“Et quand la sixième heure fut venue, il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à la neuvième heure” (verset 33) ; c’était donc midi, quand le soleil est au zénith. Pourquoi cette obscurité ? Pourquoi ce changement dans la narration des trois premiers évangiles ? Jusqu’à ce moment, le Seigneur avait affaire à ses ennemis qui l’insultaient. Mais maintenant, le silence entoure la scène et la nature se voile la face. Le récit évangélique ne peut plus rien révéler de ce qui s’est passé durant ces trois heures. Le chrétien aussi ne peut rien dire ; c’est l’insondable mystère des souffrances de Jésus qui endure le jugement que méritaient nos péchés. C’est le mystère de son amour.
Nous ne pourrions pas saisir le sens des événements de ces trois heures, si le Seigneur ne nous en avait livré le secret. La question adressée à son Dieu du haut de la croix aux environs de la neuvième heure fait comprendre le pourquoi de ces ténèbres. Consignée quatre fois dans les évangiles, deux fois dans la langue araméenne et deux fois dans sa traduction, cette quatrième
Le lecteur peut considérer plusieurs autres portions des Écritures qui parlent des souffrances du Seigneur. Nous n’en citerons que deux : “Tes flèches ont pénétré en moi, et ta main est descendue sur moi” Psaume 38. 3 et “Tu m’as mis dans une fosse profonde, dans des lieux ténébreux, dans des abîmes. Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues” Psaume 88. 7, 8. Ces paroles inspirées n’ont été vécues que partiellement par leurs auteurs. L’Esprit Saint les a conduits à écrire ce qui dépassait leurs expériences, car ils rendaient par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ1 Pierre 1. 11.
Le cri de Jésus n’a pas été compris par ceux qui étaient là, mais quelques-uns, l’interprétant faussement, ironisent en disant : “Voici, il appelle Élie” (verset 35). L’un d’eux pourtant, pris peut-être d’un sentiment de pitié, court chercher de quoi donner à boire à Jésus. Là s’intercale la cinquième parole du Seigneur que Jean seul transcrit : “J’ai soif” Jean 19. 28. Ainsi se réalise la deuxième partie d’un verset déjà cité : “Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre” Psaume 69. 22.
Jean et Luc font connaître les deux dernières paroles de Jésus sur la croix : “C’est accompli” et “Père, entre tes mains, je remets mon esprit” Jean 19. 30 ; Luc 23. 46, mais Matthieu et Marc ne parlent que d’un cri jeté avec force. C’est un cri de victoire, c’est la proclamation de la défaite totale de Satan, car la Parole dit que par la mort, Jésus a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diableHébreux 2. 14. Le parfait Serviteur dépeint par Marc a terminé son service terrestre. Dieu va rendre témoignage à la perfection de ce service en déchirant le voile du temple (verset 38). Cet acte divin proclame l’ouverture d’un nouveau chemin scellé par le sang de Jésus et qui conduit au saint lieuHébreux 10. 19, 20.
Le premier résultat de la mort du Seigneur est la confession du centurion. Cette confession ne peut qu’être l’opération de la grâce dans le cœur de cet homme. Il a vu toute la scène et entendu les outrages adressés à Jésus. Il a aussi entendu les paroles du brigand converti et la réponse donnée par le Seigneur. Il a vu l’obscurité inaccoutumée qui a enveloppé la scène et a entendu le grand cri jeté encore par ce crucifié qui aurait dû être à l’agonie. Tout cela s’impose à ce Romain de façon à le convaincre de la divinité de Jésus. Ce que les Juifs ont obstinément refusé est reçu par cet homme des nations qui devient ainsi le premier converti après la mort de Jésus.