Joseph a traversé de grandes épreuves, mais la Bible ne mentionne pas explicitement les larmes que ses souffrances lui ont fait verser. En revanche, elle évoque plusieurs fois ses pleurs, en relation avec sa famille. Ce n’est pas seulement quand il a revu son père et son jeune frère qu’il a pleuré. Il a d’abord versé des larmes devant ses autres frères qui l’avaient vendu comme esclave.
Quand Joseph les retrouve, bien des années plus tard, il en est profondément ému. Pourtant il ne leur montre pas tout de suite son émotion (Genèse 42. 24), mais agit durement à leur égard en les faisant mettre en prison trois jours. Son attitude, qui peut paraître sans cœur, provient au contraire de la profondeur de l’amour qui sait parfois cacher ses émotions. Avant qu’il se fasse reconnaître de ses frères, il fallait qu’un travail de conscience s’opère en eux pour les libérer du terrible secret qui les liait : la violence à son égard et le mensonge envers Jacob, leur père.
Lors de leur seconde rencontre, Joseph comprend qu’ils ont vraiment changé. Quand ils l’avaient vendu, ils n’avaient pas eu d’égard pour la souffrance de leur père. Maintenant ils redoutent de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Joseph se fait alors reconnaître et il pleure devant eux. Quelle émotion devant le mystère du travail de la grâce de Dieu qui a changé leurs cœurs ! Les larmes de Joseph rendent possible un langage nouveau chez ses frères (comparer Genèse 37. 4 et 45. 15).
Joseph pleure à nouveau quand, après la mort de leur père, ses frères lui demandent de leur pardonner. Malgré sa douleur d’être incompris, il peut leur dire : « Vous, vous aviez pensé du mal contre moi : Dieu l’a pensé en bien, pour faire comme il en est aujourd’hui… Et il les consola, et parla à leur cœur » (Genèse 50. 19-21). Le travail de la discipline divine dans les cœurs, l’attitude, les larmes, les paroles de Joseph ont fait tomber le mur d’incompréhension et de jalousie qu’ils avaient dressé entre eux et lui.
Le pardon et la réconciliation font jaillir en nous des larmes de gratitude quand, comme Joseph, nous faisons ainsi l’expérience que l’amour ne périt jamais (1 Corinthiens 13. 8).