La victoire et le cantique de Débora et de Barak nous ont conduits au niveau moral le plus élevé du livre des Juges. Israël connaît quarante ans de repos1, figure du repos millénaire de la terre.
Mais, de nouveau, le peuple fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, qui le livre entre les mains de Madian. La Parole de Dieu par le prophète se réalise pour Israël : “Ton iniquité te châtie, et tes rébellions te reprennent ; et connais, et vois, que c’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Éternel, ton Dieu, et que ma crainte ne soit pas en toi, dit le Seigneur, l’Éternel des armées” Jérémie 2. 19.
Dans les circonstances antérieures, Israël avait été livré aux ennemis extérieurs (Aram et Moab), puis à ceux qui habitaient dans le pays même (Philistins et Cananéens). Maintenant, l’instrument du châtiment divin est Madian, peuple descendant d’Abraham2, associé à Amalek3 et aux fils de l’Orient. La misère matérielle d’Israël (figure de la misère morale qui peut nous atteindre) est extrême : l’esclavage, la défaite, la famine et le malheur. Sous le joug des Cananéens, Israël n’avait plus d’armes (5. 8). Sous celui de Madian, il n’a maintenant plus de nourriture. Si nous abandonnons la Parole de Dieu (à la fois notre arme et la
Au sein de la détresse, Israël crie à l’Éternel, qui lui envoie un prophète (dont le nom n’est pas donné), pour réveiller son cœur et sa conscience avant de le délivrer (verset 8).
Pour ramener le cœur du peuple vers Dieu, le message du prophète rappelle sept preuves des soins passés d’amour de Dieu envers Israël (versets 8-10) :
Alors, la Parole de Dieu atteint la conscience du peuple : “Vous n’avez pas écouté ma voix”. C’était déjà le reproche de l’Ange de l’Éternel à Bokim (2. 2). Ne s’adresse-t-il pas aussi à nous aujourd’hui ?
Dans ce temps de ruine pour Israël, Dieu prépare maintenant dans le secret l’instrument de sa délivrance. Il descend en grâce au milieu de son peuple (“un ange de l’Éternel vint”) pour y rencontrer Gédéon et lui dire : “L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme” (verset 12).
Gédéon, fils de Joas, habitait Ophra, village du territoire de la demi-tribu de Manassé situé dans le pays. Son millier était le plus pauvre en Manassé, et lui-même était le plus petit dans la maison de son père (verset 15). Néanmoins, il n’avait pas pris son parti de la ruine d’Israël sous la domination de Madian. Associé de cœur à Israël, et gardant le souvenir des délivrances passées, il se cachait pour battre son blé dans le pressoir.
La souffrance du cœur de Gédéon sous l’oppression des ennemis le portait à penser à Dieu et aux relations du peuple avec Dieu, plutôt qu’à lui-même. La foi, même faible, produit de tels exercices. La visite de l’ange de l’Éternel révèle ainsi l’état de son cœur.
Dieu avait accompli pour Israël des merveilles ; le témoignage en avait été transmis à travers les générations. Comment le peuple de Dieu pouvait-il être maintenant tombé dans un tel état ? et pourquoi de telles choses lui étaient-elles arrivées ? Nous devons comprendre que l’état d’Israël aux jours de Gédéon est un fidèle reflet de celui de l’église aujourd’hui. Mais Gédéon reconnaît que c’est Dieu qui avait livré son peuple aux mains de Madian (verset 13). Au milieu des misères, conséquences des infidélités, la foi regarde vers Dieu. Là était la vraie force morale du faible instrument que Dieu préparait pour la délivrance du peuple : “Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ?” (verset 14)
La visite et l’appel de l’ange de l’Éternel donnent maintenant un but et une mission au serviteur dont le cœur était étreint par tant de pensées. Mais le lien de l’âme avec Dieu précède tout service, pour constituer ensuite le ressort de l’activité extérieure. L’Éternel répond à la foi de Gédéon pour l’encourager : “Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme” (verset 16). Gédéon demande néanmoins confirmation par un signe. Il le fera plusieurs fois, dans le cours de son service. Sans être de l’incrédulité, ce n’était pas une preuve de confiance tranquille en Dieu. Acceptons encore de nous reconnaître en lui ! Sur le moment, Dieu ne lui répond pas.
Humble et conscient de sa faiblesse, Gédéon devait encore apprendre qu’il ne pouvait rien offrir à Dieu de lui-même. Il voulait lui apporter un présent (verset 18). Dieu ne méprise pas sa sincérité, mais se sert de l’imperfection même de son offrande pour lui enseigner que tout vient de Dieu et que le seul sacrifice acceptable était celui de Christ.
Gédéon apporte donc un chevreau cuit dans l’eau, avec le bouillon dans un pot, et des pains sans levain. Les bases étaient bonnes, mais l’offrande n’était pas préparée et présentée comme il convenait. Le sacrifice aurait dû être rôti au feu, et non pas cuit dans l’eauLévitique 3. 5.
L’Éternel ajoute alors ce qui manquait au sacrifice pour le rendre agréable pour lui : le
Encore aujourd’hui, Christ et sa mort sont le seul signe donné aux hommes : c’est le signe de JonasLuc 11. 29.
Alors l’ange de l’Éternel s’en va.
Que de leçons nous sont ainsi données dans ce simple récit !
D’un côté, se déploient les pensées de Dieu, pour le relèvement de son peuple infidèle, en lui envoyant un juge pour le délivrer :
De l’autre côté, les exercices de cœur de Gédéon :