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Formés à l'école de Dieu
J.B. Stoney

Juges 13 à 16

Samson apparaît à la fin de l’histoire des Juges, période durant laquelle l’Éternel met son peuple à l’épreuve pour voir s’il saura se confier en lui et être gouverné directement par lui sans autorité établie.

Ce peuple a continuellement failli et de ce fait, est devenu tributaire de ceux qu’il aurait dû chasser. Il n’y a pas de position neutre pour le peuple de Dieu. S’il ne se tient pas au-dessus du monde, rendant témoignage pour Dieu contre lui, il deviendra serviteur du monde. Si Israël, soutenu par Dieu, n’est pas au-dessus des nations, il est mené en captivité par ces mêmes nations. Jamais ils ne pourront exister sur un pied d’égalité ; il faut que le peuple soit ou vainqueur ou esclave. L’esclavage est le châtiment que Dieu inflige aux siens lorsqu’ils n’ont pas été vainqueurs ; l’Éternel n’est pas avec eux et quand ils s’éloignent de l’Éternel, ils sont plus faibles que les nations. Un chrétien qui a perdu la communion est toujours plus faible que le monde parce qu’il a perdu la source de sa force. Et c’est pourquoi il est facilement dépouillé par le monde qui l’assaille d’influences diverses.

Des juges sont suscités par l’Éternel pour délivrer le peuple de ses ennemis chaque fois qu’il reconnaît s’être éloigné de Lui.

Au temps de la naissance de Samson, les Israélite ont été livrés en la main des Philistins pendant quarante ans, la plus longue période de captivité qu’ils aient subie au temps des juges. Samson est suscité pour les délivrer de cette longue servitude.

Il faut que Samson soit « nazaréen de Dieu dès le ventre de sa mère ». Pour être un libérateur du peuple de Dieu et le délivrer du joug sous lequel il est tombé par une association impure, il faut qu’il soit lui-même entièrement séparé pour Dieu. C’est ce qui est enseigné à sa mère et elle l’élève en conséquence.

Samson est nazaréen, mais cela ne l’empêche pas de regarder vers le monde – sérieux avertissement pour notre temps !

Ainsi le premier acte qui nous soit rapporté à son sujet est un projet de mariage avec une fille des Philistins. Son père et sa mère ne peuvent le comprendre et nous lisons qu’ils « ne savaient pas que cela venait de l’Éternel ; car Samson cherchait une occasion de la part de Philistins » (14. 4). Ce n’est pas cette union qui vient de l’Éternel, mais le désir d’une occasion contre les Philistins. Ainsi il s’agit bien d’une intention divine, mais le moyen que Samson se propose d’utiliser pour y parvenir n’était nullement selon Dieu. Le but de Dieu sera atteint tôt ou tard, mais au prix de la perte de tout ce que le moi y a ajouté en chemin.

Moïse désirait lui aussi délivrer son peuple d’Égypte, mais quand il essaye de le faire pour la première fois, c’est en se confiant dans ses propres ressources et il échoue ; alors que, par la suite, il réussit glorieusement par la puissance de Dieu. Pierre, en son temps, croyait être prêt à mourir pour le Seigneur, ce qu’il fit plus tard ; mais quelle humiliation il dut subir avant qu’il puisse en être ainsi !

Le Seigneur enseigne de telle manière, que l’homme naturel est toujours mis de côté et que sa propre puissance est pleinement magnifiée en nous. Cette vérité trouve une belle illustration dans la partie de l’histoire de Samson que nous allons considérer. « Samson descendit… jusqu’aux vignes de Thimna. Et voici, un jeune lion rugissant vint à sa rencontre. Et l’Esprit de l’Éternel le saisit : et il le déchira, comme on déchire un chevreau, quoiqu’il n’eût rien en sa main » (14. 6). Ici l’Éternel lui enseigne en figure qu’il ne peut vaincre le monde par une alliance impure avec lui, mais plutôt par une opposition directe, et c’est ce qui arriva effectivement à la fin. La vérité qui se dégage de cette leçon (qui est une « énigme » pour le monde) rompt cette union et place Samson dans une hostilité ouverte contre les Philistins.

Considérons cette discipline d’un peu plus près. Samson, avons-nous vu, part avec une bonne intention ; mais, suivant une inclination naturelle, il se propose d’épouser une fille des Philistins. Or au moment où il arrive précisément au lieu où il va réaliser son projet, il rencontre un jeune lion rugissant. Est-ce que Dieu ne lui montre pas ainsi qu’il peut le rendre capable de vaincre l’ennemi principal du peuple, qu’il n’a pas besoin d’assistance humaine (il n’avait rien dans sa main) à plus forte raison d’une union impure ? Samson affronte cet ennemi terrible et le vainc si bien que, par la seule puissance de Dieu, « il le déchira, comme on déchire un chevreau ». Quel moment ! Un moment de lutte dont l’issue devait être soit la vie soit la mort ! Quand on traverse la sombre vallée de la mort, combien il est nécessaire que le cœur croie en la puissance du Dieu vivant ! Cet épisode aurait dû montrer à Samson quelle serait la nature de sa mission. Il aurait dû être ce que la vision sur le chemin de Damas fut pour Paul durant toute sa vie, car il devait être serviteur et témoin des choses qu’il avait vues, et « de celles pour la révélation desquelles – dit le Seigneur – je t’apparaîtrai ». Le caractère de la première connaissance que nous acquérons de Dieu indique souvent l’orientation qu’il veut donner à notre vie entière.

Mais Samson, méconnaissant cet enseignement merveilleux, poursuit son projet, s’engage, et le moment venu retourne dans cette famille des Philistins. Pour cela il faut qu’il repasse à l’endroit où il a connu cette délivrance remarquable. Une autre instruction l’y attend, à condition qu’il y prenne garde. Se détournant pour voir son ennemi vaincu, il trouve du miel dans le cadavre du lion, et le partage avec ses parents, qui ne savent pas d’où vient ce miel. C’est l’origine de l’énigme que Samson pose aux Philistins, mais qu’il ne sait pas appliquer à ses propres circonstances. C’est souvent notre cas, et notre volonté est à l’origine de bien des souffrances, parce que nous ne recevons pas la parole avec foi, comme s’appliquant à nous. Nous pouvons d’ailleurs nous demander si nous sommes capables d’apprendre une vérité quelconque tant que nous ne sommes pas convaincus qu’elle a son application dans nos propres circonstances. Comme si le Seigneur ne voulait pas que nous nous en servions jusqu’à ce que nous soyons ainsi convaincus ! Ceci explique pourquoi il nous est souvent permis de poursuivre nos propres projets, même après avoir appris la vérité qui, si nous l’avions vraiment reçue, les mettrait entièrement de côté en nous rejetant positivement sur Dieu. Le secret de notre force avec Dieu doit rester une énigme pour le monde. La puissance donnée à Samson ne peut qu’être un mystère pour les Philistins.

En proposant son énigme, Samson montre l’incompatibilité de pensée qui existe entre les Philistins et lui. Et celle qui doit devenir sa femme est à la même distance morale de lui que les hommes de son peuple. Une tentative d’union dans ces conditions a pour résultat que sa femme préfère la cause des Philistins à celle de son mari. Son dévouement pour lui cède à la crainte de son propre peuple, qui la menace de mort si elle ne trahit pas celui à qui elle est censée être liée. Si elle s’était attachée simplement à lui comme l’implique le mariage, Samson l’aurait évidemment préservée de la catastrophe qu’elle craignait. Mais elle trahit celui pour lequel elle aurait dû souffrir. Triste mais hélas fidèle tableau de ce qu’a été la chrétienté par rapport à Christ. Samson est trahi par celle en laquelle il a le plus confiance, et par qui il s’attend naturellement le moins à être trompé. Ainsi la lutte avec le lion dans le chemin a finalement produit ce que Dieu s’est proposé à l’égard de Samson, qui a été si lent à le comprendre. L’énigme : « de celui qui mange est sorti le manger » – autrement dit, la vérité révélée à Samson par cette lutte – devient la cause de la rupture de son alliance impure, tandis que l’intention divine se réalise car Samson est désormais en lutte ouverte contre les Philistins. Ceux-ci se servent maintenant de la connaissance du secret de Dieu qu’ils ont acquise frauduleusement, et ceci justifie la rétribution qu’il leur donne, sous la puissance de l’Esprit de l’Éternel. Premièrement Samson descend à Askalon, en tue trente hommes, prend leurs dépouilles, et donne les vêtements de rechange promis à ceux qui avaient expliqué l’énigme. Et ensuite, parce que son beau-père a disposé injustement de sa femme, il lâche trois cents chacals avec des torches attachées à leurs queues pour incendier tout le blé sur pied et les plantations d’oliviers. Les fautes de Samson sont miséricordieusement contrebalancées par des victoires.

Le deuxième exploit, occasionné par le fait que la femme de Samson a été donnée à son compagnon, excite les Philistins à une violence plus grande, et ils se vengent, non sur Samson, mais sur celle qui l’a trahi ; elle subit finalement le sort même qu’elle a craint et dont la menace l’a fait agir infidèlement à l’égard de Samson. Il en est souvent ainsi : ce à quoi nous cherchons à échapper, par incrédulité et injustice, nous arrive par la suite. Nous pouvons y échapper un moment, mais après tout, notre échappatoire finira par nous y conduire. Cet acte donne à Samson un nouveau motif de vengeance et « il les frappa d’un grand coup, à leur casser bras et jambes. Et il descendit, et habita dans une caverne du rocher d’Étam » (15. 8).

Samson est alors devenu un tel ennemi pour les Philistins qu’ils rassemblent leurs forces et veulent sa vie. Quand le serviteur de Dieu ne fait pas de concessions au monde, et que celui-ci ne peut le circonvenir en aucune manière, alors son hostilité ouverte éclate. Le même esprit qui dans toute sa méchanceté s’écriera à l’égard du Seigneur : « Crucifie, crucifie-le ! » cherche maintenant dans les Philistins la vie de Samson. Alors Juda, cette tribu d’où le Messie devait venir, manifeste envers lui la même lâcheté que celle qui l’a caractérisée plus tard quand elle a livré à Pilate le Seigneur Jésus. « Trois mille hommes de Juda descendirent à la caverne du rocher d’Étam et dirent à Samson : Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? Et que nous as-tu fait ? … Et ils lui dirent : Nous sommes descendus pour te lier, afin de te livrer en la main des Philistins ».

Quel moment éprouvant pour Samson quand il constate que ce qu’il fait est si peu compris par son propre peuple pour lequel il a combattu. Il ressemble, toutefois à une immense distance morale, à Celui dont il est dit : « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu ». Être méconnu, jugé inutile et même nuisible, après avoir servi ses frères, est une épreuve très amère ; et Samson en est là. Plus encore, dans la puissance de Dieu et la douceur de la grâce, il ne touchera pas aux hommes de son peuple, si ingrats soient-ils à son égard ; il se contente de leur faire jurer qu’ils ne se jetteront pas sur lui. Ils le lient néanmoins et le font monter hors du rocher. Les Philistins poussent des cris à sa rencontre ; alors l’Esprit de l’Éternel le saisit et les cordes qui sont à ses bras deviennent comme de l’étoupe qui brûle au feu. Ses liens coulent de dessus ses mains. Il trouve une mâchoire d’âne fraîche, la prend et en frappe mille hommes.

Samson, délivré de son association avec les Philistins, s’est donc retiré au rocher d’Étam en Juda, à la fois comme le libérateur d’Israël et la terreur des Philistins, mais Juda incrédule le livre à l’ennemi. Ceci conduit à la manifestation de la puissance de Samson et de son droit à juger Israël, qui est signalé au dernier verset de ce chapitre. Il est maintenant parvenu à la position qu’il devait occuper et vers laquelle l’Esprit le conduisait par de nombreux exercices.

N’oublions pas de remarquer la conclusion de ce récit. Après avoir fait un monceau, deux monceaux, au moyen d’une mâchoire, et avoir célébré sa victoire, Samson jette la mâchoire, et souffre à cause de ses propres besoins. « Il eut une très grande soif ». De grands services en faveur des autres ne satisfont pas les besoins de l’âme, auxquels le Seigneur seul peut répondre. Si brillante que soit son activité, un serviteur de Dieu ne peut être rafraîchi que s’il l’est directement par le Seigneur. Au contraire, plus le service est grand, plus nous aurons conscience de nos propres besoins et de notre dépendance de Dieu pour être soutenus personnellement. Le plus grand service ne procure pas le moindre réconfort à l’âme lassée. C’est de Dieu seul que le secours doit venir. Ainsi, en réponse à son cri, Dieu soulage Samson qui appelle le nom du lieu En-Hakkoré, « source de celui qui crie ». Il commémore, non pas son service, mais sa dépendance de Dieu ; et maintenant qu’il a été éprouvé dans la dépendance aussi bien que dans le service, il est dit qu’il jugea Israël vingt ans.

Samson descend à Gaza (chapitre 16), et voit là une prostituée et entre vers elle. Il renouvelle ici l’association impure du chapitre 14 ; il apprend pourtant les machinations des Philistins contre lui et il est rendu capable de les vaincre d’une façon merveilleuse, car « il se leva au milieu de la nuit ; et il saisit les battants de la porte de la ville et les deux poteaux, et les arracha avec la barre, et les mit sur ses épaules, et les porta au sommet de la montagne qui est en face de Hébron ». Ce fait constitue certainement un avertissement pour Samson, bien qu’il soit accompagné d’une délivrance notoire. Combien souvent après le premier recul, l’âme revient d’une façon très remarquable, avec une grande évidence de force, bien que ce ne soit qu’à minuit, c’est-à-dire sans beaucoup de témoignage à cette grande délivrance.

Mais Samson refuse d’apprendre et nous lisons qu’ensuite il aime une femme dans la vallée de Sorek, dont le nom était Delila. Ceci nous amène à la partie la plus déplorable et honteuse de la vie de ce serviteur de Dieu. Les trahisons répétées de Delila (qui est un type du monde – combinant la séduction et la malice) n’amènent pas Samson à prendre conscience du vrai caractère de celle à laquelle il s’est allié. Est-il possible d’avoir assez peu de discernement pour accepter l’intimité de quelqu’un qui ne cherche la confiance que pour mieux mener à la ruine ? Tout d’abord il ne se confie pas à elle, et tant qu’il garde sa réserve et conserve son secret avec Dieu, il est sauf, si humiliante que soit sa position comme homme puissant, entre les mains d’une femme hypocrite. Vraiment, en voyant comment les plus forts peuvent être séduits, au point que les preuves les plus évidentes de la ruse ne les mettent pas en éveil, nous pouvons dire : « que l’homme vaillant ne se glorifie pas dans sa vaillance ».

Grande est la miséricorde de notre Dieu qui, même lorsque nous sommes dans un chemin de déclin, nous protège encore. Samson reste victorieux jusqu’à ce qu’il communique le secret de sa force – signe de son nazaréat et de sa séparation pour Dieu. Mais en le trahissant, il abandonne la source de sa force, il perd sa marque de serviteur de Dieu – que des incirconcis n’avaient pas à connaître. Aussi longtemps que ce signe demeure, Dieu le secourt et l’honore. Dieu soutient son serviteur tant qu’il garde le secret de sa séparation, même quand il est séduit par une étrangère. Mais quand ce signe est abandonné, Dieu ne secourt plus. Il n’y a que peu de distance entre les séductions du monde et leurs conséquences mortelles. Ainsi en est-il de Samson ; cédant d’abord à la séduction, il abandonne ensuite le signe de la séparation pour être finalement livré aux mains des Philistins et avoir les yeux crevés. Tragique tableau d’un serviteur de Dieu qui devient une proie pour le monde impie ! Samson doit maintenant subir une discipline pénible et amère. Lié de chaînes d’airain, il « tourne la meule dans la maison des prisonniers » – conséquence de sa propre volonté et de l’abandon de sa vraie place de séparation. Dans la prison ses cheveux commencent à repousser ; le signe de la séparation est renouvelé, mais il ne retrouve pas la vue. Vérité solennelle pour nous ! La force est retrouvée, mais ce n’est que dans la mort qu’elle va pouvoir se manifester.

Pendant qu’il a les yeux ouverts, Samson a sombré dans une association impure, qui a été l’occasion de nombreux combats. Le voilà restauré, ses cheveux ont poussé, mais il reste aveugle ; le seul témoignage qu’il puisse rendre maintenant, c’est la mort : par sa mort, il manifeste publiquement que Dieu est avec lui. Le nazaréen restauré est quelqu’un qui prouve sa repentance par l’abandon total de lui-même. Ce n’est pas sa chevelure qui le caractérise maintenant mais la mort. Samson meurt avec les méchants, mais dans son dernier combat, il lui est donné de glorifier Dieu, car « les morts qu’il fit mourir dans sa mort furent plus nombreux que ceux qu’il avait fait mourir pendant sa vie ». Il annonce quelle sera la puissance de la mort de Christ. Là le Vainqueur a la victoire sur tout ennemi, même sur celui qui a la puissance de la mort, à la louange et à la gloire de Dieu.

Telle est la fin de Samson, cet homme dont la force était sans égale : fin vraiment humiliante pour la chair mais qui glorifie Dieu en justifiant sa sagesse et sa discipline infaillibles envers ses serviteurs. Si nous ne gardons pas notre nazaréat, nous ne pourrons être des témoins pour notre Seigneur. Apprenons par l’histoire de Samson, d’une part combien nous sommes facilement amenés à abandonner ce nazaréat, et de l’autre, comment nous pouvons encore glorifier Dieu même quand notre témoignage a été gâté. Mais pour cela, sans rien rechercher pour nous-mêmes, exerçons-nous à porter toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps.