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Le livre des Juges
Sondez les Écritures - 2e année

Juges 6. 1-21

Le troisième réveil. Gédéon, Thola et Jaïr

La victoire et le cantique de Débora et de Barak nous ont conduits au niveau moral le plus élevé du livre des Juges. Israël connaît quarante ans de repos1, figure du repos millénaire de la terre.

1. L’appel de Gédéon

Israël opprimé par Madian ; le message d’un prophète : versets 1-10

Mais, de nouveau, le peuple fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, qui le livre entre les mains de Madian. La Parole de Dieu par le prophète se réalise pour Israël : “Ton iniquité te châtie, et tes rébellions te reprennent ; et connais, et vois, que c’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Éternel, ton Dieu, et que ma crainte ne soit pas en toi, dit le Seigneur, l’Éternel des armées” Jérémie 2. 19.

Dans les circonstances antérieures, Israël avait été livré aux ennemis extérieurs (Aram et Moab), puis à ceux qui habitaient dans le pays même (Philistins et Cananéens). Maintenant, l’instrument du châtiment divin est Madian, peuple descendant d’Abraham2, associé à Amalek3 et aux fils de l’Orient. La misère matérielle d’Israël (figure de la misère morale qui peut nous atteindre) est extrême : l’esclavage, la défaite, la famine et le malheur. Sous le joug des Cananéens, Israël n’avait plus d’armes (5. 8). Sous celui de Madian, il n’a maintenant plus de nourriture. Si nous abandonnons la Parole de Dieu (à la fois notre arme et la nourriture de nos âmes) nous sommes dépouillés et affamés devant l’ennemi.

Au sein de la détresse, Israël crie à l’Éternel, qui lui envoie un prophète (dont le nom n’est pas donné), pour réveiller son cœur et sa conscience avant de le délivrer (verset 8).

Pour ramener le cœur du peuple vers Dieu, le message du prophète rappelle sept preuves des soins passés d’amour de Dieu envers Israël (versets 8-10) :

  • 1. le salut,
  • 2. la liberté,
  • 3. la délivrance,
  • 4. la protection,
  • 5. la victoire sur les ennemis,
  • 6. la possession de l’héritage,
  • 7. la promesse de la présence divine, suprême ressource.

Alors, la Parole de Dieu atteint la conscience du peuple : “Vous n’avez pas écouté ma voix”. C’était déjà le reproche de l’Ange de l’Éternel à Bokim (2. 2). Ne s’adresse-t-il pas aussi à nous aujourd’hui ?

L’appel de Gédéon : versets 11-17

Dans ce temps de ruine pour Israël, Dieu prépare maintenant dans le secret l’instrument de sa délivrance. Il descend en grâce au milieu de son peuple (“un ange de l’Éternel vint”) pour y rencontrer Gédéon et lui dire : “L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme” (verset 12).

Gédéon, fils de Joas, habitait Ophra, village du territoire de la demi-tribu de Manassé situé dans le pays. Son millier était le plus pauvre en Manassé, et lui-même était le plus petit dans la maison de son père (verset 15). Néanmoins, il n’avait pas pris son parti de la ruine d’Israël sous la domination de Madian. Associé de cœur à Israël, et gardant le souvenir des délivrances passées, il se cachait pour battre son blé dans le pressoir.

La souffrance du cœur de Gédéon sous l’oppression des ennemis le portait à penser à Dieu et aux relations du peuple avec Dieu, plutôt qu’à lui-même. La foi, même faible, produit de tels exercices. La visite de l’ange de l’Éternel révèle ainsi l’état de son cœur.

Dieu avait accompli pour Israël des merveilles ; le témoignage en avait été transmis à travers les générations. Comment le peuple de Dieu pouvait-il être maintenant tombé dans un tel état ? et pourquoi de telles choses lui étaient-elles arrivées ? Nous devons comprendre que l’état d’Israël aux jours de Gédéon est un fidèle reflet de celui de l’église aujourd’hui. Mais Gédéon reconnaît que c’est Dieu qui avait livré son peuple aux mains de Madian (verset 13). Au milieu des misères, conséquences des infidélités, la foi regarde vers Dieu. Là était la vraie force morale du faible instrument que Dieu préparait pour la délivrance du peuple : “Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ?” (verset 14)

La visite et l’appel de l’ange de l’Éternel donnent maintenant un but et une mission au serviteur dont le cœur était étreint par tant de pensées. Mais le lien de l’âme avec Dieu précède tout service, pour constituer ensuite le ressort de l’activité extérieure. L’Éternel répond à la foi de Gédéon pour l’encourager : “Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme” (verset 16). Gédéon demande néanmoins confirmation par un signe. Il le fera plusieurs fois, dans le cours de son service. Sans être de l’incrédulité, ce n’était pas une preuve de confiance tranquille en Dieu. Acceptons encore de nous reconnaître en lui ! Sur le moment, Dieu ne lui répond pas.

Le présent de Gédéon et le sacrifice : versets 18-21

Humble et conscient de sa faiblesse, Gédéon devait encore apprendre qu’il ne pouvait rien offrir à Dieu de lui-même. Il voulait lui apporter un présent (verset 18). Dieu ne méprise pas sa sincérité, mais se sert de l’imperfection même de son offrande pour lui enseigner que tout vient de Dieu et que le seul sacrifice acceptable était celui de Christ.

Gédéon apporte donc un chevreau cuit dans l’eau, avec le bouillon dans un pot, et des pains sans levain. Les bases étaient bonnes, mais l’offrande n’était pas préparée et présentée comme il convenait. Le sacrifice aurait dû être rôti au feu, et non pas cuit dans l’eauLévitique 3. 5.

L’Éternel ajoute alors ce qui manquait au sacrifice pour le rendre agréable pour lui : le feu, image du jugement, monte du rocher pour manifester les perfections de la victime et du sacrifice (verset 21). Pour Gédéon, c’est le dernier souvenir de la visite de l’ange, le vrai signe qui lui prouve que Dieu parlait avec lui (verset 17).

Encore aujourd’hui, Christ et sa mort sont le seul signe donné aux hommes : c’est le signe de JonasLuc 11. 29.

Alors l’ange de l’Éternel s’en va.

Conclusion

Que de leçons nous sont ainsi données dans ce simple récit !

D’un côté, se déploient les pensées de Dieu, pour le relèvement de son peuple infidèle, en lui envoyant un juge pour le délivrer :

  • 1. Dieu seul appelle à un service,
  • 2. Il se révèle à son serviteur,
  • 3. Dieu s’associe à lui,
  • 4. Il lui donne la force intérieure dans son âme,
  • 5. Enfin, il l’envoie : “Va avec cette force que tu as”.

De l’autre côté, les exercices de cœur de Gédéon :

  • 1. sa résistance aux sévices des ennemis,
  • 2. le souvenir des délivrances passées que Dieu avait opérées pour son peuple,
  • 3. la conscience de la ruine d’Israël, avec lequel il s’identifie pleinement,
  • 4. la profonde conviction de sa propre faiblesse. C’était là sa vraie force, comme l’apôtre Paul le réalisera plus tard2 Corinthiens 12. 10, une leçon que nous apprenons tout au long de la vie chrétienne.

Notes

1Une période de quarante ans est souvent le symbole d’un temps complet (d’épreuve par exemple).
2Madian était fils de Ketura, dernière femme d’Abraham (Genèse 25. 2). Ses descendants, s’établissant dans le sud du pays, se sont vite opposés à Israël. Ils étaient de connivence avec Moab pour louer les services de Balaam pour maudire le peuple. Ce péché (le mal ecclésiastique pour une récompense), d’une extrême gravité, est dénoncé à travers toute l’Écriture (Jude 11 ; Apocalypse 2. 14).
3Amalek est descendant d’Ésaü, frère de Jacob (Genèse 36. 12). C’est un autre ennemi implacable d’Israël.

Juges 6

1Et les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ; et l’Éternel les livra en la main de Madian pendant sept ans. 2Et la main de Madian fut forte sur Israël. À cause de Madian, les fils d’Israël se firent les antres qui sont dans les montagnes, et les cavernes, et les lieux forts. 3Et il arrivait que, quand Israël avait semé, Madian montait, et Amalek et les fils de l’orient ; et ils montaient contre lui. 4Et ils campaient contre eux, et détruisaient les produits du pays jusqu’à ce que tu viennes à Gaza, et ils ne laissaient point de vivres en Israël, ni moutona, ni bœuf, ni âne. 5Car ils montaient, eux et leurs troupeaux et leurs tentes ; ils venaient nombreux comme des sauterelles ; et eux et leurs chameaux étaient sans nombre ; et ils venaient dans le pays pour le ravager. 6Et Israël fut très appauvri à cause de Madian ; et les fils d’Israël crièrent à l’Éternel.

7Et il arriva que, lorsque les fils d’Israël crièrent à l’Éternel à cause de Madian, 8l’Éternel envoya aux fils d’Israël un prophète qui leur dit : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je vous ai fait monter d’Égypte, et je vous ai fait sortir de la maison de servitude, 9et je vous ai délivrés de la main des Égyptiens et de la main de tous vos oppresseurs ; et je les ai chassés de devant vous, et je vous ai donné leur pays. 10Et je vous ai dit : Moi, je suis l’Éternel, votre Dieu ; vous ne craindrez point les dieux de l’Amoréen, dans le pays duquel vous habitez. Et vous n’avez pas écouté ma voix.

11Et un ange de l’Éternel vint, et s’assit sous le térébinthe qui est à Ophra, lequel était à Joas, l’Abiézerite. Et Gédéon, son fils, battait du froment dans le pressoir, pour le mettre en sûreté de devant Madian. 12Et l’Ange de l’Éternel lui apparut, et lui dit : L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme. 13Et Gédéon lui dit : Ah ! mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont toutes ses merveilles que nos pères nous ont racontées, en disant : L’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Et maintenant l’Éternel nous a abandonnés, et nous a livrés en la main de Madian. 14Et l’Éternel le regarda, et [lui] dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ? 15– Et il lui dit : Ah ! Seigneur, avec quoi sauverai-je Israël ? Voici, mon millier est le plus pauvre en Manassé, et moi je suis le plus petit dans la maison de mon père. 16Et l’Éternel lui dit : Moi je seraib avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme. 17Et il lui dit : Je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe que c’est toi qui parles avec moi. 18Ne te retire pas d’ici, je te prie, jusqu’à ce que je vienne à toi, et que j’apporte mon présent et que je le dépose devant toi. Et il dit : Je m’assiérai jusqu’à ce que tu reviennes. 19Et Gédéon entra, et apprêta un chevreau et des pains sans levain d’un épha de farine ; il mit la chair dans un panier et mit le bouillon dans un pot, et les lui apporta sous le térébinthe, et les présenta. 20Et l’Ange de Dieu lui dit : Prends la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-là, et verse le bouillon. Et il fit ainsi. 21Et l’Ange de l’Éternel étendit le bout du bâton qu’il avait en sa main, et toucha la chair et les pains sans levain ; et le feu monta du rocher et consuma la chair et les pains sans levain. Et l’Ange de l’Éternel s’en alla de devant ses yeux.

Notes

aou : chèvre.
bou : Certainement je serai, comme Exode 3. 12.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)