“Et les fils d’Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel” (verset 6)
Entre les troisième et quatrième réveils du peuple, le Saint Esprit nous arrête sur les causes profondes de la misère d’Israël : l’abandon de l’Éternel pour servir les faux dieux et leurs idoles. La leçon morale est de toute importance pour nous.
C’est la seule fois dans tout le livre des Juges que l’idolâtrie est présentée dans toute son ampleur ; sept faux dieux sont mentionnés (verset 6) :
Dans l’empire romain païen, la fête des Saturnales (celle des semailles), célébrait la course ascendante du soleil à partir du solstice d’hiver. Elle a été transposée à tort dans la chrétienté pour donner la fête de Noël, en souvenir de la naissance du Sauveur.
Tous ces faux dieux étaient ceux des nations entourant la terre d’Israël ou habitant au milieu du peuple par suite de sa négligence. Chacune d’elles représente l’image d’un danger spécial pour les chrétiens :
Israël aurait été gardé du piège de l’idolâtrie, s’il s’était attaché à l’ÉternelDeutéronome 6. 5, pour obéir à ses commandements ; en particulier, s’abstenir de toute alliance avec les nationsDeutéronome 7. 1-6.
Il aurait dû en être de même pour l’assemblée sur la terre. Dans la fraîcheur du début, les croyants étaient pour Christ comme “un cœur et une âme” Actes 4. 32, complètement séparés du mondeActes 5. 13. Les épîtres aux sept assembléesApocalypse 2. 4, 13, 15 montrent que l’abandon du premier amour pour Christ (Éphèse) a entraîné l’amour du monde (Pergame), pour ouvrir la porte aux fausses doctrines. On a vu apparaître les œuvres et la doctrine des Nicolaïtes qui ont introduit le cléricalisme et le relâchement des mœurs dans l’assemblée (Thyatire).
Le gnosticisme, idéologie qui portait atteinte aux gloires de Christ, a produit de véritables ravages, en propageant des enseignements de démons1 Timothée 4. 1-3, associés au culte des anges et à la corruption.
L’arianisme niait la divinité de Christ ; il était cautionné par le monde politique qui protégeait une église, devenue globalement infidèle. Les fidèles témoins de Christ, comme Antipas et Athanase, étaient réduits au silence.
L’histoire générale de la chrétienté après la Réforme (annoncée prophétiquement par les lettres à Sardes, Philadelphie et Laodicée) a été aussi triste ; beaucoup de chrétiens se sont éloignés de Christ pour chercher la protection du monde.
Cette succession d’infidélités (présentée en figure dans le livre des Juges) culminera pour l’église professante à la fin de son histoire sur la terre. Lorsque Christ aura retiré les siens du monde à sa venue, la Babylone de la fin sera “devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde” Apocalypse 18. 2.
Rappelons-nous que derrière toute idolâtrie, effective ou spirituelle, se cachent Satan et les démons1 Corinthiens 10. 20. Pour échapper à ces mortels dangers, nous avons à tenir ferme le chef, Christ. C’est précisément l’exhortation rappelée aux ColossiensColossiens 2. 19, qui avaient été si bouleversés par les gnostiques. Elle est aussi actuelle pour nous qu’il y a deux mille ans.
L’Éternel vend Israël à ses ennemis. C’est un jugement déclaré plus tard par le prophète : “Éphraïm s’est attaché aux idoles ; laisse-le faire” Osée 4. 17.
Les Philistins et les fils d’Ammon écrasent d’abord tous les fils d’Israël à l’Orient du Jourdain en Galaad pendant dix-huit ans (verset 8). L’ennemi, dans sa lâcheté, attaque en priorité ceux qui sont les plus vulnérables, ceux qui ont perdu leur force au contact du monde. Notre sauvegarde est de se “conserver pur du monde” Jacques 1. 27. Tout Israël est dans une grande détresse (verset 9), lorsque les ennemis passent le Jourdain pour apporter la guerre au milieu même du pays.
Voilà le moment le plus triste, mais aussi le plus touchant de l’histoire du peuple. A la mesure même de l’infidélité et de la misère d’Israël, le travail de la grâce de Dieu s’approfondit dans la conscience. Le premier trait de ce travail est la confession (verset 10). Ils avaient péché contre Dieu, en l’abandonnant pour les idoles.
L’Éternel répond (versets 11-14) en leur rappelant les délivrances antérieures, répétant les mêmes paroles qu’à Bokim (2. 1-3).
Dans une sincère repentance, le peuple reconnaît la justice de Dieu dans le châtiment qui l’atteignait (verset 15) ; mais, en même temps, il abandonne le mal qui en était la cause (verset 16).
Comment Dieu pouvait-il demeurer insensible devant une telle détresse ? “Son âme fut en peine de la misère d’Israël” (verset 16). Merveilleuse confirmation de la parole du prophète : “S’il afflige, il a aussi compassion selon la grandeur de ses bontés” Lamentations de Jérémie 3. 31-33.
Rétabli dans sa conscience, Israël ne réalise pas encore ses vraies relations avec Dieu comme son peuple. Galaad, le premier touché par l’oppression des ennemis (verset 8), cherche un appui humain contre ceux-ci, disposé à se nommer un chef en oubliant la souveraineté divine. Jephté, le Galaadite, répondra à l’attente des princes (11. 9-11). On est loin de l’appel de Gédéon, lors du précédent réveil. Pourtant la scène se passe à Mitspa, précisément là où le peuple retrouvera plus tard avec Samuel la faveur de Dieu1 Samuel 7. 5, 6. Malgré sa faiblesse, Israël est à nouveau délivré.