Il commençait au septième mois de la quarante neuvième année (la septième année sabbatique). Il se terminait le septième mois de la cinquantième année, ce qui laissait au peuple le temps nécessaire pour effectuer les travaux des champs, afin de récolter l’année suivante.
Le jubilé s’ouvrait au grand jour des expiations. Ce jour d’humiliation et de tristesse profondes était aussi celui de la liberté et de la joie. En effet, l’offrande des sacrifices après le son de la trompette proclamait le commencement de l’année de la miséricorde de l’Éternel et publiait la liberté à tous les habitants du pays (Ézéchiel appelle l’année du jubilé : “l’année de la liberté” Ézéchiel 46. 17).
Les propriétés “vendues” revenaient à leur ancien propriétaire (versets 13, 28). En fait, cela n’avait pas été réellement une vente puisque la terre appartenait à l’Éternel (verset 23) ; c’était plutôt le paiement de l’usufruit dont le montant était évalué selon le nombre de récoltes que la terre allait produire jusqu’au jubilé (versets 15, 16). D’ailleurs, la parenté avait l’obligation morale de racheter la terre (verset 25) Ruth 4. 1-6 ; Jérémie 32. 7 ; à défaut, un homme fortuné pouvait le faire (verset 26). Les maisons des villes n’étaient pas soumises au jubilé (versets 29-31), sans doute parce qu’elles n’avaient pas de terres annexées comme les maisons des villages (verset 31). Les Lévites faisaient l’objet, comme d’habitude, d’un statut particulier (versets 32, 34).
Les principes d’honnêteté et de générosité sont rappelés (versets 35-38). De plus, l’argent doit demeurer un moyen d’échange et non d’asservissement. En ne pratiquant ni intérêt ni usure, l’Israélite aisé permettait à la vie de son frère pauvre de s’épanouir.
La rédemption de l’esclavage est longuement décrite (versets 39-55). En Israël, l’esclavage était différent de celui que le peuple avait connu en ÉgypteExode 1. 13, 14. Dieu avait racheté son peuple d’Égypte pour qu’il le serveExode 19. 4-6, le jubilé rappelait cette délivrance et permettait d’en jouir à nouveau pour un temps.
Ainsi, tous les 49 ans, le jubilé donnait la possibilité de vivre un nouveau départ. La sagesse divine limitait ainsi l’imprévoyance des uns et l’égoïsme des autres. Sans ce coup d’arrêt à une exploitation débridée de l’homme par l’homme, Israël ne se serait pas distingué des peuples d’alentour. Hélas, Israël s’est vite conformé à euxÉsaïe 5. 8-10. Le jubilé visait à éviter une déchirure dans le corps social avec une classe de riches exploitant une masse de serfs privés de terres. Il mettait, de fait, la cellule familiale à l’abri d’une désagrégation complète (verset 25). Quelle sagesse et quelle miséricorde dans cette ordonnance, où, sans système policier, “luttes des classes” ou autre, une redistribution des richesses s’opérait par une simple obéissance à la volonté de Celui dont on avait tout reçu ! La société telle que l’Éternel la voulait n’était pas fondée (comme celle du monde actuel) sur l’accaparement des biens et leur consommation égoïste, mais sur la générosité et le renoncement. L’Éternel prévient même les inquiétudes de son peuple en promettant de pourvoir à ses besoins pendant les trois années où se feront sentir les conséquences du jubilé (verset 21).
Israël n’a pas bénéficié de la liberté et du repos que l’Éternel voulait lui accorder, incapable qu’il était d’obéir aux commandements de Dieu. L’esclavage a remplacé la libération. Juda s’en est allé en captivité, accablé et soumis à un dur esclavage, comme le rappelle Jérémie quand il décrit Jérusalem abandonnée et détruite par les armées babyloniennesLamentations de Jérémie 1. 3.
Mais, lorsque le peuple fidèle aura célébré collectivement le grand jour des expiationsZacharie 12. 10-14, alors Christ sortira du sanctuaire céleste pour inaugurer le règne millénaire et accorder au peuple les bénédictions annoncées par le jubilé : la remise des dettes du péchéÉsaïe 40. 1, 2, la délivrance de l’esclavage et la restauration nationale dans le pays où la terre jouira de ses sabbatsÉzéchiel 37. 21-27 ; Amos 9. 14, 15. Ce sera le “rétablissement de toutes choses” Actes 3. 21, en attendant la délivrance et le repos définitifs dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre2 Pierre 3. 13.
Quelques textes du N.T. illustrent la portée morale du jubilé pour le chrétien.
Enfin, l’esprit du jubilé détachera nos cœurs de possessions terrestres dans la perspective du retour du Seigneur (figuré par la cinquantième année).