Le recensement du chapitre 26 concernait les hommes, ceux qui étaient aptes au combat (26. 2). Il peut paraître surprenant de voir, immédiatement après, cinq femmes se présenter devant Moïse et Éléazar. Mais devant Dieu, il n’y a ni homme ni femmeGalates 3. 28 et l’Éternel les écouta (verset 7). Par ailleurs, cet épisode fait suite moralement aux chapitres 20 à 25 : en contraste avec les murmures et les rébellions du peuple (20. 2 ; 21. 5), avec la fornication et l’idolâtrie (chapitre 25), voici des personnes qui sont en harmonie avec la vision que l’Éternel avait montrée à Balaam (chapitre 23 et 24), celle d’un peuple selon son propos dans l’amour et la sainteté. Au lieu d’exprimer, par des murmures, des regrets pour ce que le peuple avait laissé derrière en Égypte, la demande de ces femmes concerne ce qu’elles ont devant elles : le pays promis.
Les filles de Tselophkhad, dont la généalogie et les noms sont donnés au premier verset1, se tinrent devant Moïse, Éléazar et toute l’assemblée, dans un lieu choisi, à l’entrée de la tente de la rencontre. L’énergie de leur foi les poussa à prendre cette position osée et à faire leur déclaration ; cette foi découlait d’un ardent désir de posséder l’héritage. Dieu apprécie hautement que nos affections et nos désirs se portent vers les riches bénédictions qu’il a préparées pour nous dans le ciel et qui sont déjà notre part actuelle par la foiÉphésiens 1. 18 : par exemple, notre position céleste, notre place de fils, notre communion avec Dieu, les trésors de sa connaissance, etc. L’Esprit est en nous un acompte de l’héritageÉphésiens 1. 13, 14 et il nous fait entrer progressivement dans ce qui est “conservé pour nous dans les cieux” 1 Pierre 1. 4 et que nous posséderons pleinement une fois entrés dans la maison du Père.
Leurs paroles prouvaient aussi leur attachement à leur père (versets 3, 4), mais un amour joint à la vérité. L’affection que nous devons à ceux qui nous ont engendrés ne doit pas être aveugle mais se déployer dans la lumière, ne serait-ce que pour tirer des leçons de leur histoire. Tselophkhad, bien qu’étant mort comme toute sa génération, n’avait pas été de ceux qui s’étaient ameutés contre l’Éternel dans l’affaire de Coré ; il était mort sans avoir eu de fils et ses filles ne comprenaient pas pourquoi le nom de leur père serait retranché du milieu de sa famille2.
Moïse ne sut que répondre à la question posée par ces cinq sœurs et il mit cette affaire devant l’Éternel. Quelle leçon pour nous, qui trop souvent nous hâtons de répondreProverbes 15. 28 ; 18. 13 ou de prendre position dans une affaire délicate au sujet de laquelle nous n’avons pas reçu d’instruction ! Au lieu de répondre évasivement ou en n’exprimant pas la pensée du Seigneur, imitons Moïse.
L’Éternel répondit et ses premiers mots étaient un bel encouragement pour les filles de Tselophkhad auxquelles il donnait raison (verset 7). Ils étaient aussi destinés à rassurer Moïse. Si nous nous laissons aller à nos réactions premières, qui sont souvent charnelles et sentimentales, nous ne connaîtrons pas la pensée du Seigneur et nous risquons de nous engager dans une voie qui n’est pas la sienne ; si, au contraire, nous attendons ses directions, nous serons conduits avec sûreté.
A l’occasion de la situation exposée par les cinq filles de Tselophkhad, Dieu posa un principe général qui dépassait ce cas particulier (versets 8-11). Dieu répondit donc au-delà de ce que Moïse aurait pu penserÉphésiens 3. 20. Ainsi, l’audace de la foi des cinq filles de Tselophkhad et la liberté qu’elles ont prise d’exposer leur requête, ont eu des conséquences bénies pour tout le peuple (verset 11 b).
La solution apportée à la demande des filles de Tselophkhad aurait été insuffisante sans le complément apporté par le chapitre 36. Les principaux responsables de la tribu de Manassé, à laquelle appartenaient les filles de Tselophkhad, se présentèrent devant Moïse pour envisager une situation nouvelle : que se passerait-il si ces filles se mariaient ? Leur héritage serait ôté de la tribu de leur père et ajouté à la tribu à laquelle elles appartiendraient après leur mariage.
De la même manière que Dieu avait approuvé les filles de Tselophkhad, il approuva les propos des princes de Manassé et commanda à ces femmes de se marier dans leur tribu (verset 6).
Le mariage ne doit pas affaiblir ce que nous avons reçu spirituellement. Nous avons tous reçu un “héritage”, une partie de connaissance de la vérité chrétienne que le Seigneur nous a révélée. Sans doute plusieurs de nos lecteurs ont-ils même été spécialement bénis en recevant de leurs parents un riche héritage spirituel. Ils sont donc responsables de ne pas s’unir avec quelqu’un qui ne partage pas la même foi.
Le verset 9 est le verset clef du chapitre car l’Éternel y établit un principe : si louable qu’ait été le désir des filles de Tselophkhad de garder l’héritage de leur père, il ne fallait pas qu’il soit l’occasion de spolier la tribu. La Parole est toujours équilibrée : les privilèges individuels (27. 1-11) peuvent cohabiter harmonieusement avec les intérêts de l’ensemble (chapitre 36). Il en est de même pour la vie pratique dans l’Église de Dieu ; tant l’individualisme que le collectivisme en sont exclus et l’unité y va de pair avec la diversité.
Le dernier verset du livre (verset 13) est particulièrement important : toutes ces instructions furent données avant d’entrer dans le pays promis. Le désir de notre Dieu et Père est de nous occuper de notre patrie céleste dès à présent, alors que nous sommes encore sur la terre.
Leurs noms signifient :
Makhla = douce
Hogla = perdrix
Thirtsa = agréable
Noa = proposition, motion
Milca = conseil