Le récit de la mort de Nadab et d’Abihu (chapitre 10) s’enchaîne avec les instructions particulières données dans le chapitre 16, qui commence par ces mots : “Et l’Éternel parla à Moïse, après la mort des deux fils d’Aaron”.
Dans la parenthèse (chapitre 11 à 15), l’auteur inspiré introduit un long développement pour distinguer “entre ce qui est impur et ce qui est pur” (10. 10). Ainsi :
Les trois catégories d’animaux envisagées (11. 1-23) rappellent celles de la créationGenèse 1. 20-25 : les animaux terrestres (versets 1-8), aquatiques (versets 9-12) et volants (versets 13-23).
Vient ensuite l’impureté causée par le contact avec les animaux morts (versets 24, 27, 31, 32, 35, 39, 40) et la manière de s’en purifier. Cette impureté par contact apparaît, ici, moins grave que d’autres (toutefois un chapitre entier est consacré à ce danger en Nombres 19). Un simple lavage d’eau et un court délai suffisent pour retrouver la pureté “jusqu’au soir” (versets 24, 28, 32, 40).
Au contraire, le degré d’impureté à l’occasion d’une naissance est plus marqué : il nécessite non seulement un sacrifice mais aussi un délai plus long (12. 4-6).
Sur quels critères est fondée la distinction entre animaux purs et animaux impurs ? Bien des interprétations ont été avancées ; certaines invoquent l’hygiène, d’autres, la volonté de l’Éternel de faire disparaître les réminiscences cultuelles qu’Israël aurait pu garder de son séjour en Égypte. L’interprétation symbolique semble la plus satisfaisante. Par analogie avec la manière de vivre de ces animaux, l’Éternel illustrait la conduite morale qu’il attendait de l’Israélite. Par exemple, quand Dieu parle de l’animal qui rumine et qui a le sabot fendu, il veut faire prendre conscience de l’importance de la nourriture spirituelle sur la vie et sur la marche. Cette invitation est aussi valable pour nous, chrétiens, que pour l’Israélite.
Les animaux purs ont une morphologie définie qui correspond au milieu dans lequel ils évoluent. De plus, leur façon de se nourrir respecte le principe fondamental de ne pas boire de sang.
A l’inverse, les animaux qui ne répondent pas à ce double standard sont déclarés impurs. C’est le cas :
En présence de ces prescriptions, l’Israélite pouvait se poser bien des questions. Que se passerait-il s’il mangeait involontairement d’un animal impur ? Pouvait-il le toucher vivant ? Les animaux purs, une fois morts, étaient-ils impurs ?
Tout ce qui est du domaine de la mort – à l’exception des animaux offerts en sacrifice – était impur. L’animal mort ne devait être ni mangé, ni touché (versets 39, 40). Un animal impur vivant ne transmettait aucune impureté. Mais le corps mort de tout animal (pur ou impur) polluait tous ceux qui le touchaient. Les maladies et les défauts corporels pouvaient rendre impur (13. 3) ou exclure un sacrificateur du service du sanctuaire (21. 17).
L’Éternel rappelle à Israël sa vocation : comme Dieu a choisi certains animaux et les a déclarés purs, ainsi il a choisi un peuple parmi les nations pour être saint, c’est-à-dire non seulement il l’arrache au monde profane, mais il lui donne vocation de sainteté et le consacre à son service. Israël devait tout cela à la grâce.
Les ordonnances n’étaient pas arbitraires, mais elles provenaient d’une réalité morale : Israël avait, avec l’Éternel, une relation privilégiée qui faisait de lui un peuple unique. Observer ces prescriptions avec soumission et reconnaissance était une marque d’intelligence spirituelle. Tous les jours, dans sa vie quotidienne, dans ses rapports avec les païens, l’Israélite pouvait éprouver et montrer sa véritable identité.
Aujourd’hui, ces prescriptions légales sont caduques pour le chrétienMatthieu 15. 17-20 ; Marc 7. 19 ; 1 Corinthiens 10. 25. Toutefois, leur portée morale subsiste.
La distinction entre animaux purs et animaux impurs n’a plus lieu d’être. L’instaurer à nouveau serait revenir à un ordre de choses qui a vieilli et qui a disparuHébreux 8. 13. Pierre a dû apprendre cette vérité avant de rencontrer CorneilleActes 10. 28. A la conférence de Jérusalem, les non-Juifs sont exemptés de suivre la loi de Moïse et de pratiquer la circoncision. Mais la prescription de ne pas boire du sang, symbole de la vie qui appartient à Dieu, est maintenueActes 15. 28, 29, car si la distinction entre Israël et les nations est abolie, ce principe divin, qui date d’avant la loi et qui s’applique à tout homme, ne l’est pas2Genèse 9. 4.
Aujourd’hui, malgré l’absence d’ordonnances, le chrétien, à la manière de l’Israélite pieux, rend grâces à Dieu pour la nourriture qu’il reçoit de sa part1 Thessaloniciens 5. 18 ; 1 Timothée 4. 4. C’est ainsi que nos aliments sont sanctifiés.
Après avoir évoqué les cas d’impureté extérieure avec des animaux, la loi traite plusieurs cas de souillure intérieure, d’origine corporelle. Le péché n’est donc pas seulement lié à l’environnement, mais il a sa source en l’homme lui-même.
Après une période d’impureté plus ou moins longue, le mère qui vient de mettre au monde un enfant doit observer un temps de purification (verset 2). Elle offre un holocauste comme expression de sa reconnaissance envers l’Éternel qui lui a donné son enfant, et un sacrifice pour le péché pour éviter de rendre impur le sanctuaire (verset 6 ; 15. 31).
Marie, la mère de Jésus, obéit à cette prescription pour se purifier personnellementLuc 2. 22-24. A la différence de l’enfant (Jésus) qui venait de naître, elle n’avait pas de sainteté personnelle. Le sacrifice qu’elle offre (deux oiseaux, selon le verset 8) traduit à la fois son besoin de purification et sa pauvreté.
Bien des questions ont été soulevées à la lecture de cette loi. Pourquoi une femme est-elle souillée en enfantant ? Remarquons simplement qu’à trois reprises il est question du sang qui rend impur (versets 4, 5, 7). On peut penser qu’une perte de sang est à l’opposé de la vie que le sang même symbolise. Cette « anomalie » rend impur (15. 19) Luc 8. 43.
Pourquoi « le temps de retour » de l’impureté est-il deux fois plus long pour une fille que pour un garçon ? Peut-être la mère devait-elle porter par anticipation l’impureté de sa fille, elle-même future mère.
Lorsqu’un fils était né, il devait être circoncis le huitième jour (verset 3). Dieu confirmait ainsi à son peuple Israël le signe de mise à part pour lui déjà donné à AbrahamGenèse 17. 10. Pour nous, il s’agit de la circoncision du ChristColossiens 2. 11, symbole d’une vraie séparation de cœur pour lui.