Le tableau général des sept fêtes :
Ce chapitre pourrait s’intituler : “l’homme devant Dieu” ou “les cinquante-neuf fêtes annuelles dues à l’Éternel”.
La volonté de Dieu de rassembler son peuple, de l’amener au repos final se dévoile à travers ces fêtes successives. L’Éternel désirait avoir, autour de lui, le peuple qu’il avait choisi. Il voulait stimuler chez lui l’adoration et lui rappeler son privilège de servir le Dieu vivant. Ces fêtes étaient des “jours solennels” (versets 2, 4, 37, 44), “de saintes convocations” (versets 2, 3, 4, 7, 8, 21, 24, 27, 35, 36, 37) que le peuple devait observer pour le plaisir de l’Éternel et pour exprimer devant lui son identité et son unité.
En Égypte, le peuple ne pouvait ni se reposer, ni se réjouir devant l’Éternel. Délivré de l’esclavage de l’Égypte, ce peuple sauvé par le sang de l’agneau (la Pâque), est conduit à travers une série d’épisodes à connaître la sanctification (fête des pains sans levain), la puissance de la résurrection (la gerbe des prémices), la puissance du Saint Esprit (la fête des semaines ou la Pentecôte), le réveil (la fête des trompettes), la confession des péchés (le grand jour des propitiations), pour goûter la joie du repos dans la présence de Dieu (la fête des tabernacles).
Ces fêtes donnent donc une vision complète des desseins de Dieu à travers les âges pour son peuple terrestre avec lequel il a fait alliance. Des analogies nombreuses avec le N.T. nous permettent aussi d’en déduire des applications actuelles pour le peuple céleste qui est l’Église.
Ces scènes, assez souvent agricoles, ne couvrent qu’une partie de l’année juive. De septembre – octobre à mars – avril (du septième au premier mois), c’est la longue attente de l’hiver, marquée par des travaux de préparation. Tout commence au mois d’Abib1. Alors, en un mois, trois fêtes sont célébrées : la Pâque, la fête des pains sans levain, la gerbe des prémices2. Il fallait attendre le troisième mois pour célébrer la fête de la Pentecôte.
Enfin, au septième mois se déroulaient successivement la fête des trompettes, le grand jour des propitiations et la fête des tabernacles. Les relations entre le ciel et la terre, entre Dieu et l’homme, aboutissaient à la joie et au repos terrestre (ces fêtes sont aussi mentionnées en Exode 23, Nombres 28, 29 et Deutéronome 16).
Au temps du Seigneur, ces fêtes sont devenues les “fêtes des Juifs”. On célébrait des rites, mais la relation vivante avec l’Éternel était perdue. Le Seigneur lui-mêmeJean 7. 37 montre que la soif avait remplacé la joie et le repos de la fête des tabernacles.
L’expression : “Moi, je suis l’Éternel” conclut les divisions majeures de ces fêtes : les fêtes du printemps (versets 5-22) sont séparées de celles de l’automne (versets 23-43).
D’autres phrases au caractère répétitif introduisent des subdivisions, notamment : “Et l’Éternel parla à Moïse” (versets 1, 9, 23, 26, 33), ou encore : “C’est un statut perpétuel dans toutes vos habitations, en vos générations” (versets 14, 21, 31, 41).
On peut ainsi résumer la structure de ce remarquable chapitre qui développe les sept fêtes à l’Éternel :
Pourquoi commencer par le sabbat, puisqu’il se distingue nettement par son caractère de toutes les autres fêtes ? En effet, il était observé chaque semaine, alors que les autres fêtes se célébraient une fois par an seulement. Il se passait dans les habitations (verset 3), tandis que lors des autres fêtes, le peuple se rassemblait “au lieu choisi” Deutéronome 12. 14 ; 16. 6. Le repos du sabbat est plus complet que celui que l’Israélite observait lors des grandes fêtes où, généralement, seules les œuvres de service étaient interdites (versets 7, 8, 21, 25, 35, 36).
Le sabbat selon la pensée de Dieu n’a jamais été accompli. Le repos (c’est le sens du mot “sabbat”) est la première pensée de Dieu, mais la dernière quant à son accomplissement. Le repos de l’innocence fut rapidement troublé par le péché. Ainsi, depuis l’institution du sabbatGenèse 2. 1-3, il faut tout un cycle de fêtes pour retrouver le repos. On passe alors du septième jour (le jour du repos dans la création) au huitième jour (dernier jour de la fête des tabernacles, image du repos de Dieu dans la rédemption).
Le repos se définit comme une satisfaction, une plénitude que l’on éprouve dans la conscience d’une œuvre parfaitement accomplieExode 31. 17. C’est le cas de Dieu en ce qui concerne l’œuvre de la création. C’est le cas de Christ, quant à la rédemption, lorsque l’apôtre dit : “Christ s’est reposé du péché” 1 Pierre 4. 1, c’est-à-dire qu’il n’a plus à s’en occuper après le “C’est accompli” de la croix.
Dans ce chapitre, le repos du sabbat était la préparation morale nécessaire que l’Israélite observait dans sa maison pour célébrer les fêtes sans distraction. Partager le repos de Dieu était le privilège du peuple considéré comme l’invité de l’Éternel. Si ce sabbat rappelait sa délivrance de l’ÉgypteDeutéronome 5. 12-15, il était aussi le signe de son alliance avec l’ÉternelÉzéchiel 20. 13, 14.
L’épître aux Hébreux montre que cette alliance a vieilli, elle est près de disparaître, pour faire place à une meilleure allianceHébreux 8. 13. Le sabbat, ce signe de la première alliance, a été mis de côté. Il n’y a plus lieu de l’observer. Le repos n’est pas possible dans ce monde en dehors d’une relation vivante avec Dieu. Dès qu’il croit l’avoir trouvé, l’homme, insatisfait, se tourmente, s’étourdit, ou se replonge dans le travail. Le chrétien sait qu’il a, en Christ, le repos de la conscience délivrée de la condamnation du péché. Il jouit aussi du repos du cœur lorsqu’il se soumet de plein gré à la volonté divineMatthieu 11. 28-30. Il est alors délivré de la puissance du péché. A sa mort, il reçoit le repos du corps que Dieu donne aux siensApocalypse 14. 13. Mais en même temps, il se dirige vers un repos qu’il ne possède pas encoreHébreux 4. 1-9. Le plein repos ne peut être atteint que lorsque le péché est définitivement ôté. C’est le repos de la nouvelle création. Alors, le croyant est délivré de la présence du péché. Jouissons-nous pleinement de ce “si grand salut” ?
Le calendrier en Israël était organisé suivant une année civile et une année religieuse qui ne se superposaient pas. Cette dernière commençait au mois d’Abib ou de Nisan (mi-mars) parce que le peuple avait été délivré de l’Égypte à ce moment-là (Exode 12. 12). C’est d’après cette année-là que les fêtes se réglaient. L’année civile commençait au mois d’Ethanim ou de Tisri (mi-septembre). Elle servait pour dater le jubilé et les affaires civiles (25. 8-10).
Voir à ce sujet les compléments sur l’année juive et le tableau des sept fêtes.