Tout en ayant la foi au Seigneur Jésus, les Corinthiens étaient encore imprégnés de la forme de pensée grecque. Ils acceptaient difficilement la totale corruption de la nature humaine. C’est la raison pour laquelle la “parole de la croix” occupe la position centrale de ce paragraphe. Cette croix où fut cloué le Seigneur Jésus a démontré l’étendue de la miséricorde et de l’amour de Dieu envers l’homme perdu, car il y a livré son Fils unique. Là ont été manifestées, dans ce châtiment porté par Christ, la sainteté et la justice divines. Toute la sagesse du dessein de Dieu y a été dévoilée. Mais les hommes n’ont rien discerné de tout cela. Ils y voyaient un condamné à mort, et à une mort particulièrement ignominieuse. La crucifixion était en effet le supplice le plus infamant, réservé aux esclaves et aux étrangers. Comment donc pouvait-on prétendre qu’un tel crucifié fût le Sauveur choisi par Dieu ? La “parole de la croix” est bien folie pour ceux qui périssent. Seul le croyant discerne dans ce message de la croix la puissance de Dieu assurant le salut éternel.
Les Corinthiens imaginaient peut-être que, si la foi seule pouvait déjà accomplir de si grandes choses envers de pauvres illettrés, ces effets-là pourraient être décuplés en y ajoutant la sagesse humaine ! Quel triomphe pour le christianisme s’il gagnait les sages et les intelligents, et pas seulement les simples ! L’apôtre répond à de tels raisonnements en citant le prophète ÉsaïeÉsaïe 29. 14. Toute la sagesse, toute la science et toute la rhétorique humaines n’ont pas la moindre valeur aux yeux de Dieu. Ces choses qui élèvent l’homme constituent un obstacle à la réception du message de l’évangile.
Il est impossible à l’homme naturel, malgré tous ses efforts, de connaître Dieu par sa propre sagesse et par sa propre volonté. Dieu a fermé cet accès pour que nul ne puisse se glorifier de connaître Dieu par sa propre capacité. Dans sa sagesse, Dieu présente le message du salut comme une folie pour l’intelligence de l’homme incrédule : quoi de plus inconcevable pour l’homme que le Créateur du ciel et de la terre devienne un homme, puis soit rejeté et crucifié par sa créature ? Mais c’est précisément la crucifixion du Fils de Dieu qui forme le cœur de l’évangile. Seul est sauvé celui qui croit en lui.
Aux Juifs, le message de la croix était une occasion de chute, parce qu’ils réclamaient des miracles pour confirmer la gloire du Messie. Les Grecs, au contraire, considéraient ce message comme une folie, parce qu’ils recherchaient la sagesse qui glorifie l’homme.
Mais pour tous, le message de l’évangile reste Christ crucifié. La puissance et la sagesse de Dieu en Christ se manifestent à ceux-là seulement (indistinctement Juifs ou Grecs), qui sont appelés de Dieu et qui ont accepté ce message par la foi. Si la puissance de Dieu est l’unique canal de la vie nouvelle, la sagesse de Dieu demeure la seule source de toute bénédiction spirituelle. Folie et faiblesse aux yeux de l’homme naturel, la croix de Christ dépasse, dans sa réalité et dans ses effets, le raisonnement des hommes les plus sages et les facultés des hommes les plus puissants.
En s’examinant eux-mêmes, les Corinthiens pouvaient bien confirmer les paroles de l’apôtre Paul. Dieu, dans sa grâce, les avait appelés par l’évangile et les avait enrichis en toutes choses (verset 5). Mais ces bénédictions ne pouvaient être imputées ni à leur sagesse, ni à leurs facultés, ni à leur dignité : au contraire, Dieu avait choisi les choses folles, faibles, viles et méprisées pour couvrir de honte les hommes sages, les choses fortes et tout ce qui exalte l’homme dans ce monde.
Aucun d’eux ne pouvait se vanter d’avoir contribué, par lui-même, à sa position d’enfant de Dieu, ou d’avoir obtenu un don de grâce. N’auraient-ils pas dû plutôt accepter, avec reconnaissance, l’origine divine de leurs dons spirituels, et attribuer toutes choses à Christ, qui seul occupe la place de la puissance suprême et de la gloire à la droite de Dieu ?
Dieu, qui connaît les besoins du pécheur, y a répondu parfaitement. En Christ, il lui donne la sagesse, la justice, le rend capable de mener une vie de sainteté pratique, enfin il lui accorde une pleine rédemption au terme de sa vie de foiÉphésiens 4. 30. Dieu seul a pourvu à tout avec grâce et amour, pour le temps et l’éternité. Paul appuie alors ses propos par une citation de l’A.T. : “Celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur” (verset 31) 2 Corinthiens 10. 17. Comme dans d’autres cas, le Saint Esprit réunit ici en une seule déclaration des portions empruntées à plusieurs livres de l’A.T. Il est dit, en effet :