La parabole qui commence ce chapitre fait suite aux enseignements relatifs à la venue du Fils de l’homme, comme le montre la conclusion de la parabole (verset 8).
Le résidu fidèle de la fin aurait peut-être à attendre longtemps la délivrance. “Jusques à quand” est la question posée si souvent dans les psaumes par ceux qui s’attendent à l’Éternel1. La ressource suprême des justes aux derniers jours, comme dans tous les temps d’épreuve, demeure la prière et la confiance de la foi. C’est l’instruction morale de cette parabole qui met en contraste :
Ce juge n’avait ni crainte de Dieu, ni respect de ses semblables. Devant l’insistance de la veuve, il lui fait justice pour en être débarrassé. Le motif était révoltant, mais le résultat est quand même au bénéfice de la veuve.
Dieu veut répondre et répondra toujours à la prière des siens. En s’appuyant sur Dieu, la foi peut toujours dire : “Je crierai au Dieu Très-Haut, à Dieu qui mène tout à bonne fin pour moi” Psaume 57. 3. Dieu maintient le temps de l’épreuve pour que son travail s’accomplisse et s’achève dans le cœur des siens. Pour le résidu fidèle traversant les épreuves sur la terre, une profonde repentance doit être produite jusqu’à ce qu’il se tourne vers Christ, “celui qu’ils auront percé” Zacharie 12. 10 par “l’esprit de grâce et de supplications” qui sera répandu sur eux. Il est toujours vrai que “le Seigneur ne rejette pas pour toujours ; mais, s’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés ; car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes” Lamentations de Jérémie 3. 31-33.
Comme souvent dans cet évangile, l’instruction est donnée en rapport avec les fidèles sur la terre dans la tribulation ; elle présente un caractère général qui répond à toutes les circonstances des saints éprouvés dans leur foi. La patience doit avoir son œuvre parfaite en nousJacques 1. 4. Cette qualité, si étrangère à nos cœurs naturels, est souvent associée à la souffrance dans la ParoleJacques 5. 10.
En Jésus, homme sur la terre, cette parabole a eu son application parfaite : haine et mépris des hommes, incompréhension, abandon et reniement des disciples, puissance de Satan, et même la coupe de la colère de Dieu, Jésus a tout traversé en perfection, dans une pleine confiance en son Père. Par la bouche de David, le Seigneur a pu dire : “J’ai attendu patiemment l’Éternel ; et il s’est penché vers moi, et a entendu mon cri” Psaume 40. 2. Nous sommes aussi invités par la Parole à ne pas nous venger, même si nous pensons avoir plus de ressources naturelles que la veuve pour faire valoir nos droits. Le même mot : “venge-moi” (verset 3) est employé par l’apôtre PaulRomains 12. 19, pour nous inviter à nous en remettre à Dieu, à l’image du parfait modèle : lui, “quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement” 1 Pierre 2. 22, 23. Le chemin de la bénédiction pour chacun est, comme David, de remettre toutes nos circonstances à DieuPsaume 37. 5, 6, en le laissant intervenir à son heure et selon sa sagesse.
La prière est l’expression de la confiance en Dieu. Mais, comme les pharisiens, beaucoup de personnes se confient en elles-mêmes plutôt qu’en Dieu, et méprisent les autres. La parabole qui suit montre les conséquences d‘une telle attitude.
Deux hommes montent au temple pour prier, un pharisien et un publicain. Le temple de l’Éternel était bien une maison de prièreÉsaïe 56. 7. Même le peuple en captivité était invité à prier en se tournant vers la terre d’Emmanuel, vers Jérusalem et vers la maison bâtie pour le nom de Dieu1 Rois 8. 48. Daniel l’avait fait par la foi, alors que le temple était démoli, la ville saccagée et le pays abandonnéDaniel 6. 11.
Extérieurement, l’attitude de ces deux hommes, le pharisien et le publicain, était la bonne. Mais la parabole montre quel était le mouvement réel du cœur qui conduisait l’un et l’autre, et l’estimation que Dieu en faisait. D’abord le pharisien (l’élite religieuse de la nation aux yeux des hommes), rempli d’orgueil et de propre justice, se présente devant Dieu. Il était inconscient de son véritable état, comme Caïn l’était autrefois en offrant les fruits d’une terre maudite, acquis par son propre travail. Le pharisien se réclame de cinq choses (le nombre de la capacité humaine) qui l’élevaient à ses propres yeux et le faisaient mépriser les autres :
Tout cela n’était que propre justice – un linge souillé aux yeux de Dieu – et contribuait à satisfaire son propre cœur. Le Seigneur avait pourtant dit, dans le discours sur la montagneMatthieu 6. 1-18, que la prière, le jeûne et les aumônes devaient être accomplis dans le secret. Ignorant ces instructions, le pharisien était lui-même son propre centre, étranger à Dieu et à sa bonté.
Quel contraste avec le publicain, un homme de la rue :
Il se présente comme le pécheur, ayant besoin d’une propitiation : “Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur” (verset 13). D’un cœur sans fraude, brisé par la conscience de son état, il plaçait sa seule confiance en Dieu, bien que ne connaissant pas pleinement encore la justice divine et la grâce en Jésus.
En vertu de l’œuvre qu’il accomplissait en montant à Jérusalem, le Seigneur prononce la justification du publicain. Le principe moral subsiste toujours. La grâce se trouve en abondance auprès de Christ, mais, pour que cette grâce soit reçue en salut et en bénédiction, il faut dans l’homme un travail de la conscience et du cœur, produisant le retour vers Dieu.
La conclusion de la parabole est tirée par le Seigneur lui-même : “car quiconque s’élève, sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé” (verset 14).
Pour nous, qui sommes si prompts à nous élever dans nos pensées, le Seigneur avait déjà montré comment il fallait s’abaisser devant le monde, devant les frères et devant Dieu (14. 11). Le chemin de la gloire est toujours celui de l’humilité. Nous y goûtons les consolations de Dieu2 Corinthiens 7. 6 et de sa grâce1 Pierre 5. 5, 6 ; Jacques 4. 10.