La description du pays par les espions produisit un grand effet sur le peuple qui “pleura cette nuit-là”. Cette nuit physique s’identifiait avec les ténèbres de leur incrédulité : ils s’occupaient d’eux-mêmes et de leurs difficultés au lieu de regarder à Dieu et à ses ressources. Leurs pleurs contrastaient tristement avec les chants qui avaient salué leur sortie de cette Égypte vers laquelle ils voulaient retourner. L’effroi qui avait saisi les autres peuples à l’ouïe de la délivrance qu’ils avaient connueExode 15. 14-16 était désormais leur part.
Quelle est la cause de nos larmes ? Une tristesse à salut2 Corinthiens 7. 7-10, un décèsJean 11. 35, une faute qui nous humilieLuc 22. 62 ? Ou bien comme ici le regret d’avoir laissé le monde pour suivre Christ ?
L’incrédulité conduit vite à la révolte, et les fils d’Israël voulurent s’établir un chef pour retourner en Égypte (verset 4). Peut-être l’auraient-ils choisi parmi les dix espions défaitistes qu’ils avaient préféré écouter. L’incrédulité d’un petit nombre contamina vite tout l’ensemble, tandis que la foi de deux courageux ne fit guère d’émules.
N’en est-il pas de même dans l’assemblée de Dieu ? Les plus nombreux ou ceux qui parlent le plus fort ne l’emportent-ils pas sur ceux qui sont les plus spirituels ? Lorsque nous substituons des règles démocratiques à la vraie spiritualité (qui ira toujours de pair avec l’humilité), ne nous étonnons pas du déclin de l’Église.
L’attitude de Moïse et Aaron fut remarquable : au lieu d’insister sur leurs prérogatives, ils se mirent aux pieds de leurs frères.
Celle de Josué et Caleb ne le fut pas moins : ils réitérèrent courageusement leur témoignage du jour précédent (versets 7-9), tout en montrant par leur attitude leur profonde tristesse devant la réaction du peuple (verset 6). “Si l’Éternel prend plaisir en nous” (verset 8) : par cette condition, ils mettaient le peuple en face de sa responsabilité ; mais en même temps ils assuraient Israël de la présence de l’Éternel (verset 9b) qui était la seule ressource pour faire face à sa responsabilité.
En réaction, les Israélites voulurent les lapider. Comme souvent, les témoins les plus fidèles sont persécutés par les autres, car la conduite des premiers juge les seconds. C’est alors qu’apparut la gloire de l’Éternel (verset 10). A quatre occasions dans ce livre (16. 19, 17. 7 ; 20. 6), elle vint affirmer les droits absolus de Dieu dans des situations humainement sans issue. Il signifiait ainsi à son peuple incrédule qu’il était, lui, toujours présent au milieu d’eux, prêt à les conduire là où il avait promis de les mener.
C’est alors que l’Éternel fit à Moïse une proposition étonnante : faire de lui une nation plus grande. Mettons-nous à la place de ce serviteur : comment ne pas accepter, d’autant plus que c’était la deuxième fois que Dieu lui faisait une telle offreExode 32. 10 ?
Mais Dieu connaissait son serviteur dont il se plut à faire ressortir la grandeur spirituelle par cette mise à l’épreuve. Moïse était bien plus préoccupé par la gloire de Dieu et le bien du peuple que par sa position personnelle. Il demanda à l’Éternel de montrer sa puissance par son pardon (versets 17-19) en reprenant les propres paroles de DieuExode 34. 6, 7. La grâce n’est pas une preuve de faiblesse mais au contraire une manifestation de la “puissance du Seigneur” 1 Corinthiens 1. 18. L’argumentation de Moïse était parfaitement appropriée ; vivant près de l’Éternel, il connaissait les pensées et le cœur de son Dieu. C’est pourquoi il développa les quatre arguments suivants :
Dieu fut ainsi glorifié par la réponse de Moïse et par le pardon qu’il accorda au peuple à la suite de cette intercession qui ne venait pourtant que d’un homme.
Dieu aime que les siens comprennent ce qui convient à sa gloire et notons que la revendiquer n’est nullement incompatible avec le bien de son peuple. Avons-nous une attitude semblable à celle de Moïse à propos d’une chrétienté mondaine et prête à rejeter Christ ? Prions-nous instamment Dieu d’user encore de patience et de pardonner ou bien nous drapons-nous dans une orgueilleuse solitude comme Élie pour faire requête contre le peuple actuel de Dieu ?
La réponse de Dieu fut double. Tout d’abord, il écouta son serviteur : “J’ai pardonné selon ta parole” (verset 20). Quelle expression pleine de grâce, exquise dans sa concision ; elle valorise l’intercesseur qui a su faire appel à la gloire de Dieu. Oui, Dieu peut accéder à la parole d’un homme qui se tient humblement devant lui en mettant en avant des motifs selon sa pensée !
Mais si la grâce intervint, le jugement dut cependant s’exercer ; il fut différencié selon la responsabilité de chacun :
Ces différentes appréciations de Dieu et leurs conséquences sont une solennelle illustration de la parole du Seigneur : “Qu’il vous soit fait selon votre foi” Matthieu 9. 29.
La fin de ce chapitre est attristante : il semble bien que les fils d’Israël n’avaient rien appris. En désobéissance directe à l’ordre divin (verset 25), ils voulurent se soustraire aux conséquences de leur incrédulité. “Nous voici ; nous monterons”, dirent-ils, pleins de confiance en eux-mêmes (verset 40). L’avertissement de Moïse ne servit à rien ; ils “s’obstinèrent” et furent battus à plate couture.
Qu’il nous est difficile de nous soumettre à la discipline que Dieu nous envoie ! Nous croyons trop souvent qu’il est possible de revenir en arrière et de réparer les suites, pénibles pour nous, d’une faute que nous avons commise. Or le Seigneur attend de nous une vraie humiliation qui se montre en acceptant les conséquences de nos actes, si douloureuses soient-elles.