Les pharisiens reviennent à Jésus. Après leur avoir déclaré que le royaume de Dieu était annoncé (16. 16), le Seigneur les avait solennellement avertis par la parabole de Lazare et du riche (16. 19-31).
Ils veulent maintenant savoir quand viendrait ce royaume de Dieu, dont la venue glorieuse était annoncée par tant de prophéties de l’A.T. Daniel 7. 13, 14. Le Seigneur leur répond en les plaçant devant leur responsabilité de le reconnaître, lui, parmi eux comme le Roi, expression complète de ce royaume dans son caractère moral et mystérieux. Ensuite, aux disciples seulement, le Seigneur annonce comment serait introduit dans l’avenir sur la terre ce royaume que les pharisiens attendaient.
C’était une espérance légitime parmi le peuple d’Israël de voir s’instaurer le royaume de Dieu et d’y avoir une part privilégiée. Jacques et JeanMarc 10. 35 soutenus par leur mèreMatthieu 20. 20, en font la demande au Seigneur. Tous ignoraient que l’introduction en gloire de ce royaume était reportée, parce que le Roi (Christ, le Messie) était rejeté. Daniel l’avait déjà annoncé : “Après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n’aura rien” Daniel 9. 26.
Les disciples n’avaient pas compris cette prophétie et les pharisiens ne voulaient pas la comprendre. Rejeté comme Messie, Christ, Fils de l’homme, devenait le Sauveur. C’est ainsi qu’il fallait le recevoir, pour voir le royaume de Dieu et y entrer, par le moyen de la foi, selon la parole du Seigneur à NicodèmeJean 3. 3-5. Sans la nouvelle naissance et le don de la
L’attitude des pharisiens est en contraste complet avec celle du lépreux samaritain guéri. N’ayant aucun droit au royaume par sa naissance, il y était entré par la foi pour donner gloire à Dieu (verset 18).
À ceux qui l’avaient reçu dans leur cœur, le Seigneur révèle alors les vérités relatives à l’établissement en gloire de son royaume, pour guider leur conduite jusqu’à ce moment. Pour comprendre les paroles du Seigneur, il faut se souvenir que le mystère de l’Église, constituée des rachetés célestes, n’est pas encore révélé dans l’Évangile (il ne le sera par l’apôtre Paul qu’à la fin de son ministère). Parlant aux disciples vivant avec lui sur la terre au moment de sa première venue, Christ voit en eux le résidu fidèle du peuple d’Israël traversant la tribulation avant sa seconde venue pour introduire le royaume en gloire. Les disciples vivaient au milieu d’une génération (le peuple juif et ses conducteurs endurcis) qui rejetait Christ et faisait de lui l’homme de douleurs. Moralement parlant, cette même génération serait jugée plus tard par le Fils de l’homme (verset 29). Toutefois, tous les élus (ceux qui ont la vie de Dieu) échapperaient au jugement : les saints de l’Église enlevés avant celui-ci, et les saints sur la terre à travers celui-ci.
La période de l’Église n’est donc pas directement en vue ici dans les paroles du Seigneur, sans en être positivement exclue. Il ne s’agit pas non plus de la destruction de Jérusalem par Titus, dont le Seigneur parle au chapitre 21, ni du jugement des morts, à la fin du milléniumApocalypse 20. 11-15. Il présente ici sa seconde venue – appelée le jour du fils de l’homme (versets 22, 23), ou aussi le
Deux jugements ont marqué l’histoire du monde : le déluge aux jours de Noé et la destruction de Sodome et Gomorrhe aux jours de Lot. Ils sont pris en exemple par le Seigneur pour montrer l’état du monde à la fin, et le caractère du jugement qui l’atteindra : aussi soudain que le déluge (“ils ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous” Matthieu 24. 39) et aussi certain que le feu du ciel tombant sur Sodome.
Énoch avait été enlevé au ciel sans passer par la mort avant le jugement du déluge : figure de l’Église retirée du monde avant la tribulationApocalypse 3. 10. Noé a traversé le déluge dans l’arche avec sa famille : figure du résidu juif gardé à travers les jugements.
Apparemment, l’activité des hommes sur la terre avant le déluge ou à Sodome avant sa destruction, n’était pas mauvaise en elle-même : nourriture, mariage, commerce, soins de la terre, construction. L’estimation par Dieu du véritable état de l’homme est tout autre : “la terre était corrompue devant Dieu et la terre était pleine de violence… toute chair avait corrompu sa voie sur la terre” Genèse 6. 11, 12, et : “le cri de Sodome et de Gomorrhe est grand et leur péché est très aggravé” Genèse 18. 20. Huit personnes ont échappé au jugement du déluge (Noé et sa femme, leurs trois fils et leurs femmes). Trois seulement ont échappé au jugement de Sodome (Lot et ses deux filles). La femme de Lot, dont le cœur était lié à Sodome, s’est retournée sur le chemin pour devenir une statue de sel en témoignage à ceux qui prendraient ces choses légèrement ou regarderaient en arrière. Les deux gendres ont péri avec Sodome après avoir négligé tous les avertissements de leur beau-pèreGenèse 19. 14.
En rappelant ces choses aux disciples, le Seigneur donne des instructions pour la conduite des élus au moment de la venue du fils de l’homme.
C’est le jour du jugement, le jour du Seigneur2 Thessaloniciens 2. 2 qui introduit le millénium ; au contraire, le jour de Dieu2 Pierre 3. 12 marque la destruction finale du monde créé et l’introduction de l’état éternel.
Le signe de départ de ces événements sera la rupture de l’alliance du chef de l’empire romain avec les Juifs de Jérusalem au milieu de la semaine (de sept années) et la profanation du temple (l’abomination de la désolation). Tout alors se passera si rapidement pour le résidu persécuté, qu’il faudra fuir (verset 31) en abandonnant tout pour sa propre vie.
“Quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra et quiconque la perdra, la gagnera” (verset 33). En s’attachant aux choses de la terre, les hommes perdent leur vie1, alors qu’ils s’imaginent la gagner. Au contraire, en renonçant à soi-même, au monde et même à sa propre vie sur la terre, le croyant manifeste les caractères de la vie éternelle, soit pour jouir du règne, soit pour le ciel.
Le jugement annoncé par le Seigneur (versets 34-36) est séparatif ; il est appelé ailleurs la moissonMatthieu 13. 30. Ici, le méchant est pris pour le jugement et le juste laissé pour la bénédiction. À l’enlèvement de l’Église, qui précède ce moment-là, les croyants seront enlevés pour la bénédiction et les incrédules laissés pour le jugement.
Ceux qui sont pris pour le jugement terrestre quittent l‘intimité de la maison (deux sur un même lit), le cercle familial (deux femmes à la meule) ou le cercle extérieur du travail (les champs). Ces trois cercles aussi parlent de la nuit, du matin et du cours de la journée. En quelque lieu que se trouvent les hommes, et à quelque heure du jour que ce soit, Dieu saisit en un instant (l’éclair qui brille) tous ceux qui doivent être jugés.
Émus par la solennité de ces paroles, les disciples demandent : “Où, Seigneur” ? (verset 37) et la réponse leur est donnée : le corps (Israël selon la chair) est un corps mortMatthieu 24. 28 ; sur lui fondra le jugement (l’aigle).