Approchons-nous avec crainte et, moralement, avec des pieds déchaussésExode 3. 5 ; Josué 5. 15, de cette terre très sainte : le sujet des souffrances et de la mort de notre Sauveur.
Pour la septième fois, Jésus annonce à ses disciples ses souffrances et la mort qu’il allait accomplir à Jérusalem :
Deux autres fois, enfin, Luc mentionne cette montée vers Jérusalem :
Le Seigneur prend donc à part ses disciples et leur déclare explicitement ce qui l’attendait à Jérusalem pour que s’accomplissent les prophéties à son égard. En effet, “l’Esprit de Christ qui était en eux (les prophètes) rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient” 1 Pierre 1. 11. Pour que se réalisent toutes les promesses faites auparavant dans l‘évangile (Lazare recueilli dans le sein d’Abraham, le pardon du publicain, la vie éternelle dans le siècle qui vient, donnée aux disciples et à ceux qui croiraient en Christ), il fallait absolument la mort de Christ. C’est ce que notre bien-aimé Sauveur avait maintenant devant lui. L’ombre de la croix se projetait déjà sur son chemin.
Le Seigneur ouvre donc son cœur à ses disciples en leur parlant de ce qui l’attendait (versets 32, 33) 2. Il allait être livré aux nations. Matthieu et Marc soulignent la culpabilité des chefs du peuple (principaux sacrificateurs et scribes) qui le condamnent à mort avant de le livrer pour être crucifié. Luc (lui-même un gentil) met plus en lumière la culpabilité des nations. Si le monde entier (Juifs et Nations) était coupable devant Dieu de livrer son Fils, il subsiste qu’il a “été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu” Actes 2. 23 ; Christ aussi se livrait lui-même par amour pour chacun de ses rachetésGalates 2. 20 et pour son AssembléeÉphésiens 5. 25.
Le Seigneur allait être livré aux insultes et aux outrages des hommes (les moqueries, les injures, les crachats et le fouet). Il serait mis à mort, crucifié comme un malfaiteur et placé sous la malédiction de la loiDeutéronome 21. 22, 23.
Mais, après les douleurs de la mort, le Seigneur connaîtrait les joies de la résurrection, annoncées prophétiquement par David : “Car tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption… ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours” Psaume 16. 10, 11. Il serait ressuscité par la gloire du PèreRomains 6. 4, par sa propre puissance de Fils éternelJean 10. 18, vivifié par le Saint Esprit1 Pierre 3. 18. C’est au troisième jour que le Seigneur ressuscite d’entre les morts. L’expression se trouve quatorze fois dans les Écritures3. C’est le signe de Jonas déjà donné en témoignage aux juifs (11. 29).
Sur le moment, les disciples ne comprennent ni ce que le Seigneur leur disait, ni ce que les prophètes avaient écrit de lui (verset 34). Hélas, le Sauveur cherchait des consolateurs, mais n’en trouvait pas ; c’était encore l’accomplissement d’une prophétiePsaume 69. 21. Il fallait la mort et la résurrection de Christ pour que le cœur des disciples brûle et que leur intelligence soit ouverte (24. 32, 45).
Après la venue du Saint Esprit sur la terre, les disciples rendront témoignage avec puissance de ces vérités qui leur étaient cachées au moment où ils les avaient entendues de la bouche de leur Maître méconnu.
Le Seigneur avait annoncé aux disciples ses souffrances et sa mort. Cette déclaration termine cette partie de l’évangile qui annonçait l’introduction du nouvel ordre de choses célestes remplaçant la loi et ses ordonnances. L’évangéliste revient maintenant aux détails relatifs aux derniers jours du Seigneur sur la terre et à ses relations finales avec les Juifs.
Venant dans le voisinage de Jéricho, il y est reconnu comme Fils de David. Jéricho était la ville des palmiersDeutéronome 34. 3, arrosée par le Jourdain comme le jardin de l’ÉternelGenèse 13. 10. Après sa destruction par Josué, c’était une ville anathème à l’Éternel, figure de la malédiction.
Près de la ville, Jésus rencontre un aveugle qui mendiait et il le guérit. Ce miracle rapporté aussi dans les deux autres évangiles synoptiquesMatthieu 20. 29-34 ; Marc 10. 46-52 termine le service public du Seigneur sur la terre. En s’adressant particulièrement aux Juifs, Matthieu rapporte la guérison de deux aveugles : il apporte ainsi un témoignage complet (deux ou trois témoins) au dernier miracle du Seigneur. En contraste, les récits de Marc et de Luc rapportent la guérison d’un seul aveugle, Bartimée, fils de TiméeMarc 10. 46.
Bartimée était aveugle, habitait une ville maudite et vivait de mendicité. Avec lui se complète la description de l’homme pécheur, déjà commencée dans le tableau de l’état du publicain (verset 13), puis de l’homme riche (verset 22). Il entend parler de Jésus le Nazaréen, le nom de l’humiliation du Sauveur méprisé. Mais pour lui, c’est le Fils de David (verset 39), le Seigneur (verset 41).
Dans la simplicité de sa foi, il manifeste l’intelligence spirituelle qui manque complètement aux pharisiens de Jérusalem devant la question sans réponse : “Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils” Psaume 110. 1 ; Matthieu 22. 45 ? Personne ne pouvait faire cesser son appel à l’aide : “Fils de David, aie pitié de moi” (versets 38, 39), par lequel il exprime sa misère. C’était déjà le cri du publicain : “Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur” (verset 13). Bartimée manifeste ainsi la persévérance de la foi, attendant que le Seigneur fasse quelque chose pour lui, à l’inverse de l’homme riche qui voulait tout faire par lui-même.
Bartimée recouvre la vue par la puissance de celui qui, dans ce monde, était “la lumière du monde” Jean 9. 5. La réponse du Seigneur : “Ta foi t’a guéri (ou sauvé)” (verset 42) montre que non seulement les yeux de l’aveugle étaient ouverts à la lumière terrestre, mais que son cœur était illuminé de la lumière céleste. Sur-le-champ, il devient un disciple de Jésus et un adorateur de Dieu.
Prophétiquement, Bartimée représente aussi le résidu d’Israël rassemblé au nom du Messie, Fils de David et Roi d’Israël, lorsque ses yeux seront ouverts pour reconnaître celui que la nation a rejeté.