il avait pleuré.
Le chemin du croyant n’est pas une route facile. Être chrétien ne supprime pas les difficultés. Paul a pleuré mais n’a jamais fléchi.
Fidèle à la Parole de Dieu, il n’avait rien caché de la doctrine qu’il enseignait aussi bien en public que dans le privé comme les autres apôtres (5. 42). Le message du salut était si important que Paul n’a jamais manqué de l’apporter partout où il passait. La vie chrétienne a ses joies et ses souffrances. Comme Paul, nous devons être prêts à témoigner en toutes circonstances.
Dans ses circonstances personnelles, Paul montrait une entière soumission à l’Esprit Saint et une totale consécration, étant prêt à tout sacrifier, même sa propre vie. Par l’Esprit, Paul sait que des souffrances l’attendent. Tout son désir est d’achever sa course, c’est-à-dire le voyage moral qui débarrasse de soi-même pour attacher l’être nouveau à Christ afin de glorifier et de servir le Seigneur. Son service consistait à proclamer l’évangile de la grâce de Dieu dont Christ est l’objet et à annoncer le royaume de Dieu.
Nous sommes parfois tentés de considérer notre vie comme un échec quand nous n’obtenons pas notoriété, succès ou fortune. Mais pour Paul, peu lui importait. Son seul désir était d’accomplir entièrement la mission que le Seigneur lui avait confiée.
Très solennellement, Paul rappelle aux anciens d’Éphèse et à nous tous qui voulons servir le Seigneur les éléments essentiels de son ministère :
Pour pouvoir à leur tour prendre soin de l’assemblée, les anciens doivent prendre garde à eux-mêmes et à tout le troupeau, et être vigilants comme surveillants. Le premier devoir est de prendre garde à soi-même, quelle que soit notre position, car rien n’est plus dangereux que de s’occuper des autres en négligeant notre propre conduite et en ne surveillant pas nos pensées. Le surveillant n’est pas un policier. Il prend garde aux loups, mais avant tout il paît l’Assemblée de Dieu, acquise par le propre sang de son Fils1. Le vrai pasteur nourrit le troupeau avec des aliments spirituels équilibrés. Le mauvais pasteur l’affame. Le faux docteur l’empoisonne. Comme un loup, il vient du dehors2 Corinthiens 11. 13-15 ou du dedans2 Pierre 2. 1-3 ; 1 Jean 2. 18 ; 3 Jean 9, 10. Le faux docteur cherche à rassembler des auditeurs pour imposer ses pensées personnelles en vue d’attirer des disciples après lui.
Tout service doit s’accomplir avec discernement. Paul sait que les temps seront mauvais car là où la vérité est proclamée, l’ennemi attaque toujours en essayant de semer l’erreur en l’enrobant d’une partie de vérité. Comment ne pas penser à la vague de faux évangiles, politique, médiatique et psychologique, truffés de prétendus signes et prodiges, qui déferle aujourd’hui sur l’Occident déchristianisé ?
Le temps de l’apostasie approche déjà mais les anciens ne sont pas démunis, car Paul les recommande à Dieu (non pas à un successeur) et à la Parole de sa grâce.
En parlant de son ministère, Paul dit que certes il se glorifie, mais seulement dans le Seigneur. Il termine son message et demande de ne pas oublier les faibles et les pauvres en rappelant la seule parole du Seigneur qui ne soit pas rapportée dans les évangiles : “Il est plus heureux de donner que de recevoir”. Examinons notre attitude par rapport aux biens matériels. Si nous ne regardons qu’à ce qui nous manque, il est temps de modifier nos priorités. Mais donner est plus que le partage des biens matériels. On peut donner son temps, son énergie, son amour. Les faibles et les pauvres sont aussi ceux qui, comme les malades et les solitaires, manquent de santé et d’affection.
En entendant parler Paul, les anciens ne doutent pas de sa sincérité. C’est avec larmes et prières qu’ils se séparent de l’apôtre, non pas tant parce qu’il les avait avertis des dangers, mais “surtout” (verset 38) parce qu’ils ne le reverraient plus. Le mot fait mal car il révèle que les anciens d’Éphèse n’avaient pas compris la gravité de la situation. Ils étaient plus en souci pour Paul que pour l’Église.