Ce chapitre exalte la grâce de Dieu. Alors qu’au chapitre 14, l’Éternel venait de dire aux fils d’Israël que leur génération n’entrerait pas dans le pays à cause de leur incrédulité, il dit par deux fois : “Quand vous serez entrés dans le pays” (versets 2, 18). Nous retrouvons ici le lien moral qui relie les récits et les ordonnances tout au long de ce livre.
Si le chapitre 14 a mis en évidence le péché de l’homme, le suivant montre la fidélité de Dieu. Ce contraste parcourt toute la Bible : ce que l’homme n’a jamais pu atteindre ou maintenir, Dieu le lui réserve car il s’élève au-dessus du péché pour agir en grâce selon ses propres plans immuables.
C’est lui qui donnerait le pays (verset 2) et c’est lui qui y ferait entrer le peuple (verset 18). De même, Dieu nous a bénis de “toute bénédiction spirituelle” Éphésiens 1. 3, mais y sommes-nous personnellement pour quelque chose ? Ne devons-nous pas tout aux “immenses richesses de sa grâce” Éphésiens 2. 7 ? Cependant, Dieu attend une réponse d’amour de notre part, des sacrifices de louange de la part de ceux qu’il a ainsi comblésHébreux 13. 15.
Pour Israël, il s’agissait de sacrifices d’animaux. Contrairement au Lévitique où les offrandes sont présentées en ordre d’importance décroissante, les offrandes figurent en ordre croissant :
Notre appréciation de la personne et de l’œuvre de Christ devrait aller en progressant harmonieusement. Un développement spirituel équilibré nous conduira non seulement à entrer toujours davantage dans ce qu’il est et ce qu’il a fait (le sacrifice offert), mais aussi à imiter toujours mieux l’exemple qu’il nous a laissé dans sa marche d’homme parfait sur la terre (l’offrande de gâteau) et à nous réjouir toujours plus en lui et en Dieu (la libation). Cependant, même si nous avançons dans la connaissance de Christ, notre appréciation de sa personne et notre imitation de sa marche resteront partielles (au plus “3/10” ou “1/2”) et notre joie ne sera complète qu’au ciel.
Ce paragraphe a une portée prophétique, qui rejoint le développement de l’apôtre Paul en Romains 11 : Israël a “bronché” et Dieu fait désormais grâce à des hommes et des femmes issus des nations. Du temps de Moïse déjà, l’étranger n’était pas exclu du privilège d’offrir des sacrifices. La grâce s’étendait à tous, au-delà du peuple élu. Que dire alors aujourd’hui ! Le sacrifice de Christ a une portée universelle1 Jean 2. 2 et Dieu offre à tout homme le privilège de s’approcher de lui.
Ne pensons pas que l’adoration est réservée à certains et que d’autres sont trop éloignés pour s’approcher de Dieu. Au contraire, le Père se glorifie en prenant comme adorateurs ceux qui nous semblent les moins dignes de l’êtreJean 4. 23, 24. Cela ne pourra que nous inciter à prêcher à tous l’évangile de la grâce.
L’Éternel réclamait en offrande la première miche de chaque fournée. Qu’en toutes choses Christ tienne la première placeColossiens 1. 18. C’est dans un sens ce que nous faisons lorsque nous rendons grâces pour les aliments que Dieu nous fournit1.
Ce pain avait nécessité un travail de la part de l’Israélite. Il en est de même pour nous : pour apprécier Christ, le “véritable pain qui vient du ciel” Jean 6. 32, dans sa personne et son sacrifice, un travail de cœur, fait de consécration et d’exercices spirituels, est nécessaire.
L’Israélite pouvait ensuite partager le pain de sa fournée avec d’autres, tout comme le chrétien peut faire profiter ceux qui l’entourent de la nourriture qu’il a trouvée dans la personne du Seigneur.
Dieu introduit une distinction très importante entre les péchés commis par erreur et les péchés par fierté. Plus tard, le psalmiste fera la même différence : “Qui est-ce qui comprend ses erreurs ? Purifie-moi de mes fautes cachées. Garde aussi ton serviteur des péchés commis avec fierté ; qu’ils ne dominent pas sur moi” Psaume 19. 13, 14. Dieu est seul juge des motifs profonds du cœur ; aussi pourvoyait-il aux péchés commis par erreur, soit par le peuple dans son ensemble (versets 22-26), soit par un individu (versets 27-29) 2.
Cette distinction est de toute importance pour nous : rappelons-nous qu’à “quiconque il aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé ; et à celui à qui il aura été beaucoup confié, il sera plus redemandé” Luc 12. 48. Dieu mesure notre responsabilité en fonction de ce qu’il nous a révélé3. Si nous péchons sciemment, notre salut n’est pas remis en cause ; sous la grâce, le sang de Jésus Christ nous purifie de “tout” péché1 Jean 1. 7, mais Dieu permettra peut-être que nous en « moissonnions » la peineGalates 6. 7 par des conséquences douloureuses.
Par ailleurs, chaque péché que nous avons commis sans en être conscient, par ignorance, a dû être porté par Christ à la croix ; la sainteté de Dieu ne se mesure pas à notre compréhension de ses exigences. Notre ignorance n’est-elle pas souvent de l’indifférence pour ce qui concerne Dieu et ce qu’il attend de nous ? N’est-elle pas un “mépris” déguisé de Dieu (verset 31) ? La solution est d’étudier la Parole pour éviter les péchés commis par erreur et d’obéir à la Parole pour être gardé des péchés commis par fierté.
Ce chapitre continue en rapportant un solennel exemple (versets 32-36) : nul ne pouvait prétendre ignorer qu’il était interdit de faire une œuvre quelconque un jour de sabbatExode 20. 8-11. Le coupable fut mis sous garde et l’on attendit que l’Éternel indiquât le châtiment. Cela nous enseigne, en face d’une désobéissance caractérisée, à rejeter toute précipitation charnelle pour régler le cas, mais aussi à maintenir les droits de Dieu. La grâce ne conduit jamais à négliger la vérité.
La sévérité du jugement de cet Israélite devait servir d’exemple aux fils d’Israël, comme dans le N.T. le cas d’Ananias et de SapphiraActes 5. 1-5.
Pour aider les Israélites, Dieu leur enseigna ensuite un moyen préventif : un cordon de bleu devait pendre de leurs vêtements pour leur faire penser aux commandements de l’Éternel (verset 40).
Comment serons-nous gardés de mal faire, de tomber dans la convoitise du cœur ou des yeux (verset 39b) 1 Jean 2. 15, 16 ? En étant occupés du bien et des choses célestes dont nous parle cette couleur bleue. Avant d’enjoindre aux Colossiens de faire mourir leurs passions charnelles, Paul les invitait à penser “aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre” Colossiens 3. 2.
Le cordon se trouvait au bas de la robe, près du sol. Le plus petit détail de notre vie, le plus « terre à terre », peut être imprégné de principes célestes pour que notre conduite plaise au Seigneur “à tous égards” Colossiens 1. 10.