Le peuple avait été recensé en vue de l’héritage (chapitre 26), puis un cas particulier heureux avait été réglé (27. 1-11). Restait maintenant une question importante : qui introduirait Israël en Canaan ?
La sanction divine sur Moïse et Aaron était déjà tombée à Mériba : “Vous n’introduirez pas cette congrégation dans le pays que je leur donne” (20. 12). Aaron avait été retiré peu de temps après (20. 22-29). Moïse avait parcouru encore quelques étapes avec le peuple. Dieu, s’il est juste dans son gouvernement, se montre toujours grand dans sa grâce et il accorda un privilège particulier à son fidèle serviteur Moïse, celui de voir le pays promis1.
Mais cet homme de Dieu, ce berger, ce “roi en Jeshurun” Deutéronome 33. 5, n’avait qu’un seul centre d’intérêt, le peuple lui-même, comme le montre ce que la Parole révèle de sa vie. Dans sa réponse à l’Éternel (verset 16), il ne fit aucune allusion au pays ni à l’interdiction d’y entrer ; il ne demanda rien pour lui-même. Son intercession concernait l’assemblée, son intérêt se portait vers ce peuple afin qu’il “ne soit pas comme un troupeau qui n’a pas de berger” (verset 17). Cette intercession de Moïse fait penser aux sentiments du Seigneur Jésus : en voyant les foules, “il fut ému de compassion pour elles, parce qu’ils étaient las et dispersés, comme des brebis qui n’ont pas de berger” Matthieu 9. 36. Pourtant, le bon Berger était parmi eux, mais ils ne voulaient pas le recevoir. Plus tard, à l’image de son Maître, l’apôtre Paul montra une touchante compassion pour les incrédules2 Corinthiens 5. 14, 20 et pour l’assemblée de Dieu2 Corinthiens 11. 28 ; 12. 15. Quels exemples pour nous !
Moïse avait appris avec tristesse et douleur tout ce que comportait ce rôle ingrat de berger du peuple dans le désert, mais il acceptait en toute soumission, avec une vraie humilité, de ne pas avoir le privilège de conduire le troupeau jusqu’au terme du voyage, jusqu’au pays de la promesse. Non seulement il s’effaçait, mais encore il suppliait l’Éternel qu’il établisse un remplaçant. Le Seigneur peut informer un serviteur, d’une manière ou d’une autre, que son service pour lui touche à sa fin ; aura-t-il à cœur, comme Moïse, de montrer qu’il ne se raccroche pas de toute son énergie à la place que le Seigneur lui avait confiée, mais qu’il a pour premier souci le peuple de Dieu ?
Il s’adressa à l’Éternel comme “le Dieu des esprits de toute chair”. Il avait déjà employé cette expression lors de l’affaire de Coré (16. 22). Moïse faisait alors appel à un Dieu de jugement, capable d’anéantir ces hommes dont il était le créateur mais capable aussi de peser avec justice la responsabilité de chacun. Avant de désigner son successeur, il s’adressa au Dieu qui connaît les cœursActes 1. 24 et qui seul pouvait trouver l’homme apte au service quotidien (“sortir et entrer”, verset 17) que requerrait la conduite du peuple.
L’Éternel répondit aussitôt, preuve que Moïse avait mis en avant les bons critères de choix, en comprenant la pensée divine. L’Éternel avait choisi Josué, fils de Nun, “un homme en qui est l’Esprit” (verset 18). Dans l’A.T., l’Esprit Saint pouvait reposer sur un homme ; il n’habitait pas encore en luiJean 7. 39, comme dans la période actuelleJean 14. 17. Cependant, aux yeux de l’Éternel, Josué était un homme à part : comme son ami Caleb, il était “animé d’un autre esprit” (14. 24). Aujourd’hui, seul l’Esprit Saint qualifie pour un serviceActes 13. 2 ; 1 Corinthiens 12. 8-11. Comme Moïse, nous devrions nous attendre à Dieu pour discerner ceux qu’il a appelés, par son Esprit, pour conduire son peuple céleste.
Rien n’est dit sur Josué pendant ces trente-huit ans d’errance qu’il partagea avec le peuple au désert ; il n’avait pas profité de la destinée particulière que lui accordait l’Éternel d’entrer dans le pays en compagnie de Caleb (14. 30) pour prétendre à une position de prééminence. Il avait su attendre patiemment. L’école de Dieu peut parfois paraître longue, mais elle forme ses serviteurs à la patience, qui est la première qualité qui recommande un ministère2 Corinthiens 6. 4.
L’Éternel prescrivit ensuite à Moïse les détails de la passation de service (versets 19-21). Elle ne se faisait pas en secret, mais en pleine lumière, en présence du sacrificateur et de toute l’assemblée, “devant leurs yeux”.
Cette identification entre Moïse et Josué a une portée symbolique car l’un et l’autre sont des figures du Seigneur Jésus :
Josué devait se tenir devant Éléazar le sacrificateur, comme autrefois Moïse agissait avec Aaron. Les hommes sont bien imparfaits pour représenter toutes les gloires et tous les ministères qui sont concentrés dans la seule personne de notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ, qui est à la fois notre conducteur et notre sacrificateur.
La requête de Moïse qui montrait son attachement au peuple de Dieu (versets 16, 17), comme aussi la requête des filles de Tselophkhad, attachées à l’héritage de l’Éternel (verset 4), pouvaient bien être un “rafraîchissement” pour Dieu. Avons-nous à cœur de lui donner pareille joie aujourd’hui dans ces deux domaines ?