Il est particulièrement instructif de remarquer la discipline à laquelle ont été soumis les prophètes de l’Ancien Testament, car ils ont été suscités pour faire revivre la vérité de Dieu au milieu de Son peuple, et pour lui annoncer le jugement qui tombera sur lui s’il ne se repent pas. C’est pourquoi l’énergie de Satan se déploie à établir de faux prophètes, tout comme aujourd’hui il y a de faux docteurs.
Ésaïe prophétise aux jours d’Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias. La première mention que nous ayons de lui, c’est pour dire qu’une vision lui est donnée ; et celle-ci est importante car elle définit la nature et le caractère de la vérité dont il doit être le témoin. Elle concerne Juda et Jérusalem – la tribu royale et la cité de Dieu –, ainsi que l’apostasie de Juda. « Mon peuple n’a point d’intelligence… Depuis la plante du pied jusqu’à la tête, il n’y a rien en lui qui soit sain », et cependant « Sion sera rachetée par le jugement, et les siens qui reviennent, par la justice ».
Ensuite, au chapitre 2, nous trouvons « La parole qu’Ésaïe, fils d’Amots, vit, touchant Juda et Jérusalem », et cette parole va jusqu’à la fin du chapitre 5.
Jusque là, Ésaïe présente la vision et la parole de l’Éternel : ce qui lui est montré et la parole prononcée ; l’une et l’autre si nécessaires aussi pour le prophète. Maintenant au chapitre 6, nous avons ce qui le concerne personnellement : Ésaïe voit le Seigneur dans la gloire. Ici nous est donc présentée la façon dont il est qualifié pour communiquer ce dont il a été instruit. Il voit le Roi, l’Éternel des armées, ou comme il est dit en Jean 12 : « Il vit sa gloire ». C’est ici que l’instruction prend vraiment racine ; Ésaïe devient ici l’instrument approprié pour communiquer les choses qui lui sont données. La qualification à un service est toujours à la mesure du sentiment qu’on a de se trouver dans la présence de Dieu ; et de cette manière l’état de l’âme est en accord avec le caractère du service. La vision du Seigneur dans la gloire n’est pas réservée à quelques-uns seulement ; dans une mesure Il apparaît dans la gloire devant chacun de Ses serviteurs. C’est-à-dire que c’est de la gloire qu’ils reçoivent leur mission. Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham. Selon que Dieu apparaît à chacun, ainsi Il se révèle à eux, et selon qu’Il leur est révélé, leur service est défini. Il apparaît à Moïse, Josué etc. ; mais dans chaque cas l’aspect du Seigneur dans sa propre gloire a déterminé le caractère de la mission du serviteur. C’est alors que Sa pensée est communiquée au serviteur et il reçoit l’impression qu’il gardera toute sa vie. L’exemple de Paul est très caractéristique à cet égard.
Ainsi Ésaïe est qualifié pour les devoirs de son service, le Seigneur lui apparaît dans la gloire et, comme c’est toujours le cas, le contraste terrible qu’il y a entre lui-même et la sainteté de la présence de Dieu est mis en relief devant lui. Il est rempli de crainte et de honte ; il a profondément conscience de ne pas pouvoir se tenir devant Dieu. La présence de la gloire met toujours l’homme à sa vraie place ; le premier effet de la lumière de la gloire est donc une profonde humiliation ; mais alors il y a la grâce dans la gloire ; c’est pourquoi un charbon ardent pris sur l’autel, touche nos lèvres, et la parole est là pour confirmer le travail de la grâce. « Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché ». C’est une révélation merveilleuse au serviteur privilégié, il sait que dans la gloire de Dieu il est affranchi de l’iniquité et que propitiation est faite pour son péché. C’est une grande leçon ; et si ce n’est pas la première, c’est la plus grande, et celle qui soutiendra le plus le serviteur dans sa course. Après cette enseignement nous lisons que lorsque le Seigneur appelle : « Qui enverrai-je ? », Ésaïe répond immédiatement : « Me voici, envoie-moi ». Puis il reçoit sa mission qui concerne l’état du peuple dès ce jour jusqu’à la fin, et il est cité par notre Seigneur en Jean 12 et par Paul en Actes 28.
Nous trouvons ensuite Ésaïe dans son service, dirigé par l’Éternel : « Sors à la rencontre d’Achaz, toi et Shear-Jashub, ton fils, au bout de l’aqueduc de l’étang supérieur sur la route du champ du foulon ». C’est à lui et à son fils qu’est ainsi confié le message donné par Dieu. Il vaut la peine de remarquer comment les enfants d’Ésaïe reflètent la foi de leur père et sa position du moment devant Dieu.
Ésaïe communique l’enseignement de la grâce de Dieu à Achaz : au chapitre 8. 1, Ésaïe prend une grande plaque et y écrit avec un style d’homme « Maher-Shalal-Hash-Baz ». Il est ainsi rappelé – et cela arrivera bientôt – qu’on se hâterait de piller. En outre, l’enfant qui naît du prophète, par son nom, doit rendre témoignage à cette intervention de Dieu en grâce. Il faut donc que le prophète donne un enseignement au roi, mais aussi qu’il l’illustre dans sa vie pratique. Combien il est significatif qu’un homme soit si complètement pour Dieu que tout ce qui lui appartient (c’est particulièrement le cas de sa descendance) indique de façon vivante la pensée de Dieu et sa grâce ! Qu’il est précieux que le serviteur non seulement communique la pensée de Dieu et révèle Ses desseins mais que dans son fils aussi – sa propre génération – il maintienne pratiquement un témoignage au travail de Dieu dans ce moment. Combien la formation a été efficace lorsque le serviteur est à la fois l’instrument et le témoin de Dieu.
Le prophète non seulement voit les choses clairement telles qu’elles sont, mais il est enseigné par Dieu à voir l’ordre de choses qui sera introduit par la suite pour la gloire de Dieu. C’est pourquoi du verset 12 au verset 18, la pensée de Christ durant Son rejet lui est communiquée ; et le prophète Le personnifie dans son propre esprit (comp. Hébreux 2. 13). La main forte de l’Éternel l’a instruit, l’introduisant, par la connaissance de Sa pensée dans la période même où nous sommes maintenant. Nous trouvons ensuite les souffrances d’Israël dans les versets 19-22.
Au chapitre 9. 1-7, le prophète voit le début et l’accomplissement final de la bénédiction. Je ne fais qu’indiquer cela pour faire voir comment le Seigneur prépare et façonne le serviteur pour Son service dans le temps difficile où il vit. Nous savons qu’il a connu tout le règne d’Achaz, soit seize ans, et peut-être vingt-cinq ans du règne d’Ézéchias. Quel triste temps ! Mais quel contraste entre l’histoire de notre prophète et celle d’Israël relatée en 2 Rois 16 ! Quelle instruction bénie il reçoit pour être qualifié pour s’occuper des différentes formes du mal, qui est alors à son apogée en Israël.
Achaz est le premier roi de Juda à faire passer son fils par le feu ; la corruption qui a été acceptée en Israël, il la fait maintenant sienne ; il se conduit comme les rois d’Israël. La distinction entre Juda et les dix tribus disparaît rapidement ; il n’y a plus de distinction morale. Achaz sacrifie et brûle de l’encens sur les hauts lieux, sur les collines et sous tout arbre vert. Il envoie chercher de l’aide auprès de Tilgath-Pilnéser, et il consomme son apostasie en dressant un autel selon un modèle qu’il a vu à Damas. Je signale tout ceci pour présenter l’état des choses existant en Juda pendant cette partie de la prophétie d’Ésaïe, qui va jusqu’au chapitre 14 où il nous est parlé de « la mort du roi Achaz ». L’instruction que l’Éternel lui donne durant ce temps éprouvant le qualifie pour être un prophète capable de rappeler au résidu le propos de Dieu. Tout pourrait le décourager ; mais les communications qui lui sont faites sont si extraordinaires et si vivantes qu’il peut s’élever au-dessus de tout ce qui est visible et regarder droit en avant, comme un Juif pieux le ferait, vers la belle manifestation de l’action future de Dieu sur la terre.
Résumons brièvement. Au chapitre 9. 1-7, la bénédiction future d’Israël est prévue, commençant par la Galilée des nations et allant jusqu’à son accomplissement final dans le règne. La connaissance de l’issue fortifie pour le service du Seigneur dans les temps mauvais. Ce n’est pas la connaissance de ce qui existe qui aide ; mais celui qui a le secret du résultat est maître de la situation. Ésaïe reçoit ce secret et tout serviteur de Dieu préparé par Lui pour un jour mauvais est qualifié d’une façon semblable par la bonté du Seigneur. Il n’est pas seulement enseigné au sujet de la bénédiction finale du peuple mais il reçoit aussi la révélation du jugement qui doit tomber sur lui, à cause de sa méchanceté. La grâce de Dieu aussi bien que Sa justice est déployée à l’occasion de la méchanceté de l’homme.
Ésaïe apprend donc quelle sera la délivrance future du peuple de Dieu, mais il est aussi instruit du jugement qui doit tomber sur lui, et de la façon dont l’ « Assyrien, l’instrument de ma colère », le foulera « aux pieds comme la boue des rues » (chapitre 10. 5-6). Cependant un résidu reviendra (verset 21). C’est l’interprétation du nom de Shear-Jashub, le fils du prophète : « le résidu reviendra ». La condition et la bénédiction du résidu sont détaillées jusqu’à la fin du chapitre 12.
Aux chapitres 13 et 14, jusqu’au verset 27, l’ascension et la chute de Babylone sont présentées au prophète. À ce moment, Babylone est, historiquement, une ville tout à fait insignifiante ; mais l’Esprit de Dieu explique à Ésaïe quelle est sa propre estimation de Babylone et quels mauvais principes elle ferait naître.
Ésaïe entre maintenant dans une nouvelle période. Ézéchias est monté sur le trône de Juda. L’oracle des quatre derniers versets du chapitre 14. 28-32 est un résumé des souffrances d’Israël et de la restauration du résidu. Il y aura une délivrance momentanée par Ézéchias, mais le jugement viendra ; et le prophète doit être instruit de tout ceci et préservé par la parole de Dieu et ses pensées. Nous saisissons peu l’importance d’avoir l’esprit formé par la Parole, cela transforme notre vision des choses d’ici-bas. Tous les agissements des hommes nous sembleront n’être que folles divagations ou enfantillages ; Ésaïe a été mis à l’aise dans la gloire de la présence de Dieu, cela l’a préparé à recevoir la Parole. Dans les chapitres 15 à 35, il lui est montré comment Juda, et les nations en rapport avec Juda, paraissent aux yeux de Dieu. D’abord, ses propres rapports avec Dieu ont été mis en ordre ; et puis, dans ses enfants il donne un témoignage à la pensée et au propos de Dieu ; alors, après avoir eu un aperçu du jugement de Dieu sur Moab, Damas, l’Éthiopie et l’Égypte, quand la puissance de l’Assyrien introduit le jugement, il doit délier le sac de dessus ses reins, détacher sa sandale de son pied, marchant nu et nu-pieds, comme témoin en lui-même de la nature des souffrances que le peuple devra endurer (chapitre 20. 2).
Nous avons déjà suivi en lui trois grands aspects de son caractère de prophète : le premier, relatif à sa propre position devant Dieu dans la gloire ; le deuxième, en ce que ses enfants expriment la pensée de Dieu ; le troisième, c’est qu’il souffre – qu’il endure en lui-même, personnellement, la souffrance même qu’il prédit aux rebelles et aux insouciants ; mais il endure, sans le mériter, ce qu’eux-mêmes endureront parce qu’ils le méritent. Un témoignage à la nature de ces souffrances est présenté par celui qui les prédit. Il n’est pas inconscient de ce qu’il prédit, mais il n’est pas non plus indifférent.
Au chapitre 21nous le voyons faire une autre expérience très nécessaire : celle de la souffrance et de la détresse de son propre esprit à cause des choses terribles qui sont sur le point d’arriver ; ce n’est plus seulement une souffrance dans son corps. Il voit les Perses détruire Babylone, et cela le remplit d’angoisse et de douleur. Le perfide a agi perfidement : il est courbé à ne pas entendre, et terrifié à n’y pas voir. Le prophète n’est pas une simple voix ; il entre dans la nature et le caractère des choses qu’il communique et les ressent. La chute de Babylone l’a presque accablé, bien que ce soit le jugement sur la nation utilisée par Dieu pour juger Israël ; Ésaïe éprouve cependant dans son âme, devant l’Éternel, ce que le jugement a de terrible ; mais lorsque la vague du jugement atteint les juifs au chapitre 22, sa souffrance est encore plus aiguë ; il n’est pas un spectateur passif des souffrances qu’il prévoit, il souffre avant tout autre, et c’est la preuve d’une sensibilité conforme à la pensée de Dieu, pour un prophète, d’entrer dans la nature et les effets des vérités mêmes qu’il annonce. « Détournez-vous de moi », dit-il, « que je pleure amèrement ! Ne vous pressez pas de me consoler au sujet de la ruine de la fille de mon peuple » (verset 4).
Après avoir traversé cette souffrance du cœur, il est envoyé auprès de Shebna, l’intendant (verset 15) « qui est établi sur la maison », pour lui annoncer que toute sa grandeur, même celle qui est en rapport avec son tombeau serait anéantie ; il doit être un exemple de la nature du jugement sur Jérusalem : l’Éternel t’enroulera « en pelote, il te roulera comme une boule dans un pays spacieux. Là tu mourras, et là seront les chars de ta gloire, ô opprobre de la maison de ton Seigneur ! » (verset 18). Il y aurait pourtant restauration en Éliakim. Au moment même du jugement, quand le cœur du serviteur est courbé à cause de ce jugement, il est encouragé et affermi par la vision de la délivrance future. Cependant la portée et le caractère général du jugement subsistent, de telle sorte que, si même il voit la miséricorde de l’Éternel, il a cependant conscience de ce qu’il est lui-même, dans une telle scène de jugement ; et c’est pourquoi il s’écrie au chapitre 24. 16 : « Ma maigreur, ma maigreur, malheur à moi ! » Au verset 19, il annonce que « la terre est entièrement brisée, la terre se dissout, la terre est violemment remuée ; la terre chancelle, elle chancelle comme un homme ivre ; elle est ébranlée de çà et de là comme une cabane » ; la lune rougira et le soleil aura honte dans le jugement, mais l’Éternel des armées régnera en la montagne de Sion, et à Jérusalem, et devant Ses anciens en gloire.
Maintenant le prophète fait une autre expérience dont nous pouvons profiter. Si peu de temps auparavant c’était la souffrance à cause du jugement imminent, c’est maintenant la louange à cause du règne et de la gloire. Mais toute cette nouvelle période ne peut être introduite que par le jugement et c’est pourquoi le prophète continue en décrivant, aux chapitres 27 à 35, le chemin par lequel Israël sera conduit, et avertit de ne pas descendre en Égypte pour y chercher secours.
Nous voici maintenant arrivé à l’invasion d’Israël par Sankhérib ; Ézéchias, qui représente le résidu futur d’Israël, est soumis à deux épreuves et fait l’expérience de deux délivrances – l’une est extérieure quand il est sauvé de l’Assyrien ; et l’autre intérieure, quand il est, pour ainsi dire, ressuscité d’entre les morts. Le rôle qu’Ésaïe doit jouer dans ces deux épreuves est le sujet qui nous occupe.
Relevons une fois de plus que la façon dont le serviteur agit révèle l’effet de la formation qu’il a subie. Souvent, au départ, le serviteur ne connaît pas le service pour lequel Dieu le prépare. S’il le connaissait, cela lui ferait penser à sa façon d’agir alors qu’il doit se laisser simplement enseigner par Dieu. Nous pourrions nous préparer de façon très spécifique à un service particulier, nous pourrions l’accomplir alors peut-être d’une manière très utile et méthodique, mais il n’aurait jamais le même caractère que si nous avions laissé Dieu nous former et choisir pour nous, sans lui dicter le service que nous souhaitions accomplir. Je crois que les déficiences d’un service sont souvent dues à l’absence d’une telle préparation ; et rien d’autre ne peut effectuer cette préparation que la parole de Dieu ; le serviteur doit en être entièrement occupé, entièrement rempli, pour qu’il puisse agir selon Sa pensée quand ce sera nécessaire. Mais il n’a pas besoin de savoir quel est son service avant d’être prêt à l’accomplir.
Voyez quelle somme de vérité est communiquée au prophète Ésaïe avant qu’il soit appelé à quelque service, mais il ne lui est pas dit quelle sera la nature du service particulier auquel il est préparé. Il n’est pas dit à Abram que la visite et la bénédiction de Melchisédec le préparent à la rencontre du roi de Sodome et à ses offres ; mais il est si bien préparé qu’il est capable de refuser positivement tout ce qui vient de lui, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale.
Moïse est un autre exemple. Il est retenu quarante jours dans la gloire pour apprendre quelle sera la vraie forme du tabernacle, mais surtout pour devenir moralement propre au grand service auquel il sera appelé à la suite de l’idolâtrie d’Israël ; ainsi, quand il descend et voit l’apostasie du peuple, sa surprise est grande et terrible ; mais sans confusion et sans hésitation, il sait que faire ; il n’a pas peur de l’homme ni ne doute de Dieu ; il est préparé pour cette crise et bien affermi dans son cœur ; il agit selon Dieu, prend la tente et la dresse hors du camp, loin du camp, en dehors de toutes les idolâtries du peuple apostat.
C’est ainsi aussi que l’apôtre Paul est préparé pour le service, et pour être, comme le Seigneur le lui dit : « serviteur et témoin des choses que tu as vues et de celles pour la révélation desquelles je t’apparaîtrai ».
Même dans le cas de la vision donnée à Pierre (Actes 10), celui-ci reçoit beaucoup plus la communication de la pensée et du propos de Dieu que le détail du discours à adresser à Corneille. Quand on est vraiment et pleinement rempli de la pensée de Dieu la façon de la présenter est en accord avec Sa pensée.
Il en est ainsi d’Ésaïe. Ayant été préparé par Dieu par la communication de Sa pensée au sujet d’Israël et de toutes les nations en rapport avec Israël, il est appelé maintenant à agir dans la double épreuve d’Ézéchias qui personnifie le résidu d’Israël ; et la façon dont il sert illustre pour nous la vraie façon de servir à un tel moment. Le roi lui envoie des messagers (chapitre 37). « Et les serviteurs du roi Ézéchias vinrent vers Ésaïe » pour entendre de sa bouche quelle était la pensée de l’Éternel. Et l’Éternel leur dit : « Vous direz ainsi à votre seigneur : Ainsi dit l’Éternel : Ne crains pas à cause des paroles que tu as entendues, par lesquelles les serviteurs du roi d’Assyrie m’ont blasphémé. Voici, je vais mettre en lui un esprit, et il entendra une nouvelle, et retournera dans son pays ; et je le ferai tomber par l’épée dans son pays ». Ésaïe n’a aucune crainte ; l’ennemi semble très peu de chose pour lui, parce qu’il a un sentiment tellement profond de la grandeur et de la puissance de Dieu ; et c’est la preuve la meilleure qu’il s’est tenu près de Lui. La maladie à la mort d’Ézéchias est antérieure à l’invasion de l’Assyrien, et il est utile que nous voyions comment Ésaïe agit dans cette première épreuve d’Ézéchias avant d’insister sur son service envers lui dans la seconde.
Nous lisons au chapitre 38qu’Ésaïe vient vers Ézéchias, envoyé par Dieu, pour lui annoncer qu’il va mourir. Ce n’est pas facile pour Ésaïe ! Lui qui veille sur les intérêts de l’Éternel en ce temps-là, s’est certainement réjoui de la fidélité d’Ézéchias ; mais maintenant tout doit prendre fin, et c’est à lui d’annoncer un coup qui doit pratiquement amener l’effondrement et la ruine de son peuple. Mais il est nécessaire pour un serviteur de mesurer qu’il ne peut plus rien attendre de l’homme. Cela le qualifie pour son témoignage à l’égard d’Israël quand il s’écriera : « Certes, le peuple est de l’herbe » etc. Le grand instigateur de la restauration doit se faner comme une feuille.
Ésaïe, ayant été soumis à cette grande souffrance, est mieux à même d’apprécier réellement et d’une manière plus profonde la résurrection ; il est rendu capable par la suite de dire à Ézéchias quel remède il faut employer pour sa guérison (chapitre 38. 21). Ainsi, quand tout espoir est abandonné, quand la mort dessèche tout, alors une lumière luit dans les ténèbres. C’est alors qu’est produite dans l’âme la conviction profonde qu’il y a un Dieu qui ressuscite les morts. Cela préfigure pour Ésaïe ce qui doit arriver à son peuple. Il doit mourir, être retranché, comme il l’est maintenant extérieurement, et cependant il reviendra certainement à la vie. Israël sera restauré.
Puis il y a l’oppression de la part de l’adversaire du dehors que représente le roi d’Assyrie dans cette histoire ; et Ésaïe donne à Ézéchias la certitude qu’il sera délivré de cette oppression (chapitre 38. 6-7). Mais ce n’est pas tout. Quand Ézéchias prie à ce sujet, Ésaïe vient à lui non seulement avec la certitude de la délivrance mais il lui annonce une grâce toute spéciale. « Et ceci en sera le signe pour toi : on mangera cette année ce qui lève des grains tombés, et la seconde année ce qui croît de soi-même ; et la troisième année vous sèmerez et vous moissonnerez, et vous planterez des vignes et vous en mangerez le fruit ». Et il est ajouté ensuite : « Et ce qui est réchappé et demeuré de reste de la maison de Juda, poussera encore des racines en bas et produira du fruit en haut. Car de Jérusalem sortira un résidu, et de la montagne de Sion ce qui est réchappé. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela ».
Ésaïe a un sentiment vrai de la façon merveilleuse dont Dieu réalisera la délivrance d’Israël. C’est ce qu’il prophétise et en quoi il abonde, du chapitre 40 à la fin du livre. À quelles perspectives merveilleuses il est amené ! Et s’il peut dire qu’elles sont encore vagues et au-delà de toute compréhension humaine, il voit cependant la réalité de l’intervention de Dieu envers Son peuple et le caractère de cette intervention. Et s’il a cette connaissance, n’est ce pas parce qu’ « il vit sa gloire » ?