Le livre du Lévitique se situe au cœur du Pentateuque. Après avoir donné la vie à l’homme (livre de la Genèse), et tiré un peuple de l’esclavage par la rédemption (livre de l’Exode), Dieu appelle ce peuple, par l’alliance conclue au Sinaï, à devenir “un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte” Exode 19. 6, c’est-à-dire à lui rendre culte dans un tabernacle nouvellement construit et à vivre pour lui plaire. Adoration et sanctification sont donc les deux thèmes clés du Lévitique.
Le nom du livre en français vient de son titre dans la version de la Septante1 (Léuitikon) ; il veut dire : “livre qui se rapporte aux Lévites”. Le mot “léuitès” peut désigner dans un sens plus restreint les sacrificateurs qui sortaient de la tribu de Lévi. Ce livre est donc avant tout destiné aux sacrificateurs dont il détaille les fonctions ; cependant, les lois qu’il édicte concernent aussi directement le peuple tout entier.
Ce livre répond aussi à la question : comment le Dieu saint peut-il habiter au milieu d’un peuple pécheur ? Comment le “trône de Dieu” Jérémie 17. 12 ne serait-il pas affecté par les fautes commises par son peuple ? Le grand jour des propitiations, placé au milieu du livre (chapitre 16), montre comment le représentant du peuple peut, une fois par an, rencontrer Dieu. Le sang qu’il apporte à cette occasion dans le lieu très saint assure le peuple du pardon des péchés commis.
La période pendant laquelle ces instructions ont été données à MoïseMatthieu 8. 1-4 s’étend sur un laps de temps assez courtExode 40. 2 ; Nombres 1. 1, vers 1500 av. J. C., quand le peuple d’Israël passe au Sinaï, après la sortie d’Égypte, évoquée comme une expérience toute récente (11. 45 ; 18. 3 ; 26. 45).
Dès le début du livre, “l’Éternel parle” depuis l’habitation dont il vient de prendre possession au milieu de son peupleExode 40. 34, 35. Le contenu du Lévitique est, avant tout, la parole de Dieu révélée directement à Moïse et écrite dans un ordre voulu par le Saint Esprit. L’expression : “Et l’Éternel parla à Moïse” revient vingt-sept fois.
On peut en distinguer cinq essentiels :
Les mots les plus fréquents dans le Lévitique sont : saint, pur, impur, péché, sanctifier, purifier, brûler … Le sens de ces mots est précis. Il est indispensable pour comprendre le texte de donner quelques définitions des mots les plus employés.
Ce qui est profane (ou ordinaire) se divise en deux groupes : ce qui est pur et ce qui est impur. Ainsi, dans le règne animal, on trouve des animaux purs et des animaux impurs. La pureté est alors définie comme l’état normal des choses et des personnes2.
La sanctification élève la pureté à la sainteté ; à l’inverse, la profanation fait descendre la sainteté non pas au niveau du profane, mais à celui de l’impureté. Plus la déviation de la pureté est marquée, plus le degré d’impureté est grand, plus le chemin du retour est long et difficile. Dans certains cas, le malade (le lépreux par exemple) est expulsé du camp, car impureté et sainteté ne peuvent cohabiter (7. 20, 21). La loi protège donc le lépreux d’un jugement définitif et lui offre un remède pour retrouver la présence de Dieu.
L’impureté était pour Israël incompatible avec son appel. Choisi par l’Éternel, tiré de l’immoralité de l’Égypte pour être le peuple de Dieu, Israël devait ressembler à son RédempteurMatthieu 5. 48.
Dès le début de son histoire, l’homme pécheur a offert à Dieu des sacrifices. Ainsi, parmi les offrandes mentionnées au début de l’A.T., on distingue :
Dans le livre du Lévitique, les sacrifices trouvent leur signification profonde. Ils constituent le moyen divin pour remédier à tout ce qui a altéré l’ordre, l’harmonie que Dieu voulait établir avec son peuple lors de l’alliance du Sinaï. Là où la maladie, la mort, le péché avaient introduit un processus de profanation et de dégradation, le sacrifice renverse ce processus : l’impur devient pur et Dieu peut rencontrer l’homme pécheur désormais justifié du péché commis (14. 6-8).
Dans ce travail de restauration, nous rencontrons :
Le mot offrande est un terme général qui comprend offrandes et sacrifices sanglants. On les regroupe en trois catégories :
La distinction est établie aussi entre :
Ces diverses offrandes évoquent pour le chrétien, sous leurs aspects multiples, “la seule offrande”, celle de Jésus ChristHébreux 10. 14.
Le péché est présenté comme une réalité quotidienne, dont la gravité est soulignée par ses nombreux aspects tout au long du livre : même involontaire, il rend l’homme impur (5. 2), sa contagion est rapide (11. 24 ; 15. 3, 4 ; 16. 16 ; 18. 27). L’Israélite est incapable de s’en défaire par lui-même.
La corruption de l’homme apparaît totale, soit par acte volontaire (5. 21, 22), soit par mélange (19. 19), soit par ignorance (5. 17). Les conséquences sont nombreuses : l’Éternel est lésé (5. 21 ; 20. 2, 3), il ne peut tolérer le péché (10. 10 ; 15. 31), il le juge (17. 4 ; 18. 25 ; 26. 14). La relation de l’Éternel avec l’Israélite ou avec son peuple est rompue (22. 3 ; 20. 3). N’y aurait-il plus d’espoir ? Au contraire, car là où le péché abonde, la grâce surabonde, et le livre du Lévitique nous montre que la réhabilitation est totale pour celui qui accepte la grâce que Dieu lui offre.
Le Lévitique est également riche en pensées qui développent le plan divin de la rédemption pour sauver l’homme ou le peuple de son péché. L’une des plus fréquentes est celle de la “propitiation” 3 qui revient une quarantaine de fois.
Dans ce livre, la présence de Dieu est toujours supposée. A certains moments, pour inaugurer la sacrificature (9. 23, 24) ou pour exercer le jugement (10. 2), la gloire de Dieu est matérialisée par la nuée et par la colonne de feu4. Mais, d’une manière générale, cette présence permanente est réalisée dans l’adoration (sujet que développent plus particulièrement les dix premiers chapitres), et dans la vie quotidienne et nationale (chapitres 11 à 27).
Les sacrifices offerts à l’autel des holocaustes se déroulent “devant l’Éternel”.
Dans le Lévitique, toute la vie de l’Israélite doit être vécue dans la présence de l’Éternel. Rien n’échappe à son regard. Le thème permanent du livre est : “Je suis l’Éternel votre Dieu”.
Tout ce qui relève du domaine de l’esprit (les rapports de l’Israélite avec Dieu et les idoles), du domaine affectif et relationnel (les rapports avec les voisins, le respect de l’autre), du domaine corporel (les impuretés etc.), tout cela est traité dans ce livre. Pour nous chrétiens, l’apôtre Paul résume ces prescriptions en un seul verset : “Que votre esprit et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre seigneur Jésus Christ” 1 Thessaloniciens 5. 23.
La présence de Dieu n’est pas inconditionnelle, mais liée à l’obéissance (26. 12). Dieu avertit son peuple des dangers qu’il court s’il abandonne sa loi (19. 14-32 ; 25. 17, 36-43) : la mort (17. 9, 10 ; 18. 29 ; 20. 5, 6) et un jugement terrible (26. 14-45).
Si elle est un des thèmes majeurs du livre de l’Exode, l’alliance sert aussi de cadre général au livre du Lévitique : Israël sauvé d’Égypte est appelé à devenir la nation sainte de l’ÉternelExode 19. 6. A ce titre, il doit se garder pur. Les bénédictions de la loi lui sont promises s’il garde les commandements de Dieu ; sinon, les malédictions annoncées tomberont sur lui (chapitre 26).
Les dix-sept premiers chapitres du Lévitique expliquent comment doit se dérouler l’adoration sous l’alliance. Les chapitres 18 à 27 montrent comment un peuple saint doit se conduire sous l’alliance. Le dernier verset du livre rappelle l’importance de cette alliance.
Le peuple de Dieu, hier comme aujourd’hui, sauvé de l’esclavage du péché et de la puissance de la mort, est appelé à la fois à la sainteté et à l’adoration de son Dieu.
Les trois offrandes volontaires
Les deux sacrifices pour le péché et pour le délit
En Lévitique 13. 13, 17, la maladie est grave, mais le malade n’est plus contagieux ; il est déclaré “pur”, car la maladie ne revêt plus un caractère d’impureté.
En Lévitique 13. 39, la maladie n’est pas grave ; elle ne revêt pas un caractère d’impureté et ne mérite pas qu’on s’en occupe.
Dans le N.T., le mot “propitiation” est mentionné deux fois dans la première épître de Jean (1 Jean 2. 1, 2 ; 1 Jean 4. 10). Là, le mot original “hilasmos” qualifie Jésus lui-même. Il est la propitiation. En vertu de sa valeur personnelle et de l’œuvre qu’il a accomplie à la croix, Dieu peut rencontrer l’homme, parce que la question du péché a été réglée. Cette propitiation est pour tous. Quand un homme se repent, il voit en Christ son substitut (ou remplaçant), alors il bénéficie du pardon, il est sauvé.
Le mot se retrouve en Hébreux 2. 17. Comme souverain sacrificateur, Christ est là pour placer et maintenir les croyants dans la faveur de Dieu. Après avoir répondu pleinement aux exigences divines en faisant la propitiation à la croix, il est capable et de nous comprendre et de nous aider à résister à la tentation.