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Formés à l'école de Dieu
J.B. Stoney

L’histoire de Jacob est particulièrement intéressante pour nous parce que nous y voyons la volonté naturelle développer son activité, pour obtenir par elle-même ce que Dieu avait décidé d’avance de lui donner. Plus l’esprit de l’homme est intelligent et imprégné, pour ainsi dire, des desseins de Dieu, plus il a besoin de Lui être soumis, afin de ne pas chercher à accomplir par ses propres moyens ce qui doit être laissé aux soins de Dieu. Sinon, tous les efforts qu’il fait ne produisent que de l’agitation.

Celui dont l’esprit est dominé par sa propre activité a grand besoin de se juger lui-même ; ce n’est pas qu’il refuse de reconnaître la volonté de Dieu, ou qu’il ne la saisisse pas, mais il cherche à l’accomplir par ses propres efforts. Quand il en est ainsi, le Seigneur permet que son serviteur récolte, à travers de pénibles expériences, les fruits de cette activité. « La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse, et la connaissance du Saint est l’intelligence » (Proverbes 9. 10). Si je n’ai pas Dieu devant moi, je ne pourrai jamais, avec mon esprit naturel, marcher avec sagesse dans un monde méchant ; car Dieu est la source de la sagesse. C’est pourquoi la connaissance en elle-même n’est rien, elle n’amène jamais un homme à marcher avec Dieu.

La foi vient avant la connaissance : on ne peut acquérir cette dernière, si l’on ne commence pas par la foi. Si je suis dépendant de Dieu, toute vraie connaissance augmentera encore cette dépendance. Si j’aime Dieu, je Le connais, et mon amour alimente ma connaissance : autrement « la connaissance enfle ».

Jacob est l’exemple remarquable d’un homme qui, tout en appréciant la bénédiction, contrecarre continuellement les voies de Dieu et cherche à les devancer. Son cœur est juste, pensons-nous ; mais son esprit n’est pas soumis, et l’esprit naturel, s’il agit, ne peut que suivre sa propre méchanceté.

Dans le premier acte de sa vie qui nous est rapporté, il a en vue la bénédiction et la position que le droit d’aînesse confère ; et il emploie des moyens qui peuvent les lui assurer. Il prend avantage de la lassitude de son frère pour saisir ce droit, que jamais Ésaü n’aurait dû abandonner. Pourtant la possession du droit d’aînesse n’a pas donné à Jacob l’assurance de la bénédiction qui y est attachée ; s’il l’avait eue, il n’aurait pas accepté si volontiers l’indigne expédient que sa mère a imaginé pour la lui assurer. Il a saisi la grâce désirée d’une manière charnelle ; aussi n’en retire-t-il aucune des satisfactions dont il aurait fait l’heureuse expérience s’il avait attendu de la recevoir de la main de Dieu ; un chemin divin met toujours l’âme en relation avec le Seigneur. Une grâce qui n’est pas en rapport avec Lui peut souvent me rendre plus misérable ; mais si je sais qu’elle découle de Son amour, mon cœur la reçoit dans la paix et la tranquillité ; car je sais que si je puis perdre parfois de vue la preuve de Son amour, je ne puis pas perdre l’amour lui-même, et l’amour ne peut exister sans se manifester.

Moïse est vite découragé dans ses efforts pour délivrer Israël de la servitude de l’Égypte. Il apprécie le service que Dieu lui a confié, mais, ne le mettant pas en relation avec Lui, il perd vite l’assurance de son succès. Le Seigneur, dans sa grâce, veut nous amener tôt ou tard à relier à Lui-même toutes nos faveurs ou tous nos services ; Il sait que nous ne pouvons sans cela compter sur Sa force pour nous aider. Moïse reste quarante ans dans le pays de Madian où il est préparé pour recevoir le message du buisson ardent. Paul en prison à Rome est confirmé dans la réalité des vérités qui lui avaient été communiquées longtemps auparavant. Et Jacob, lorsqu’il combat et obtient par grâce le nom d’Israël, est confirmé dans l’assurance de bénédictions auxquelles il a droit depuis de longues années. La possession du droit d’aînesse, la bénédiction de son père, la vision à Béthel, le songe de Paddan-Aram, toutes ces choses ne donnent pas à l’âme de Jacob l’assurance de la part que Dieu lui a assurée. Ce n’est que par la lutte de Péniel qu’il est amené dans la proximité personnelle avec Dieu et dans la soumission à Lui, et qu’il est établi dans cette assurance.

Le songe de Béthel est la communication divine de la bénédiction ; mais ce n’est qu’après avoir goûté les fruits amers de sa propre volonté, pendant un séjour de vingt ans à Paddan-Aram, que Jacob est amené dans cette intimité avec l’Éternel, qui est heureuse, mais aboutit à son humiliation.

Quelle longue discipline ne faut-il pas pour soumettre une âme pleine de propre volonté ! Jacob est béni dans tout ce qu’il désire, quoique souvent il soit contrarié, et cela dans les choses auxquelles il attache le plus de prix. Son frère aîné lui abandonne le droit d’aînesse ; son père le bénit de la plus excellente des bénédictions ; l’Éternel lui révèle le dessein de Son amour envers lui, alors qu’il n’est qu’un voyageur fuyant la maison paternelle ; à Paddan-Aram tout lui réussit, mais à travers un dur labeur et une série de contrariétés ; et, quand il s’en retourne pour jouir dans le pays de la promesse des bénédictions accumulées, il rencontre à la frontière même son frère Ésaü, et alors il se pose la question de savoir si après tout il est réellement en possession de la bénédiction ! Quel moment d’angoisse et d’incertitude pour cet esprit volontaire ! Incapable encore de se confier en Dieu, il craint que la coupe que Dieu lui-même a remplie soit ôtée de ses lèvres et que toutes les bénédictions promises soient anéanties. L’éducation de toute sa vie a été faite en vue de ce moment-là. Il est l’homme béni ; mais a-t-il suffisamment renoncé à lui-même pour pouvoir être mis en pleine possession de la bénédiction ? En a-t-il assez complètement fini avec lui-même pour s’en remettre à Dieu et à Dieu seul, et a-t-il une entière sécurité quant à ces bénédictions ?

Voilà ce que la lutte de Genèse 33. 25-32 décide. Il en sort comme un Israël (vainqueur de Dieu), mais avec le sentiment profond de sa propre faiblesse dont il porte la marque en lui-même. L’emboîture de sa hanche est luxée. Ce qu’il perd dans sa personne, il le gagne dans sa position, ou plutôt : il éprouve une perte dans la voie naturelle, mais un gain dans la voie divine. Il avait essayé de s’approprier les bénédictions du pays par la force et les ressources de la nature, mais, après vingt ans de discipline, au moment où il va entrer dans le pays, il est amené à une telle extrémité et à un tel exercice, que Dieu est sa seule ressource. Il est rejeté sur Lui, et il ne peut pas continuer sa route avant que Dieu l’ait non seulement béni, mais soumis. Ce résultat atteint, Jacob entre dans le pays, par la foi, comme Israël, béni, humilié et portant la marque de sa faiblesse personnelle.

C’est dans ce caractère d’Israël, bien qu’il soit boiteux, qu’il peut rencontrer un Ésaü, ou quiconque voudrait lui disputer ce titre d’Israël. Tout son labeur et tous les succès de vingt années sont perdus ; car c’est la bénédiction de Dieu, et non la preuve de cette bénédiction, qui établit réellement son âme, et qui le proclame possesseur indiscutable du pays, lui, Israël humilié ! Toute cette histoire est la nôtre. Nous recherchons la bénédiction, mais nous n’avons pas assez de foi pour l’attendre du Seigneur ; nous appréhendons de la perdre, et nous découvrons notre propre impuissance quand elle nous échappe. Mais le Dieu de Jacob est notre Dieu, et Il veut nous bénir en nous disciplinant.

Ici se termine, à proprement parler, la première étape de la vie de Jacob. Il prend maintenant le chemin de la foi, le seul qui conduise à la bénédiction, et il devient pour nous le modèle de celui qui est honoré parce qu’il a renoncé à sa propre volonté. Nous trouvons donc que, si en elle-même la volonté est sans valeur, Dieu estime hautement l’homme dont la volonté est brisée, lui accordant même la puissance de prévaloir sur Lui et sur l’homme.

Nous avons maintenant à considérer Jacob dans le pays. Bien que la volonté doive être brisée pour que nous puissions entrer sur le terrain de la bénédiction, il est rare que nous restions sur ce terrain sans que cette même volonté propre se manifeste à nouveau, elle qui a retardé et rendu difficile notre entrée. Il faut que tout le long du chemin la nature en nous soit mortifiée ; ce n’est qu’ainsi que je puis demeurer sur le terrain de la bénédiction et en jouir. S’il en est autrement, j’en souffrirai et il faudra que j’apprenne par la discipline de Dieu à ne pas me relâcher en quoi que ce soit dans cette soumission qui m’a rendu capable d’entrer dans le pays et de le posséder.

Que de fois, hélas ! après avoir déployé une sérieuse vigilance, après avoir marché soigneusement et être entré en jouissance du pays en toute humilité, avons-nous oublié tout cela lorsque le but a été atteint, de sorte qu’une nouvelle discipline est nécessaire. Le peuple d’Israël a combattu et a souffert pour obtenir les bénédictions du pays ; mais, une fois en possession et en jouissance de ces bénédictions, il s’est engraissé, a regimbé, et a oublié le Dieu qui l’avait formé.

Jacob jouit paisiblement de toutes les bénédictions que Dieu lui a données ; il est dans le pays auquel chacune de ces bénédictions est liée, mais il aurait dû retourner à Béthel, conformément au vœu qu’il avait fait. Au lieu de cela, il s’occupe de ses besoins immédiats et se construit une maison à Succoth. Elle lui est peut-être nécessaire, mais il abandonne ainsi le principe de la foi par laquelle il est entré en possession du pays. Il s’arrête ainsi dans son chemin de pèlerin, alors qu’il devrait le poursuivre sans se détourner jusqu’à ce qu’il atteigne Béthel. Puis, comme un manquement en entraîne un autre, il achète un champ des fils de Hamor. Il acquiert une garantie de possession, pour ainsi dire, comme si la volonté et le bras du Tout-Puissant ne suffisaient pas. C’est une nouvelle manifestation de cette propre volonté qui le caractérisait ; il cherche toujours à s’assurer par ses propres moyens les bénédictions qui lui viennent de Dieu, ce qu’il reconnaît, nous n’en doutons pas. C’est une tendance commune, bien plus difficile à corriger que celle qui cherche uniquement ce qui est du monde. Dieu lui-même n’est pas le premier objet de l’âme. Les dons de Dieu, hélas ! nous cachent trop souvent Dieu lui-même ; et quand nous ne lui donnons pas la première place, la volonté est à l’œuvre, et nous ne jouissons pas des dons en relation avec le Donateur.

Il en est ainsi avec Jacob à Sichem. Après avoir cédé à sa nature et avoir quitté volontairement le chemin de la simple dépendance de Dieu, il dresse un autel et l’appelle El-Elohé-Israël, c’est-à-dire : Dieu, le Dieu d’Israël. Il n’oublie pas qu’il est Israël, l’objet des bénédictions de Dieu, mais il fait ressortir ce fait plus que la grâce de Dieu qui l’a rendu tel. Le véritable état de nos âmes est révélé par le nom que nous donnons à notre autel, si je puis m’exprimer ainsi ; ou, en d’autres termes, par le caractère de notre adoration et de notre proximité de Dieu. Quand notre âme est occupée d’elle-même, c’est-à-dire quand elle a en vue sa propre condition plutôt que l’excellence du Seigneur, elle ne peut pas Le saisir complètement, sinon Sa supériorité effacerait toute autre chose. Lorsque nous sommes dans la présence de Dieu, nous ne devons pas être occupés de notre propre état, mais mesurer cependant le privilège d’avoir été admis à une telle position. Si nous sommes réellement avec Dieu, nous nous oublions en Lui, et nous ne pensons qu’à Ses intérêts ; mais si nous sommes occupés de nos propres bénédictions et de nos besoins, c’est une occupation qui est bonne à sa place, mais bien inférieure à celle qui fait de Lui l’objet suprême, à celle que Paul avait quand son but était de « gagner Christ ».

Ici, Jacob est non seulement occupé de ses bénédictions, mais il entretient sa propre volonté, et la discipline devient nécessaire pour lui apprendre que ses propres plans ne peuvent produire que des peines et des défaites. Son séjour à Sichem apporte la honte et la douleur à sa famille.

Jacob est amené à sentir la honte et l’humiliation de la position qu’il a choisie lui-même ; la Parole de l’Éternel entre alors librement dans son âme, et la discipline l’a préparé à y répondre. « Lève-toi », dit l’Éternel, « monte à Béthel, et habite là, et fais-y un autel au Dieu qui t’apparut comme tu t’enfuyais de devant la face d’Ésaü, ton frère ». Si nous courons « la course qui est devant nous », tout va bien ! En partant de Sichem pour aller à Béthel, Jacob abandonne toutes les souillures derrière lui ; les idoles doivent être laissées à Sichem, elles ne peuvent pas être emportées à Béthel. Du moment que nous prenons le sentier de Dieu, celui qui mène à la maison de Dieu, nous devons être purs ; « la sainteté sied à ta maison pour de longs jours ». Maintenant le nom de l’autel de Jacob est El-Béthel (Dieu de la maison de Dieu). Il est entré dans les desseins de Dieu, et se considère comme un témoin qui les exprime et les déploie sur la terre. Ses pensées ne s’arrêtent plus tant sur Jacob, le béni de Dieu, que sur Dieu, celui qui bénit Jacob. Il a ainsi fait un pas en avant dans le chemin de la foi.

Et cependant, bien qu’il ait saisi la portée de l’enseignement de l’Éternel, il n’est pas encore soumis à Sa parole d’une manière complète. L’Éternel lui a dit d’habiter à Béthel ; mais nous le voyons peu après s’en aller. Sa formation doit continuer. Jusque-là les épreuves qu’il a subies, nombreuses et variées, ne l’ont touché que dans ses circonstances ; mais maintenant il s’agit de ses affections. La mort de Rachel a fait un vide que rien ne peut combler, et il ne l’oublie pas, même au bout de sa course (Comparez Genèse 35. 16 avec 48. 7). Dans ce dernier passage, Jacob fait allusion à son deuil, comme s’il avait mis fin à toutes ses espérances terrestres. « Et moi… », dit-il, « comme je venais de Paddan, Rachel mourut auprès de moi, dans le pays de Canaan, en chemin, comme il y avait encore quelque espace de pays pour arriver à Éphrath ; et je l’enterrai là, sur le chemin d’Éphrath, qui est Bethléhem ». Il a enseveli l’objet de ses affections, là où Christ, la vraie consolation pour le cœur en deuil, devait naître. S’il quitte Béthel, la maison de Dieu, l’endroit où Dieu lui est apparu et lui a dit d’habiter, il doit apprendre qu’il ne peut y avoir au dehors rien d’autre qu’un sentier désolé. Les nuages s’amoncellent sur ce chemin. L’immoralité de son premier-né, la mort de son père se succèdent rapidement. Nous apprenons par le chapitre 49, versets 3 et 4, à quel point ce premier événement l’a affecté ; l’amertume de son cœur s’exprime là quand il passe en revue toutes choses dans la lumière des pensées de Dieu.

Puis nous lisons, au chapitre 37, que Jacob « habita dans le pays où son père avait séjourné ». Isaac y a été comme un étranger ; telle est aussi la position à laquelle la foi a appelé Jacob. Néanmoins, après un répit, la discipline continue ; il est encore nécessaire qu’il soit privé de toute attache matérielle. Rachel est partie, mais ses deux fils lui restent ; et c’est par eux que Jacob est soumis dans ses affections à une longue épreuve.

Si nous observions avec plus d’attention les voies de Dieu à notre égard, nous trouverions que, jusqu’à ce que l’effet désiré soit produit, les épreuves continuent, bien qu’il puisse y avoir du répit et souvent même un long intervalle de repos.

On aurait pu penser que l’esprit de Jacob était suffisamment brisé pour que, dépouillé de ses intérêts et de ses affections, son chemin soit désormais celui d’une entière soumission à Dieu. Mais non ! Tant que la volonté naturelle est en action, il n’y a pas de soumission complète ; et toutes les épreuves que le cœur de Jacob traverse au sujet de Joseph et de Benjamin (chapitres 37 et 43) sont nécessaires pour l’amener à une entière soumission. Nous ne pouvons douter du résultat produit, si nous comparons la manière dont il s’exprime au chapitre 37. 34 et 35, à celle du chapitre 43. 14. Dans le premier cas, il déchire ses vêtements, met un sac sur ses reins et refuse de se consoler. « Certainement », dit-il, « je descendrai, menant deuil, vers mon fils, au shéol ». Mais dans le second cas il dit : « Si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » ; en d’autres termes : je me soumets. Quelle différence ! Quelle désolation quand le cœur est torturé et qu’on ne trouve pas de ressource en Dieu ; mais quel contraste quand le Tout-Puissant est le refuge et qu’on peut dire : « Si je suis privé, je serai privé ». Je prends cette place. C’est l’entière soumission à la volonté de Dieu, et cela produit pour nous ce que Dieu désire tant : que nous trouvions nos ressources en Lui ; l’âme qui saisit cela trouve toujours la réponse à tous ses besoins. Le bonheur de son peuple est le grand but de Dieu ; nous trouvons souvent que, quand l’épreuve a produit son plein effet, celui qui a été éprouvé retrouve les objets dont la perte avait provoqué sa peine ; il est maintenant préparé à en jouir dans la dépendance de Dieu.

Jacob reçoit et Joseph et Benjamin qu’il a perdus. Mais le cœur de l’homme est si peu préparé à la miséricorde de Dieu, que la nouvelle même qu’il reçoit le fait défaillir. Son chagrin a été si grand et si profond que, pour un moment, il ne peut presque pas supporter sa joie. Il a fallu une longue discipline pour briser sa forte volonté et sa nature insoumise, mais elle a bien fait son œuvre. Combien il est brisé maintenant ! Panser le cœur brisé est un des services particuliers de Christ ; mais il y a beaucoup de croyants comme Jacob qui ne peuvent pas croire qu’une telle bonté les attend, et, quand ils la connaissent, elle étreint leur cœur plus que ne l’avait fait la discipline elle-même.

Mais le Seigneur se penche sur les siens et leur donne les preuves dont leur faiblesse a besoin. Jacob est d’abord convaincu par des preuves de la réalité de la grâce, puis, quand il a retrouvé Joseph, le soulagement est si complet qu’il exprime des sentiments analogues à ceux de Siméon tenant l’enfant Jésus dans ses bras : « Que je meure à présent », dit-il, « après que j’ai vu son visage ». La coupe est pleine ! Le cœur brisé et soumis est satisfait, ayant reçu directement de Dieu pour Sa plus grande gloire ce qu’il avait perdu. La discipline ayant fait son œuvre, nous nous apercevons qu’une joie complète est ce que le cœur de Dieu désire pour nous. La vie de Jacob en Égypte est en fait la troisième étape de son pèlerinage, et c’est une brillante période. Ses derniers moments sont le grand événement que l’apôtre note comme la plus haute preuve de foi : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora, appuyé sur le bout de son bâton ». Il nous apparaît ici comme le témoin pour Dieu, ayant l’intelligence de ses desseins, brisé dans sa volonté, et exprimant des pensées saintes et élevées. Quelle fin heureuse et tranquille après une vie troublée, par sa volonté propre, et soumise à une longue discipline ! Quelle leçon il y a pour nous dans cette histoire ! Jacob a appris, par de douloureuses, la folie de ses propres plans, et la vérité de cette parole : « De la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ». Mais, d’un autre côté, il a appris que, dans l’affliction, Dieu est le seul vrai repos et la seule vraie ressource ; et il arrive à cette conclusion si précieuse pour lui, à la fin de sa course.