Après les dramatiques événements qui avaient conduit au jugement de Coré et de sa troupe, on aurait pu penser que le peuple, effrayé, garderait le silence. Mais l’homme est décidément incurable et la fin du chapitre 16 en donne une nouvelle illustration. Ce ne furent plus quelques centaines d’hommes mais toute l’assemblée du peuple d’Israël qui murmura contre Moïse et Aaron. Pourtant elle devait à l’intercession de ces deux hommes fidèles de ne pas avoir été consumée (16. 21).
Une troisième fois, la gloire de l’Éternel apparut et immédiatement le peuple commença à être consumé par une plaie dont la nature n’est pas précisée. Mais la ressource du peuple était dans cette sacrificature qu’il avait méprisée et les intercesseurs furent encore une fois ces mêmes hommes qu’ils avaient accusés de faire mourir le peuple de Dieu. C’est une image de Christ, rejeté et crucifié, intercédant pour son peupleLuc 23. 34. Notons l’intelligence de Moïse : alors qu’il n’avait aucune ordonnance précise de l’Éternel en pareil cas, il se rappela le grand jour des expiations où Aaron entrait au-dedans du voile avec de l’encens pour faire propitiationLévitique 16. 12, 13 ; c’est pourquoi il demanda à son frère de se servir de son encensoir afin de faire propitiation pour le peuple (verset 11).
L’encens qu’Aaron répandit sur le peuple évoquait la bonne odeur de la victime qui, bien des siècles plus tard, se livrerait “lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur” Éphésiens 5. 2. Seule la perfection personnelle de Christ dans son sacrifice peut sauver d’une mort certaine les coupables et les rebelles que nous étions tous. Aaron, avec le seul encensoir agréé par Dieu, actif pour arrêter la plaie, est ainsi une belle figure du Seigneur Jésus, notre “miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur” qui a fait propitiation pour nos péchésHébreux 2. 17.
La gloire de Dieu fut magnifiée dans cette scène de jugement et de grâce. 14 700 personnes périrent, montrant combien il est grave de contester le jugement de Dieu lorsqu’il s’est nettement manifesté.
Le chapitre 17 est très encourageant et s’inscrit de façon heureuse entre le triste chapitre 16 où avait éclos la révolte contre l’autorité d’Aaron et le chapitre 18 qui souligne les droits du sacrificateur et de ses fils. Ici, il fallait qu’il soit clairement montré que le souverain sacrificateur choisi par l’Éternel était Aaron : “Tout souverain sacrificateur pris d’entre les hommes est établi pour les hommes dans les choses qui concernent Dieu… Or nul ne s’arroge cet honneur ; mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron” Hébreux 5. 1, 4.
Dieu proposa donc un nouveau test pour montrer qu’il avait bien choisi Aaron. Déjà l’épreuve des encensoirs avait prouvé cette prédilection divine (16. 17, 17. 11). Chaque prince fut invité à apporter une verge ; ces douze verges – dont celle d’Aaron1 – passèrent la nuit dans la tente de la rencontre. Le lendemain, une seule avait bourgeonné miraculeusement et portait non seulement des bourgeons mais aussi des fleurs et des amandes (17. 23). La démonstration fut éclatante, évidente, visible et connue par tous (17. 24). Ainsi, au signe de mort qu’avait été l’engloutissement de Coré et des siens succéda ce merveilleux signe de vie.
L’Éternel commanda à Moïse de placer la seule verge d’Aaron devant le témoignage et l’épître aux Hébreux précise qu’elle fut placée dans l’arche de l’allianceHébreux 9. 4.
Elle était là :
Plus tard, lors de l’inauguration du temple de Salomon, l’arche ne contenait que les tables de la loi1 Rois 8. 9 ; la cruche de manne et la verge bourgeonnée, qui étaient les provisions divines pour le désert, n’avaient plus lieu d’être sous le règne de ce roi de paix. De même, les chrétiens n’auront plus besoin de la sacrificature de Christ sous sa forme actuelle, lorsqu’ils seront arrivés au bout du chemin, dans la maison du Père.
Comme l’épître aux Hébreux l’indique, ces objets étaient “une figure pour le temps présent” Hébreux 9. 9. La verge d’Aaron bourgeonnée est un symbole de la résurrection de Christ qui sortit du tombeau “dans la puissance d’une vie impérissable” Hébreux 7. 16 et la nuit passée dans la tente de la rencontre est un symbole de sa mort. Cet événement est le fondement de son service actuel de souverain sacrificateur. Il démontre, à qui veut bien en recevoir le témoignage, la grandeur de sa personne et l’efficacité de son œuvre. Bien des hommes ont prétendu être des guides pour l’humanité, mais aucun n’est ressuscité d’entre les morts. Seul Jésus, “parce qu’il demeure éternellement […], peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux” Hébreux 7. 24, 25.
Cette verge était “pour la maison de Lévi” (17. 23). Ces fleurs et ces amandes nous parlent de la satisfaction et des fruits que Dieu peut trouver dans les croyants, unis désormais à Christ dans la même puissance de vie. Notre service n’aura de valeur pour Dieu que s’il est produit en nous par la vie de résurrection.
Le peuple ne comprit pas ce qui était arrivé à cette verge. Au contraire, il craignit. A l’orgueil téméraire (chapitre 16) succéda une crainte légaliste (chapitre 17) ; il aurait mieux valu s’humilier devant la majesté de l’Éternel (chapitre 16), et ensuite se confier dans sa grâce (chapitre 17). Hélas, l’homme ne comprend pas plus la grâce que la sainteté.