Après la flatterie du monde, Gédéon est aux prises avec celle de ses frères, qui lui demandent de dominer sur le peuple de Dieu. Gédéon refuse la proposition, pour lui comme pour son fils (Abimélec ne se souviendra guère de la volonté de son père). Accepter le sceptre du pouvoir, aurait été, en fait, renier l’Éternel comme le seul roi en Israël. Maintenant, pour les chrétiens, “dominer sur des héritages” 1 Pierre 5. 3, c’est refuser l’autorité de Christ sur son assemblée. Exercer un pouvoir, en oubliant l’imminence du retour du maître – “mon maître tarde à venir” Matthieu 24. 48, 49 – conduit inévitablement à l’oppression de ses frères.
Après avoir résisté au danger de saisir le pouvoir, Gédéon cède maintenant devant le piège de l’idolâtrie. Il fait la collecte des anneaux d’or des Madianites pour s’en faire un éphod, un mémorial de sa victoire, placé dans sa propre ville. On se souvient que l’éphod était, par excellence, le vêtement sacerdotal1. Constitué de matériaux de prix (or, bleu, pourpre, écarlate, fin coton) qui parlent tous des gloires de Christ, il est pour nous l’image de notre Souverain Sacrificateur dans le ciel, qui nous représente devant Dieu.
Gédéon avait bien bâti son premier autel (6. 24) à Ophra, en prenant par la foi la place de l’adorateur. Mais quel droit avait-il maintenant d’usurper le service de la famille d’Aaron dans la tribu de Lévi pour représenter Israël devant Dieu ? Son éphod devient un piège pour lui et pour le peuple, qui est entraîné dans l’idolâtrie. Le centre du rassemblement religieux du peuple se transporte à Ophra, alors que le tabernacle de Dieu était encore à Béthel et à Silo (20. 27 ; 21. 19)
Séparé de Dieu, le souvenir des délivrances devient une idole. Il en a été ainsi du serpent d’airainNombres 21. 9, auquel Juda brûlait de l’encens ; il a été mis en pièce par Ézéchias, sept cents ans plus tard2 Rois 18. 4. La chrétienté n’a pas échappé à ce danger : lorsque la puissance de la piété est remplacée par les formes extérieures, tout peut devenir un objet d’idolâtrie, même la croix de Christ.
Toutefois, Dieu demeure fidèle : Madian est abattu et Israël connaît quarante ans de repos (verset 28), tandis que Gédéon goûte une heureuse vieillesse, au milieu de sa nombreuse famille (verset 32).
Mais, après la mort du juge, Israël oublie de nouveau l’Éternel, le vrai Dieu, pour s’établir un faux dieu : Baal-Bérith (le Seigneur de l’alliance), un démon. L’ingratitude du peuple le conduit même à oublier Gédéon et tout le bien qu’il lui avait fait.
Dieu va-t-il se laisser sans témoignage au milieu d’une telle ruine ? Non, après la sombre parenthèse d’Abimélec (chapitre 9), il aura de nouveau pitié de son peuple (10. 16) et lui enverra un nouveau juge pour le délivrer.