Les différents partis à Corinthe honoraient le serviteur du Seigneur qu’ils s’étaient choisi pour conducteur, tandis qu’ils méprisaient les autres. Paul stigmatise ici cet orgueil.
L’apôtre dénonce tout d’abord leur façon d’agir, en montrant, par contraste, quelle avait été sa propre conduite et celle d’Apollos (versets 1, 2, 10). Au lieu de reprendre les Corinthiens avec dureté pour leur mondanité, leur esprit de parti et leur autosatisfaction, il prend soin, par amour fraternel, de ne pas les blesser. Il souhaite que son attitude et celle d’Apollos constituent un exemple à suivre. Les Corinthiens pouvaient apprendre de ces fidèles serviteurs à ne pas aller au-delà des instructions des Saintes Écritures, qui condamnent l’orgueil et présentent l’humilité comme le sentiment qui plaît à DieuProverbes 3. 34 ; 16. 5. Ils avaient en effet failli à cet égard, et leur esprit de parti les avait divisés, eux qui étaient remplis d’orgueil et de présomption.
En employant la deuxième personne du singulier (verset 7), Paul s’adresse maintenant directement à chaque croyant en lui posant la question : qui seul est responsable de ce qui le distingue de son frère, sur le plan spirituel ? N’est-ce pas Dieu, qui donne à chacun un don de grâce, comme il l’entend ? Leurs dons spirituels provenaient de Dieu, la connaissance leur avait été communiquée par les serviteurs de Christ. C’était donc pur orgueil de leur part que de s’en vanter comme d’acquisitions ou d’exploits personnels.
L’apôtre déplorait cet état de suffisance qui cachait mal leur pauvreté spirituelle. Ils étaient rassasiés, mais non de nourriture spirituelle ; ils étaient riches, mais pas dans le Seigneur ; dans leur présomption, ils pensaient pouvoir régner déjà, sans discerner que ce n’était pas encore le temps de régner, mais plutôt de persévérer et de souffrir pour Christ. La tournure : “vous avez régné sans nous” est ironique, puisque tous les croyants sont appelés à régner avec Christ2 Timothée 2. 12 ; Apocalypse 20. 4-6. Aussi Paul ajoute-t-il : “… et je voudrais que vous régnassiez, afin que nous aussi, nous régnassions avec vous” (verset 8). Ses pensées se portent vers le royaume à venir, lorsque le Seigneur fera son entrée triomphale, accompagné de ses rachetés, pour régner en justice et en paix. L’apôtre n’attendait donc pas seulement la venue du Seigneur pour chercher les siens, mais aussi ce règne de paix. Rappelons que ces deux événements sont encore futurs.
En contraste avec les Corinthiens qui cherchaient à être considérés et influents, Paul formait avec les autres apôtres comme l’extrémité d’un cortège. Il évoque les processions triomphales d’alors, image qu’il reprend dans la seconde épître2 Corinthiens 2. 14-16. Lorsque les empereurs revenaient à Rome après la victoire, on plaçait en fin de cortège les prisonniers destinés aux arènes, livrés en spectacle au regard des foules. Voilà la place que prenaient les apôtres dans ce monde, selon la volonté de Dieu. Par leur manière de vivre, ils prouvaient aux hommes et aux anges qu’ils ne recherchaient pas les honneurs, la gloire, mais qu’ils acceptaient le mépris et la place de rejet que le Seigneur Jésus lui-même avait prise dans sa vie et dans sa mort.
Quel frappant contraste entre les serviteurs de Christ et les Corinthiens (verset 10) ! Ceux-là étaient considérés comme fous à cause de Christ (1. 23), faibles et méprisés. Quant aux Corinthiens, l’apôtre les dépeint comme des chrétiens sages en Christ, forts et honorés, mais sa description est ironique, car ils ne l’étaient que dans leur propre imagination ; peut-être paraissaient-ils ainsi extérieurement, mais pas aux yeux de Dieu (verset 8).
Pour confirmer ses propos, l’apôtre cite maintenant les difficultés qu’il partageait sans discontinuer avec ses collaborateurs : la faim, la soif, le souci du vêtement, du logis, les coups, le travail pénible pour assurer la subsistance. Quelle consécration au Seigneur suggère l’acceptation de toutes ces misères !
Mais l’énumération ne s’arrête pas là ; d’autres souffrances sont mentionnées, accompagnées de la réaction, empreinte de douceur, de ces serviteurs : “injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous le supportons ; calomniés, nous supplions”. La grâce de Dieu leur communiquait la force d’endurer le mépris suprême, à savoir d’être considérés comme les balayures du monde et le rebut de tous. C’est une chose de faire la perte des choses du monde et de les estimer comme des ordures, afin de gagner ChristPhilippiens 3. 8, 9. Mais c’est tout autre chose que d’être rejeté du monde par fidélité pour Christ, et d’endurer ainsi des souffrances pour son nom et par amour pour lui1 Pierre 2. 19 ; 4. 13.