Paul, alors appelé Saul, est mentionné pour la première fois lorsqu’Étienne est lapidé. « Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul ». Paul fait allusion à cette scène par la suite (Actes 22. 20) : « et lorsque le sang d’Étienne, ton témoin, fut répandu, moi-même aussi j’étais présent et consentant, et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient ».
L’inimitié de la pensée de l’homme contre Dieu n’est peut-être nulle part aussi claire que dans la religion. L’homme, cherchant par elle à établir sa propre justice, ne se soumet pas à la justice de Dieu. C’est pourquoi le pharisien respectable est plus éloigné de Dieu que le publicain, rebut de la société juive. Le Seigneur dit à Ses disciples : « Ils vous excluront des synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu » (Jean 16. 2). Plus l’homme est convaincu, comme Caïn, qu’il peut supprimer la distance qui le sépare de Dieu, plus il hait la façon dont Dieu supprime cette distance. C’est pour cela que Caïn « tua son frère… Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3. 12). Personne ne supposerait un instant qu’un homme méchant puisse revendiquer la faveur de Dieu ; mais l’homme religieux, le jeune homme de l’évangile, abandonne Christ avec tristesse plutôt que de prendre Sa croix et de Le suivre.
Paul nous dit qu’il a vécu en toute bonne conscience (Actes 23. 1). Il n’avait aucun sentiment de péché, car il n’avait pas ouvertement violé la loi. Saul avait certainement entendu parler Étienne ; mais plus la lumière du christianisme lui parvenait, plus sa propre justice était assaillie, plus il était courroucé et sa résistance déterminée.
La seconde fois que nous entendons parler de lui, son opposition est à son point culminant. « Or Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, alla au souverain sacrificateur et lui demanda pour Damas des lettres adressées aux synagogues, en sorte que, s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem » (Actes 9. 1-2). Voilà le chemin suivi alors par « le premier des pécheurs ». L’opposition du cœur humain attaché à sa propre justice est à son comble, mais c’est alors que la grâce de Dieu brille de son plus bel éclat. Une lumière plus éclatante que celle du soleil, resplendit autour de lui ; ce n’est pas cette lumière de la gloire qui exige la justice, mais la lumière de l’évangile de la gloire de Christ, qui révèle au « premier des pécheurs » qu’il a un Sauveur dans la gloire de Dieu. L’homme religieux n’a pas de place devant la gloire de Dieu ; il tombe par terre, et entend alors la voix du Fils de Dieu prononcer ces paroles mémorables : « Je suis Jésus que tu persécutes ». La révolution morale qui s’opère maintenant dans l’âme de Saul est indescriptible ; ce dont il s’est glorifié jusque là n’a plus de valeur. Il tombe par terre devant la lumière de la gloire de Dieu ; il entend ce Jésus, qui a été la vie et le repos d’Étienne, lui parler du ciel ; tout religieux et moralement intègre qu’il soit, il n’a fait que Le persécuter dans Ses membres ici-bas sur la terre ; car un secret est révélé à Saul : le corps de Christ est sur la terre. Ainsi Saul, dont la conduite est exemplaire, pour autant que la conscience naturelle peut le mesurer, lui qui ne voit pas la corruption de son cœur, découvre maintenant qu’il est le premier des pécheurs parce qu’il a agi d’une façon diamétralement opposée à la volonté de Dieu ; par tous les moyens en son pouvoir il a fait du tort au principal intérêt de Dieu à ce moment et il s’est opposé à sa volonté. Quelle humiliation pour ce pharisien ! Si Paul estimait qu’il était le premier des pécheurs, nous pouvons certainement dire : « En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ».
Saul est maintenant aveugle, il passe trois jours « sans voir, et il ne mangea ni ne but ». Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans son cœur durant ces trois jours ; mais il est si intensément saisi, que ses besoins corporels même sont oubliés. À la fin de cette période le Seigneur lui envoie Ananias. Saul est en train de prier, preuve qu’il est brisé et que sa relation avec Dieu est établie. « C’est pourquoi tout homme pieux te priera au temps où l’on te trouve ». Ananias vient lui dire : « Recouvre la vue et sois rempli de l’Esprit Saint ». Étant scellé du Saint Esprit, Saul peut maintenant jouir de son Sauveur dans la gloire de Dieu, et aussitôt il entre dans la synagogue et prêche disant que Jésus est le Fils de Dieu – c’est la première fois, je pense, que cette grande vérité est pleinement enseignée. Ceci termine ce qu’on peut appeler le premier chapitre de cette histoire.
C’est semble-t-il après cette déclaration publique dans la synagogue que Paul va passer un certain temps en Arabie (Galates 1. 17). Il a plu à Dieu de révéler Son Fils en lui, et c’est de cette Personne, en dehors et au-dessus de tous, qu’il doit apprendre à faire tout dépendre. En général, nous n’avons pas suffisamment conscience qu’Il est le Fils de Dieu ; ce n’est que dans la mesure où nous saisissons la dignité de Sa Personne, que nous saisissons la nature divine de notre position ou de notre état. « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » « Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même » (1 Jean 5. 5, 10) ; et tout ministère tend à produire cela en chacun – « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait » etc. Plus grande est la connaissance confiée à un serviteur, plus il est nécessaire et important qu’il soit beaucoup seul avec Dieu pour qu’il en perçoive la nature en même temps que l’effet sur lui-même avant d’entreprendre de la communiquer à d’autres. Cette assimilation est de toute importance.
Nous n’avons aucune information sur la façon dont Paul a passé cette période d’isolement en Arabie, mais nous pouvons saisir l’effet d’une telle école. Le serviteur devrait certainement toujours pouvoir dire : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ». On pense quelquefois que c’est une perte de temps pour un serviteur de rester dans la solitude avant d’aborder un service public. Évidemment le Seigneur ne le pense pas pour Saul, même si les exigences du temps sont très grandes et que l’on a grand besoin de ses services. Il vaut mieux « perdre du temps » à se laisser préparer au service que de perdre du temps à réparer ses fautes pour avoir entrepris une œuvre à laquelle on n’est pas préparé.
Saul retourne par la suite à Damas, et il est si fervent et si fidèle au Seigneur que les Juifs surveillent les portes de la ville, jour et nuit, pour le tuer. Le gouverneur Arétas se joint aux Juifs dans leur méchant dessein. Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés. Les Juifs et la puissance des nations païennes s’unissent pour détruire l’homme en qui brille la lumière de Dieu. Il échappe de Damas d’une façon très humiliante, qui fait contraste avec la façon dont il s’y est rendu peu d’années auparavant. Puis il va voir Pierre à Jérusalem (Galates 1. 18). Il est venu avec le désir de voir Pierre, et d’être auprès de l’assemblée à Jérusalem ; mais les disciples le craignent tous (Actes 9. 26). Quelle douleur pour lui ! On hésite à recevoir celui qui est appelé à être un architecte du temple de Dieu. Il doit être recommandé, et Barnabas effectue cet heureux service pour lui. Il n’est plus du tout le persécuteur de l’église qu’il a été – contraste merveilleux ! Il prêche maintenant la foi qu’il détruisait auparavant, il prêche ouvertement au nom du Seigneur, disputant avec les Hellénistes qui cherchent à le tuer.
C’est alors que, priant dans le temple, il a une extase ; le Seigneur lui apparaît disant : « Hâte-toi et sors au plus tôt de Jérusalem ; parce qu’ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard » (Actes 22. 17-21). Son propre peuple ne le recevrait pas. La parole qui lui est adressée – « Va, car je t’enverrai au loin vers les nations », a certainement été difficile à recevoir pour lui. Il s’échappe de Jérusalem, et vient à Tarse, sa ville natale. Le serviteur de Dieu commence par faire connaître à sa propre maison et à ses voisins et amis les grandes choses que le Seigneur a faites pour lui. On pense qu’il resta là quelques années (Galates 1. 21). Mais l’évangile parvient aux Grecs (il ne s’agit pas d’Hellénistes, qui sont les Juifs de langue grecque) (Actes 11. 20), alors Barnabas est envoyé de Jérusalem à Antioche, « lequel, y étant arrivé et ayant vu la grâce de Dieu, se réjouit ». Il s’en va alors à Tarse, pour chercher Saul. « Et l’ayant trouvé, il le mène à Antioche. Et il leur arriva que, pendant un an tout entier, ils se réunirent dans l’assemblée et enseignèrent une grande foule, – et que ce fut à Antioche premièrement que les disciples furent nommés chrétiens » (verset 26). Ainsi Saul est en rapport avec la première assemblée où la distinction entre Juifs et Grecs se perd puisque les uns et les autres sont appelés chrétiens.
Après avoir passé là une année, Barnabas et Saul vont à Jérusalem (voyez Actes 11. 29, 30), pour apporter un don aux frères de Judée. « Et Barnabas et Saul, ayant accompli leur service, s’en retournèrent de Jérusalem, emmenant aussi avec eux Jean qui était surnommé Marc » (Actes 12. 25).
Nous arrivons maintenant (Actes 13) à une période très importante de l’histoire de ce serviteur de Christ. On suppose que c’est à ce moment, après avoir été envoyé par le Saint Esprit s’exprimant dans l’assemblée, qu’il fut ravi au paradis. Je ne puis l’affirmer avec autorité, mais cela s’accorde avec ce qui nous est dit en 2 Corinthiens 12. Nous trouvons dans ce chapitre (13. 1-3) que l’assemblée d’Antioche est bien édifiée. Il y a là des prophètes et des docteurs, et « comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Ces serviteurs reçoivent cette direction dans l’assemblée. Paul a été appelé à une œuvre spéciale mais maintenant, pour la commencer, il est dirigé par le Saint Esprit agissant dans l’assemblée, et non par les apôtres à Jérusalem. Le point de départ est toujours important. Le commencement joue un grand rôle dans le chemin de quelqu’un. Quelle façon bénie d’aborder un service, et un service pour l’assemblée ! Être expressément appelé par le Saint Esprit à commencer son œuvre dans la maison de Dieu ; c’est certainement un moment qu’il n’a jamais oublié durant tout son service.
Aujourd’hui on néglige trop le fait que c’est dans l’assemblée et par le Saint Esprit que le serviteur devrait être dirigé pour quelque service que ce soit. Si les serviteurs du Seigneur sont davantage de cœur dans l’assemblée, s’ils y voient davantage le centre des intérêts de Christ sur la terre, ils recevront (peut-être moins nettement quand même que Barnabas et Saul) une direction positive de l’Esprit de Dieu, et sortiront comme eux, recommandés par l’assemblée. Car, malgré notre faiblesse, malgré la ruine, le Saint Esprit est ici-bas, et Christ est au milieu des Siens assemblés à Son nom.
Ils vont à Salamine en Chypre, et ayant traversé toute l’île (il y a toujours un exercice de patience dans le service) ils rencontrent l’opposition de l’ennemi. Un Juif, magicien, est lié au premier magistrat du lieu, qui est un homme intelligent. Il appelle Barnabas et Saul et désire entendre la parole de Dieu ; mais Elymas leur résiste, cherchant à détourner le proconsul de la foi. Paul est directement aux prises avec Satan ; il commence seulement son service, il est pourtant à la hauteur de la situation par la puissance du Seigneur. Rempli de l’Esprit Saint, il met à nu sa perversité, et le rend aveugle pour un temps.
Le chemin par lequel chaque serviteur doit être conduit pour être préparé au service du Seigneur est différent. Des obstacles surgissent, il ne peut en être autrement dans un monde de mal, mais le serviteur exercé apprend dans les situations difficiles que le Seigneur est suffisant ; et il peut dire alors : « Par mon Dieu, je franchirai une muraille » (Psaume 18. 29). Le serviteur, en règle générale, apprend d’abord à connaître pour lui-même le sentier de puissance dans lequel il doit conduire les saints. La foi est toujours mise à l’épreuve, et l’expérience suit. La conversion du proconsul est un encouragement pour l’apôtre.
Ils viennent ensuite à Perge. Ici, Marc, qui les a accompagnés depuis Jérusalem, les quitte. La raison ne nous en est pas donnée, mais nous savons que ce sera plus tard une occasion d’irritation entre Barnabas et Paul, qui les amènera à se séparer ; finalement l’apôtre perdra ainsi deux compagnons. L’aide et le soutien que nous pouvons recevoir et dont nous pouvons être très reconnaissants en une occasion particulière, peuvent faire entièrement défaut quand nous nous y attendons le moins. Mais tous ces exercices sont finalement un gain pour le serviteur, ainsi qu’on l’a dit – « Dieu veut la vie et non pas des habitudes ». C’est pourquoi, à peine avons-nous appris à connaître la grâce dans le cadre de certaines circonstances, que nous sommes placés dans des circonstances totalement différentes. Mais le serviteur est ainsi, dans une certaine mesure, préparé comme l’est Paul à consoler les autres comme il a lui-même été consolé par Dieu. S’il marche avec le Seigneur, tout ce qui lui arrive prépare le serviteur à son service.
Après ce début de voyage missionnaire nous trouvons notre apôtre à Antioche de Pisidie (chapitre 13. 14), étape très importante de sa mission. Ici, dans la synagogue il adresse son message aux « hommes israélites, et vous qui craignez Dieu ». Le sujet de son discours est la façon remarquable dont Dieu a favorisé Israël, et il le termine par l’avertissement d’Habakuk : « Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes : Voyez, contempteurs, et étonnez-vous, et soyez anéantis ; car moi, je fais une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croiriez point, si quelqu’un vous la racontait » (chapitre 13. 40, 41).
C’est un moment important : les Juifs rejettent ce témoignage et les nations le reçoivent. Paul et Barnabas secouent la poussière de leurs pieds contre eux, et se tournent ouvertement vers les nations. Tous les sentiments naturels de Paul sont tournés vers les Juifs, mais il est amené à percevoir ce qu’Étienne a déclaré : « Vous résistez toujours à l’Esprit Saint ».
Puis, après les souffrances rapportées en Actes 14, il retourne à Antioche d’où il était parti. « Et, étant arrivés, et ayant réuni l’assemblée, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. Et ils séjournèrent assez longtemps avec les disciples » (Actes 14. 27, 28).
Une grande crise survient alors dans l’histoire de l’apôtre et de l’assemblée. « Quelques-uns, étant descendus de Judée, enseignaient les frères disant : Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Une contestation s’étant donc élevée et une grande dispute, entre Paul et Barnabas et eux, ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question ». Maintenant l’opposition vient du dedans. Le serviteur doit apprendre à vaincre les formes diverses de l’hostilité pour pouvoir enseigner à d’autres la grâce de Dieu qui seule peut soutenir quelqu’un dans de tels moments. Paul, conduit par une révélation, va à Jérusalem, et là il a une rencontre particulière avec Pierre, Jacques et Jean. Ceux-ci reconnaissent que l’évangile de l’incirconcision était confié à Paul, comme l’évangile de la circoncision avait été confié à Pierre, et ils lui donnent la main d’association. Puis la question de savoir s’il faut demander aux nations de se soumettre à la loi est discutée par les apôtres et les anciens, et leur jugement reçoit alors l’accord de toute l’assemblée : « qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien. Eux donc ayant été congédiés, vinrent à Antioche, et ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre » (versets 29, 30). Un joug très lourd, qui pesait sur tous, est ainsi ôté.
Mais ce développement important de l’œuvre est l’occasion d’une souffrance et d’une opposition nouvelle et inattendue. Pierre accepte si bien, semble-t-il, cette nouvelle ligne de conduite qu’il est tout à fait familier avec les Gentils – il mange et boit avec eux jusqu’à ce que certains soient venus d’auprès de Jacques ; alors il se retire, craignant ceux de la circoncision. Paul doit lui résister en face. Quel devoir pénible pour l’apôtre, de s’adresser ainsi à quelqu’un qu’il considère comme une colonne ! Et Barnabas, son cher compagnon, est entraîné par la dissimulation de Pierre. Puis les deux serviteurs se séparent, en désaccord à propos de Marc. Paul part, recommandé par les frères à la grâce du Seigneur, avec un nouveau compagnon, Silas.
Il est bon pour nous, en relisant l’histoire de l’apôtre et en voyant les moyens touchants et variés employés par le Maître pour former son serviteur, de nous demander si nous avons été « versés de vase en vase » (Jérémie 48. 11), et si nous avons appris quelque chose dans les différents chemins par lesquels le Seigneur nous a fait passer. Ce qui importe pour le croyant, et plus encore pour le serviteur utile, c’est d’être pratiquement affranchi de sa propre volonté, afin qu’en toute occasion il soit prêt à faire la volonté de son Maître.
Paul aborde alors la suite de sa mission. Un grand encouragement lui est donné : à Lystre le Seigneur lui accorde la grâce de rencontrer Timothée, l’aide même dont il a besoin ; c’est une compensation à la perte éprouvée lors de la défection de Barnabas. Combien ces soins du Seigneur envers Son serviteur sont touchants ! Paul peut écrire de Timothée des années plus tard : « Je n’ai personne qui soit animé d’un même sentiment avec moi pour avoir une sincère sollicitude à l’égard de ce qui vous concerne ». « Il a servi avec moi dans l’évangile comme un enfant sert son père » (Philippiens 2).
Ayant poursuivi son œuvre, il est empêché d’annoncer la parole en Asie, puis il est appelé dans une vision à venir en Macédoine. Le serviteur doit être prêt à recevoir quelque ordre que ce soit.
Paul pénètre en Europe. Dans la vision, il a été appelé par un homme macédonien, mais personne ne semble le recevoir. Il en a déduit que le Seigneur lui a demandé de prêcher là, mais pendant longtemps il n’y a rien, ou très peu, pour prouver qu’il accomplit la volonté du Seigneur. « Le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la porte et nous nous rendîmes au bord du fleuve, où l’on avait coutume de faire la prière ; et, nous étant assis, nous parlions aux femmes qui étaient assemblées » (Actes 16. 13). Le Seigneur ouvre le cœur de Lydie de Thyatire (donc originaire d’un pays où ils n’avaient pu annoncer la Parole), « et elle nous pria, disant : Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y contraignit » (verset 15). L’apôtre a ainsi trouvé une maison dans cette ville. Mais il n’a apparemment toujours pas d’accès auprès des Macédoniens. C’est alors qu’ « une servante qui avait un esprit de python et qui, en prophétisant, procurait à ses maîtres un grand gain, vint au-devant de nous. Et marchant après Paul et nous, elle criait, disant : Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très-haut, qui vous annoncent la voie du salut ». L’apôtre refuse l’aide de Satan, et chasse le mauvais esprit au nom de Jésus Christ. Alors toutes les autorités du lieu s’opposent à eux, la populace se soulève contre eux, et les préteurs ayant fait arracher leurs vêtements, donnent l’ordre de les fouetter. Puis ils sont jetés en prison, les pieds fixés au bois. L’ennemi semble avoir le dessus. Mais Paul et Silas, en priant, chantent les louanges de Dieu ; et les prisonniers les écoutent. À cause du Seigneur, Paul a refusé tout soutien de la part du diable, mais le Seigneur accomplit Sa promesse : « ceux qui m’honorent, je les honorerai ». À minuit « tout d’un coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; et au même instant toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent détachés ». Le Dieu béni justifie Son fidèle serviteur, et de plus l’homme macédonien, dans la personne du gardien de la prison, se trouve devant lui recherchant le salut. Paul le dirige vers le Sauveur. Il reçoit la Parole, il croit et se réjouit en Dieu avec toute sa maison.
Quelle école bénie pour le serviteur de Dieu ! Paul refuse absolument la coopération de personnes étrangères à la vie de Dieu, ce refus amène une persécution sévère de la part du monde ; mais leur nuit de souffrance et de douleur est interrompue par une manifestation merveilleuse de la puissance de Dieu – une table est dressée en la présence de ses ennemis ; son cœur est affermi. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »
Actes 17. Paul quitte Philippes et arrive à Thessalonique, capitale de la Macédoine. Là il entre dans la synagogue, et « pendant trois sabbats, il discourut avec eux d’après les écritures », l’effet est tel que « quelques-uns d’entre eux sont persuadés et se joignirent à Paul et à Silas, et une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu, et des femmes de premier rang en assez grand nombre » (verset 4). Alors « les Juifs, pleins de jalousie », troublent le peuple et les chefs de la ville. Ils persécutent à tel point les chrétiens que l’apôtre dira en 1 Thessaloniciens 2. 14-16 : « vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes choses qu’elles aussi (les assemblées qui sont dans la Judée) ont souffertes de la part des Juifs, qui ont mis à mort et le Seigneur Jésus et les prophètes et qui nous ont chassés par la persécution, et qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés à tous les hommes, – nous empêchant de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées ».
Paul est envoyé par les frères de nuit à Bérée. Là beaucoup croient « mais quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était aussi annoncée par Paul à Bérée, ils y vinrent aussi, agitant les foules » (verset 13). Les Juifs entravent à nouveau l’œuvre du Seigneur. Ce devait être très pénible pour l’apôtre de voir l’inimitié implacable de son peuple contre Christ ; mais, malgré cette haine pleine de malice des Juifs, il continue à aimer Israël.
Paul va ensuite à Athènes où son expérience est tout autre. Il est intéressant de remarquer la diversité des circonstances rencontrées par l’apôtre, versé vraiment de vase en vase. Ici, au centre culturel du monde païen, l’apôtre découvre le véritable état des nations. Selon leur sagesse naturelle, de crainte d’oublier quelque dieu, ils ont érigé un autel « Au Dieu inconnu ». C’est l’occasion pour l’apôtre de présenter un aperçu succinct des voies de Dieu envers l’homme : ce n’est pas simplement ce que nous avons l’habitude d’appeler l’évangile, bien que cela comprenne l’évangile, mais c’est plutôt « la prédication », selon l’emploi de ce mot en 2 Timothée 4. 17.
Paul vient maintenant à Corinthe (Actes 18). Il n’est pas facile de décrire ni même de saisir tout ce qu’a appris ce grand serviteur dans les différentes phases de l’école de Dieu, mais nous savons que tout concourt à le rendre plus utile pour l’assemblée. Ici, Paul, « étreint par la parole », rend témoignage aux Juifs que Jésus est le Christ. « Et comme ils s’opposaient et blasphémaient, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ! Moi, je suis net : désormais je m’en irai vers les nations » (verset 6). C’est un grand pas ; il est clair désormais que l’assemblée est entièrement distincte de la synagogue des Juifs. « Mais Crispus, le chef de synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; et plusieurs des Corinthiens l’ayant entendu, crurent et furent baptisés ». Corinthe est une ville très corrompue. La grâce de Dieu surabonde envers un grand nombre de ses habitants ; mais l’apôtre peut mesurer avec eux la façon dont la chair se soustrait à la parole de Dieu, et les excès déplorables auxquels peuvent se livrer des hommes grandement doués par Dieu quand ils passent légèrement sur les effets pratiques de la croix de Christ. Les épîtres que Paul leur adresse sont du plus grand intérêt à cet égard.
Il nous est dit ensuite de Paul qu’il se fait « raser la tête à Cenchrée, car il avait fait un vœu ». Il ne s’est pas encore complètement affranchi des rites et des règles de la loi.
Paul vient alors à Éphèse, mais il n’y reste pas. « Lorsqu’ils le prièrent de demeurer plus longtemps avec eux, il n’y consentit pas, mais il prit congé d’eux, disant : Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem ; je reviendrai vers vous, si Dieu le veut. Et il partit d’Éphèse par mer » (verset 20-21). C’est la fin de son deuxième voyage.
Paul revient à Éphèse, et il semble plus résolu qu’à Corinthe : « Comme quelques-uns s’endurcissaient et étaient rebelles, disant du mal de la voie devant la multitude, lui, s’étant retiré d’avec eux, sépara les disciples discourant tous les jours dans l’école de Tyrannus » (chapitre 19. 9). Il est positivement séparé maintenant ; et Éphèse devient le grand centre de son œuvre en Asie, ce sera aussi l’assemblée la plus favorisée par Dieu. Le dévouement des saints y est très marqué ; ils ont aussi beaucoup reçu, comme nous le voyons d’après l’épître aux Éphésiens.
L’apôtre exerce là une grande puissance (voyez versets 11, 12). Nous apprenons en 1 Timothée l’intérêt particulier que Paul porte aux saints à Éphèse. Mais il doit rencontrer l’opposition violente soulevée par Démétrius. Toute la ville est remplie de confusion. L’apôtre ajoute ainsi à son expérience la constatation pénible de l’intolérance païenne.
C’est peut-être à ce moment que Paul écrit aux Galates. De même qu’il a dû reprendre les Corinthiens à cause de leur relâchement, eux à qui toute grâce avait été accordée, il doit maintenant faire des remontrances aux Galates parce que ceux-ci reviennent à la loi pour réprimer la chair ; ayant commencé par l’Esprit, ils cherchent à achever par la chair. L’apôtre est ainsi aux prises avec toutes sortes de tentatives pour corrompre ou neutraliser l’œuvre de Dieu, mais il est en même temps enseigné à les annuler par des paroles inspirées par le Seigneur.
Nous arrivons maintenant à la discipline la plus grande et la plus difficile que l’apôtre ait eu à subir. Il se rend à Jérusalem ; il s’arrête à la maison de Philippe l’évangéliste, et le prophète Agabus « ayant pris la ceinture de Paul, et s’étant lié les pieds et les mains, il dit : L’Esprit Saint dit ces choses : L’homme à qui est cette ceinture, les Juifs à Jérusalem le lieront ainsi et le livreront entre les mains des nations. Et quand nous eûmes entendu ces choses, nous et ceux qui étaient du lieu, nous le suppliâmes de ne pas monter à Jérusalem. Mais Paul répondit : Que faites-vous en pleurant et en brisant mon cœur ? Car pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. Et comme il ne se laissait pas persuader, nous nous tûmes, disant : La volonté du Seigneur soit faite ! Et après ces jours, ayant rassemblé nos effets, nous montâmes à Jérusalem » (chapitre 21. 11-15).
Paul veut à tout prix aller à Jérusalem, et cela aura des conséquences importantes pour son service d’apôtre. Le Seigneur permet que Son serviteur apprenne par là que le peuple est opposé d’une façon irrémédiable à la libre grâce de Dieu. Il a rejeté Christ quand Il était sur la terre, et a commis ce péché qui ne peut être pardonné en résistant à l’Esprit Saint quand Étienne a été lapidé. Paul vient donc à Jérusalem. Conseillé par Jacques, il fait un vœu. « Et comme les sept jours allaient s’accomplir, les Juifs d’Asie l’ayant vu dans le temple, soulevèrent toute la foule et mirent les mains sur lui ». Le chiliarque sauve l’apôtre des mains de la populace qui était sur le point de le tuer, et ensuite, se tenant sur les degrés de la forteresse Paul s’adresse à la foule en hébreu. Il rappelle la façon dont le Seigneur l’a appelé, mais il ajoute au récit d’Actes 9 des détails propres à toucher son auditoire de Juifs. Nous lisons : « Et ils l’écoutèrent jusqu’à ce mot, et ils élevèrent leur voix, disant : Ôte de la terre un pareil homme, car il n’aurait pas dû vivre. Et comme ils poussaient des cris et jetaient leurs vêtements et lançaient de la poussière en l’air » etc. (chapitre 22. 22, 23). Voilà le résultat : une haine à mort. Et le chiliarque, représentant du pouvoir confié à l’homme est tout prêt à coopérer avec les Juifs.
Paul, au chapitre 23, est présenté au sanhédrin ce tribunal devant lequel Étienne a comparu et souffert. Le résultat est rapporté au verset 10 : « Et un grand tumulte s’étant élevé, le chiliarque, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, commanda à la troupe de descendre et de l’enlever du milieu d’eux et de le conduire à la forteresse ». « Et la nuit suivante, le Seigneur se tint près de lui et dit : Aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (verset 11). D’une façon pleine de grâce, le Seigneur reconnaît donc Son serviteur souffrant. Mais les Juifs, avec une haine implacable, « s’unirent et s’obligèrent par un serment d’exécration, disant qu’ils ne mangeraient ni ne boiraient jusqu’à ce qu’ils aient tué Paul ». Plus de quarante d’entre eux, en accord avec les principaux sacrificateurs et les anciens, agissent avec tromperie. Ils sont prêts à se servir de leur influence auprès du chiliarque pour faire réussir leur complot diabolique, mais Paul leur échappe. Il est maintenant envoyé au gouverneur romain, et comme il en a appelé à César à cause de la collusion injustifiable du gouverneur romain avec les principaux sacrificateurs, il fait voile pour Rome. Le naufrage d’Actes 27 dépeint la ruine complète de tout ce qui assure la sécurité sur la terre, tandis que ceux qui naviguent avec Paul abordent sains et saufs.
Paul vient à Rome, prisonnier des nations auxquelles le pouvoir est alors confié. Maintenant toute son attention peut être dirigée vers la gloire, qu’il a vue sur le chemin de Damas, puis dans le troisième ciel, longtemps auparavant. Des années durant, il a été à l’école de Dieu, qui l’a amené à être en toutes choses conséquent avec l’appel céleste d’un « homme en Christ » ; et nous verrons plus loin comme il présente pleinement et clairement dans ses épîtres ce qu’il a appris ; et comment la formation à laquelle il a été soumis, l’a préparé pour le service ; si bien qu’il est en pleine conformité de pensée et de conduite avec son enseignement ; il n’énonce pas seulement des sentiments célestes, mais il est personnellement céleste.
Attaché à Israël, non seulement comme un homme le serait à sa propre famille, mais attaché à lui comme au peuple de Dieu duquel Christ est né, il tient à lui jusqu’à la fin.
Paul a fort désiré que sa nation ait part à la bénédiction de l’église, mais il a appris que son opposition à Christ est irrémédiable, et c’est à cause de cet antagonisme qu’il est prisonnier à Rome, contemplant maintenant dans une atmosphère sans nuage toute la beauté et la majesté du grand mystère de l’assemblée comme Corps de Christ. Paul écrit alors l’épître aux Éphésiens dans laquelle nous avons la révélation la plus complète des liens entre Christ et l’assemblée. Si Israël, le peuple terrestre de Dieu, a été le centre de toutes les pensées de Dieu ici-bas, maintenant l’église, corps de Christ, l’est infiniment davantage. L’apôtre est conduit par l’Esprit à saisir pleinement le secret de Dieu, qui a été gardé depuis la fondation du monde.
Il y a deux choses importantes liées à ce mystère ; l’une, c’est que nous tous – Juifs et Gentils – sommes ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes en Christ ; le premier point est donc que nous sommes célestes ; et le second est que nous sommes ressuscités par la puissance même qui a ressuscité Christ. Cette puissance est entièrement en dehors et au-delà de tout ce qui est de l’homme. À cause de cette puissance opérant en nous, il doit y avoir une croissance jusqu’à Lui, le Chef sur toutes choses. En même temps la puissance du diable est entièrement vaincue ; si bien que, d’un côté nous sommes élevés au-dessus de toutes les choses d’ici-bas (nous sommes occupés des choses d’en haut), et de l’autre nous sommes placés ici sur la terre dans une position d’immense supériorité morale (nous apprécions les choses de la terre à la lumière de la Parole).
L’assemblée est donc amenée à la plus grande hauteur (le ciel) par la plus grande puissance, la puissance qui a ressuscité Christ ; et, parce que nous sommes célestes, nous sommes rendus capables de représenter Christ ici-bas, étant supérieurs aux ruses du diable et à sa puissance. Combien l’apôtre a dû être réjoui quand tout ceci lui a été communiqué, puis quand des paroles lui ont été inspirées par l’Esprit pour le transmettre ! Il valait bien la peine de passer par toutes les circonstances qu’il a connues, puisqu’elles l’ont rendu propre à délivrer un tel message.
Nous comprenons peu toute la peine, si je puis dire, que le Seigneur prend avec nous pour nous préparer à entrer dans Son œuvre. Lui qui sait ce qui précède et ce qui suivra, lui seul sait ce qui convient, quels moyens employer pour nous former. L’apôtre écrit pour « mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu » ; et dans lequel les anges apprennent maintenant la sagesse si diverse de Dieu (Éphésiens 3. 9-10). « Mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses ; afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée ».
Nous pouvons diviser le restant de la vie de l’apôtre en deux parties : l’une, dans laquelle il développe la hauteur et la grandeur des vérités concernant l’assemblée ; et l’autre, dans laquelle nous voyons le déclin général (2 Timothée), la façon dont il est abandonné, et l’aide qu’il nous apporte pour des temps analogues.
Chacune de ces périodes est d’un profond intérêt pour nous. La première nous montre le bonheur suprême que nous possédons dans les circonstances les plus éprouvantes. Paul, le prisonnier de Jésus Christ nous rapporte (amené à le faire par l’Esprit) ses expériences à ce moment dans l’épître aux Philippiens. Elles le conduisent à désirer être avec Christ, à voir en Christ son seul but, tout le reste n’étant qu’une perte. Il a appris à être content en lui-même dans quelque circonstance qu’il se trouve, et il peut toutes choses en Celui qui le fortifie.
D’autre part, nous voyons par de nombreux passages de quelle façon il intercède, lui prisonnier, pour la bénédiction des âmes et comment il est conduit par le Seigneur pour mettre en évidence le commencement d’un levain qui envahit l’église de tous côtés ; il présente en même temps la façon unique et bénie dont on peut en être préservé : en tenant ferme le Chef. Il vaut la peine de se placer pour ainsi dire à côté de l’apôtre dans ses chaînes, et de percevoir quel profond combat il traverse pour que les saints soient gardés. Quel contraste entre ce qu’il vit avec le Seigneur et ses circonstances telles que l’homme peut les voir !
L’histoire de la fin de sa captivité nous révèle un état de choses très différent de celui du début. Il y a un changement très net entre la première et la deuxième épître à Timothée. Dans la première l’apôtre est occupé de l’ordre dans l’assemblée, en écrivant à Timothée à Éphèse ; et dans la seconde il est occupé du désordre, et de la façon dont l’homme de Dieu doit se conduire dans un temps de ruine.
Au début de sa première captivité, il a écrit : « Je veux que vous sachiez que les circonstances par lesquelles je passe sont plutôt arrivées pour l’avancement de l’évangile » (Philippiens 1. 12). Dans la deuxième épître à Timothée il doit dire : « tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et Hermogène, se sont détournés de moi » ; or l’Asie est la contrée où il a le plus travaillé. Nous pouvons comprendre sa souffrance devant une telle défection. Mais dans sa grâce le Seigneur lui donne une consolation par la fidélité d’Onésiphore.
Toutefois Paul n’est pas découragé. Dans l’épître aux Éphésiens il nous montre les glorieuses hauteurs de l’appel de Dieu ; c’est la connaissance de cette gloire qui va lui permettre, maintenant que tout va mal dans l’assemblée, de nous soutenir et de nous guider dans la confusion la plus affreuse, quand « au lieu de ceinture », il y a « une corde » et « flétrissure, au lieu de beauté » (voyez Ésaïe 3. 24). En quelques phrases pleines de sagesse divine, il enseigne à Timothée et, par lui, à tous ceux qui veulent être fidèles à Christ, ce qu’il faut faire dans un tel temps. Ses instructions sont doubles : d’une part, étant fortifié lui-même dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, Timothée doit transmettre ce qu’il a entendu de l’apôtre « à des hommes fidèles qui soient capables d’instruire aussi les autres » ; de l’autre, il doit se séparer entièrement des vases à déshonneur pour s’associer à ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » (chapitre 2. 21).
L’apôtre a été préparé par Dieu pour faire connaître la beauté et la gloire de ce qui est le centre de l’intérêt de Dieu sur la terre, il est enseigné maintenant de façon à nous avertir au sujet des temps difficiles. « Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux » (chapitre 3. 1). Le but des opposants est le même que celui de Jannès et Jambrès : résister à la vérité. Leur caractère est d’avoir « la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance ». L’Écriture reste notre ressource essentielle : « demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (versets 14-17).
Paul nous a préparés pour les derniers jours ; dès lors sa course est achevée. Il dit : « je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition » (chapitre 4. 6-8). Et alors dans le calme et la confiance de quelqu’un qui est parfaitement soumis à la volonté de Dieu, il peut penser à jouir de la compagnie de Timothée : « Empresse-toi de venir bientôt auprès de moi ». Prends aussi Marc « et amène-le avec toi ». Ainsi ce cher et honoré serviteur termine son service. Son commencement en Actes 9 est marqué par la lumière du ciel resplendissant sur lui ; tandis qu’il disparaît de cette scène il y a autour de lui une beauté et une grandeur morale exceptionnelles, reflet de celles du Maître parfait qu’il servait. La tribulation a produit en lui la patience ; la patience a eu son œuvre parfaite. Combien la discipline divine a été efficace, quels effets bénis elle a produits !
Rendons grâce au Seigneur d’avoir donné un tel serviteur à l’assemblée, et apprenons nous aussi à être rejetés entièrement sur Celui qui seul peut nous conduire dans le même sentier de foi.