Un temps de cinquante jours suivait la présentation de la première gerbe avant qu’une nouvelle fête marque la fin de la moissonExode 23. 16. L’Éternel avait donné la récolte dont l’étranger et le pauvre pourraient aussi bénéficier (verset 22). Suivait donc un nouveau temps de repos.
A cette occasion, on se rassemblait comme pour la PâqueDeutéronome 16. 9-12. Trois séries de sacrifices étaient offerts : l’holocauste quotidien du soir et du matin, des sacrifices propres à cette journéeNombres 28. 27-30, et ceux qui accompagnaient l’offrande des pains (versets 17-20). Alors qu’à la Pâque, l’Israélite devait affliger son âme, maintenant, il était invité à se réjouir dans la présence de l’Éternel.
L’Israélite aurait pu se demander pourquoi le levain, interdit dans les maisons lors de la Pâque, était ici autorisé. L’offrande pour le péché répondait à la présence du péché – le levain. Cependant sous l’action du feu, il perdait sa possibilité d’agir.
Cette fête, comprise sous l’en-tête : “Et l’Éternel parla à Moïse” (verset 9) est étroitement liée à la précédente. Qu’est-il arrivé après la mort et la résurrection de Christ ? Actes 2 nous donne la réponse. Ce jour-là, le Saint Esprit descend du ciel. Il habite alors dans chacun des croyants qu’il unit les uns aux autres en un seul corps. Quelle signification donner aux deux pains qui caractérisent cette fête ? A la Pentecôte, un nouveau témoignage (symbolisé par le chiffre deux) est constitué par le baptême du Saint Esprit. Israël, habitation terrestre, était mis de côté pour faire place à l’Église, habitation de Dieu par l’Esprit1. La présence du levain dans les pains indiquait que, si belle qu’ait pu être l’Église au commencement, l’existence du péché constituait, dès sa naissance, une menace continuelle. Très vite, ce levain allait agir :
Ce témoignage, malgré sa faiblesse – autre sens possible du chiffre deux – est appelé : “une offrande de gâteau nouvelle”, “les premiers fruits de l’Éternel” (versets 16, 17). Il est entièrement nouveau car Dieu a donné là “les prémices de l’Esprit” Romains 8. 23. Ce témoignage était composé de croyants qui avaient la même vie et la même nature que la gerbe des prémices. Ils sont “une sorte de prémices des créatures de Dieu” Jacques 1. 18. Ils vivent dans l’ancienne création (mais selon la puissance de vie de la nouvelle création) une vie de résurrection et de triomphe par la foi.
La Pentecôte a lieu au début du troisième mois. Pendant un intervalle d’environ quatre mois, le peuple ne reçoit aucune convocation. Cette interruption correspond, dans l’application prophétique des fêtes, à l’ère chrétienne. Le temps prophétique entre ces deux séries de fêtes, est interrompu par le refus du peuple de se repentir après la PentecôteActes 3. 19-21. La dernière trompette sonnera lors de l’enlèvement de l’Église1 Corinthiens 15. 52. Elle sera aussi le signal que Dieu veut rétablir des relations avec son peuple.
Prophétiquement, les trois fêtes qui suivent la Pentecôte – la fête des trompettes suivie du grand jour des propitiations et de la fête des tabernacles – ont leur accomplissement encore à venir. Pour l’Israélite, c’est le moment d’achever la moisson et de rentrer la récolte. Dans le champ, le pauvre et l’étranger s’affairent à glaner. La miséricorde divine assure aux plus démunis la possibilité de trouver un minimum de ressources. Ruth a su profiter de cette faveurRuth 2. 7, 17. Symboliquement, on a pu voir dans ces épis de blé laissés pour être glanés, à la fois le “résidu” d’Israël (le pauvre) et les croyants des nations convertis par l’évangile du royaume après l’enlèvement de l’Église (l’étranger).
Enfin, ces trois fêtes ont un caractère solennel plus marqué que les précédentes : quatre sabbats exceptionnels sont mentionnés au cours de ce septième mois (versets 25, 28, 35, 36).
Le peuple, endormi spirituellement pendant un long temps, sera réveillé par la Parole de Dieu (la trompette). Il se souviendra, alors, qu’il avait abandonné Dieu. Les trompettes2 qui avaient rythmé la vie du peuple ont cessé de retentir après la prise de Jérusalem en l’an 70 de notre ère. L’arc de triomphe érigé à Rome pour célébrer la victoire de Titus en porte le témoignage humiliant pour le peuple de Dieu : les sculptures montrent les trophées que les Romains avaient emportés (dont la table des pains et le chandelier).
Pourtant, après des siècles de dispersion et d’épreuves, Israël sera à nouveau partiellement rassemblé. En effet, si vous m’avez abandonné, si vous êtes tombés entre les mains de l’ennemi, dit l’Éternel, vous n’êtes pas rejetés pour toujoursÉzéchiel 16. 60-63 ; Ésaïe 49. 16. Sans doute, les événements préparatoires à la résurrection nationale du peuple juif se déroulent sous nos yeux en Israël ; mais ce n’est pas encore le moment où l’Esprit de Dieu agira, comme le présente l’allégorie des os rassemblésÉzéchiel 37. 9.
La fête des trompettes symbolise le réveil du peuple. Pourquoi doit-il se réveiller ? Pour se repentir et prendre conscience de la valeur de l’œuvre de Christ pour lui. Le peuple se rend compte que le Messie qu’il attendait est déjà venu. Alors, la prophétie d’Ésaïe 53 prendra tout son sens pour les Juifs fidèles qui diront : “Certainement, lui, a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs…” Ils trouvent alors dans la personne et l’œuvre de Christ à la croix “une source ouverte” Zacharie 13. 1 pour ôter la culpabilité de leurs péchés.
Le chapitre 16 avait détaillé le rituel de ce grand jour des expiations. Ici, les devoirs du peuple en rapport avec ce jour sont énumérés. L’accent est mis sur l’absence de toute œuvre (versets 28, 30), et sur la repentance (versets 27, 29, 32). Le peuple ne peut en rien participer à ce qui symbolise l’œuvre expiatoire de Christ. La conscience purifiée, les cœurs libérés, le peuple peut alors célébrer la fête des tabernacles, la fête de la joie et de la communion.
Les trompettes (Nombres10. 2-10), image pour le chrétien de la Parole de Dieu, étaient utilisées pour convoquer le peuple ou ses représentants à plusieurs occasions : avant d’aller à la guerre, au commencement de l’année civile.
Ce ne sont pas les mêmes que celles employées lors de la fête des trompettes et du jubilé. Le mot hébreu utilisé là, signifiait primitivement bélier, bouquetin ou un autre animal pur à cornes. Par extension, le mot a désigné l’instrument à vent, fait à partir d’une corne de bête pure (Exode 19. 13 ; Josué 6. 5).