La mise au point que Paul vient de faire, à savoir qu’il était, au même titre qu’Apollos, serviteur et non conducteur, le porte à exposer plusieurs aspects du service pour le Seigneur (3. 6-4. 21).
Il précise tout d’abord les tâches que l’un et l’autre ont accomplies à Corinthe. Leur travail dans l’évangile est comparable à celui d’un cultivateur. Paul avait planté : par sa prédication, il avait amené les Corinthiens à la foi vivante au Seigneur Jésus. Ensuite, Apollos avait arrosé les jeunes plantes, en leur offrant la nourriture et l’aide spirituelle utiles à leur croissance. Ce faisant, ils n’avaient pas dépassé, l’un et l’autre, le rôle de serviteurs d’un Dieu qui seul donnait l’accroissement. Aux yeux des hommes, Paul apparaissait peut-être comme le “fondateur” et Apollos comme le “docteur” de l’assemblée à Corinthe. Mais ici, l’honneur n’est pas rendu à celui qui plante ou qui arrose, mais à Celui qui donne l’accroissement. D’autre part, il n’y a pas lieu de différencier foncièrement celui qui plante de celui qui arrose, encore moins de les opposer. Aurait-on idée de séparer ceux qui sont occupés à la même œuvre et qui travaillent pour le même Seigneur ? Quel bel exemple d’harmonie est ainsi présenté à ces croyants divisés et querelleurs ! Cependant chaque serviteur sera récompensé au tribunal de Christ pour ce qu’il aura fait personnellement pour le Seigneur.
Paul et Apollos travaillaient ensemble pour Dieu et sous sa direction. C’est ce que signifie l’expression “collaborateurs de Dieu”. Les Corinthiens, quant à eux, étaient le “labourage de Dieu”, le champ dans lequel les deux serviteurs de Dieu avaient travaillé. Cette figure n’est jamais employée ailleurs pour désigner l’assemblée. L’image du laboureur est certes reprise dans différents passages pour illustrer l’activité spirituelle (9. 10) 2 Timothée 2. 6 ; Jacques 5. 7, mais l’assemblée est vue selon l’image du corps, de l’épouse ou de la maison (c’est-à-dire un temple, une habitation). Paul mentionne maintenant l’édifice : “Vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu”. Il désigne par là l’assemblée locale à Corinthe, une expression de l’assemblée de Dieu sur la terreÉphésiens 2. 21.
Paul était conscient de la grâce que Dieu lui avait faite (15. 10). Il l’était d’ailleurs toujours, qu’il évoque son salut, ses dons ou sa propre responsabilité. Dans cette conscience-là il avait, “comme un sage architecte”, posé le fondement de l’assemblée à Corinthe1. D’autres, comme Apollos, poursuivaient l’ouvrage. Celui qui participe à l’ouvrage est toutefois responsable de la façon dont il édifie. Le Seigneur Jésus a posé le fondement par son œuvre expiatoire à la croix, et par l’envoi du Saint Esprit sur la terre. L’assemblée repose sur lui, le Rocher d’éternitéMatthieu 16. 18. Tout autre fondement serait d’origine humaine et donc sans valeur.
Toute contribution à l’ouvrage peut être évaluée ainsi : apporte-t-elle de la bénédiction ou cause-t-elle du tort ? S’agit-il de la prédication de l’évangile ou de l’enseignement des croyants, la même question se pose : sera-ce à la gloire du Seigneur et pour la bénédiction des hommes, ou bien poursuit-on d’autres objectifs : servir sa propre réputation, entretenir l’esprit de parti…
La qualité de l’enseignement marquera les croyants formés par cet enseignement. Les matériaux supportant l’épreuve du feu (l’or, l’argent ou les pierres précieuses) parlent des éléments créés par Dieu. Au contraire, les autres matériaux (le bois, le foin et le chaume) viennent de l’homme et seront détruits.
Combien est sérieux cet avertissement pour le croyant désireux de servir le Seigneur ! Les fruits du service ne seront pas toujours immédiats. Mais le jour vient où tous les croyants seront manifestés devant le tribunal de Christ. Les choses cachées des ténèbres y seront mises en lumière (4. 5), pour être examinées et jugées par le feu de la sainteté divine : “si l’ouvrage de quelqu’un qu’il aura édifié dessus demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même il sera sauvé, toutefois comme à travers le feu” (versets 14, 15).
Paul lui-même se réjouissait à la perspective de ce jour des rétributions, car il savait que le Seigneur juste juge lui donnerait la couronne de justice2 Timothée 4. 8. Mais l’œuvre de quelqu’un pourra aussi être consumée. Le salut de l’âme n’est pas en cause – “lui-même sera sauvé” – mais la récompense est perdue.
Finalement Paul rappelle aux Corinthiens qu’ils sont le temple de Dieu (versets 16, 17). L’assemblée n’est pas seulement un édifice où l’on travaille jusqu’à la venue du Seigneur, elle est déjà présentement l’habitation, le temple de Dieu. Le Saint Esprit habite dans chaque croyant en particulier, mais aussi dans l’assemblée. Ainsi, si le corps de chaque croyant pris isolément est le temple du Saint Esprit (6. 19), l’assemblée est aussi “une habitation de Dieu par l’Esprit” Éphésiens 2. 22. La présence de Dieu caractérise son temple. Celui qui attaque ou corrompt ce temple recevra le juste châtiment de Dieu : il est perdu pour l’éternité. Il ne s’agit plus ici de croyants qui auraient travaillé à la maison de Dieu pour des motifs charnels, mais de faux docteurs qui ont causé d’immenses dégâts au saint temple de Dieu. Ce sont “des ouvriers trompeurs”, travaillant pour Satan et non pas pour Dieu2 Corinthiens 11. 13-15. Leur fin, c’est-à-dire le jugement, sera selon leurs œuvres.