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Le livre des Juges
Sondez les Écritures - 2e année

Juges 10. 6-18

Le quatrième réveil. Jephté, Ibtsan ; Élon et Abdon

“Et les fils d’Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel” (verset 6)

Entre les troisième et quatrième réveils du peuple, le Saint Esprit nous arrête sur les causes profondes de la misère d’Israël : l’abandon de l’Éternel pour servir les faux dieux et leurs idoles. La leçon morale est de toute importance pour nous.

1. L’état du peuple

L’ampleur de l’idolâtrie

C’est la seule fois dans tout le livre des Juges que l’idolâtrie est présentée dans toute son ampleur ; sept faux dieux sont mentionnés (verset 6) :

  • Les Baals. Le nom de Baal signifie maître, possesseur. C’était une divinité masculine, représentant le soleil et sa puissance créatrice.

Dans l’empire romain païen, la fête des Saturnales (celle des semailles), célébrait la course ascendante du soleil à partir du solstice d’hiver. Elle a été transposée à tort dans la chrétienté pour donner la fête de Noël, en souvenir de la naissance du Sauveur.

  • Les Ashtoreths. Astarté (représentant la lune) était la divinité féminine des Phéniciens, Philistins et Sidoniens.
  • Les dieux de Syrie (ou Aram). Rimmon2 Rois 5. 18 était l’idole des rois et des nobles en Syrie. Thammuz (probablement l’idole du soleil couchant), était un autre dieu de Syrie, adoré en plein cœur de Jérusalem au temps d’ÉzéchielÉzéchiel 8. 14.
  • Les dieux de Sidon. Les Phéniciens adoraient aussi Astarté1 Rois 11. 5, d’où est issue l’Aphrodite des Grecs, symbole de l’inconduite ; l’infidélité religieuse s’y associe immanquablement tôt ou tard.
  • Les dieux de Moab. Kemosh (11. 24) était un dieu de Moab et des fils d’Ammon.
  • Les dieux des fils d’Ammon. Moloc (ou Milcom1 Rois 11. 5), image du feu, était la principale divinité ammonite. Contrairement aux instructions formelles de la loiLévitique 18. 21, des sacrifices humains étaient offerts à cette idole monstrueuse2 Rois 23. 10.
  • Les dieux des Philistins. Dagon était leur idole nationale (16. 23) 1 Samuel 5. 2. Gaza et Asdod étaient les principaux lieux d’adoration.

Les nations idolâtres

Tous ces faux dieux étaient ceux des nations entourant la terre d’Israël ou habitant au milieu du peuple par suite de sa négligence. Chacune d’elles représente l’image d’un danger spécial pour les chrétiens :

  • L’Égypte est le monde de la nature (d’où Israël avait été délivré).
  • Moab et les fils d’Ammon (descendants de Lot) sont un type des ennemis du croyant ; en particulier la vieille nature, la chair qui est en lui.
  • Amalek (descendant d’Édom ou Ésaü, l’ennemi implacable de son frère Jacob) est un autre symbole des ennemis et de la chair active avec ses convoitises.
  • Babylone, dans la plaine de Shinhar, est le siège de l’idolâtrie religieuse.
  • Sodome, emportée par la corruption morale, est caractérisée par l’iniquité : “orgueil, abondance de pain et insouciant repos” Ézéchiel 16. 49.
  • Tyr et Sidon (la Phénicie) sont l’image de la gloire factice du monde, de l’emprise des affaires et du négoce.
  • L’Éthiopie est l’emblème de la misère morale.
  • L’Assyrie est le dernier ennemi public de Dieu et de son peuple.
  • Les Philistins sont un dernier symbole des ennemis intérieurs : la chair dans le croyant et les professants au milieu de la chrétienté. Leur activité s’est surtout fait sentir à partir de Jephté, pour culminer au temps de Samson (15. 11) et de Samuel lorsque l’arche est prise1 Samuel 4. 10, 11. David (image d’un plus grand que lui, Christ) délivrera Israël de leur emprise.

L’enseignement moral pour les chrétiens

Israël aurait été gardé du piège de l’idolâtrie, s’il s’était attaché à l’ÉternelDeutéronome 6. 5, pour obéir à ses commandements ; en particulier, s’abstenir de toute alliance avec les nationsDeutéronome 7. 1-6.

Il aurait dû en être de même pour l’assemblée sur la terre. Dans la fraîcheur du début, les croyants étaient pour Christ comme “un cœur et une âme” Actes 4. 32, complètement séparés du mondeActes 5. 13. Les épîtres aux sept assembléesApocalypse 2. 4, 13, 15 montrent que l’abandon du premier amour pour Christ (Éphèse) a entraîné l’amour du monde (Pergame), pour ouvrir la porte aux fausses doctrines. On a vu apparaître les œuvres et la doctrine des Nicolaïtes qui ont introduit le cléricalisme et le relâchement des mœurs dans l’assemblée (Thyatire).

Le gnosticisme, idéologie qui portait atteinte aux gloires de Christ, a produit de véritables ravages, en propageant des enseignements de démons1 Timothée 4. 1-3, associés au culte des anges et à la corruption.

L’arianisme niait la divinité de Christ ; il était cautionné par le monde politique qui protégeait une église, devenue globalement infidèle. Les fidèles témoins de Christ, comme Antipas et Athanase, étaient réduits au silence.

L’histoire générale de la chrétienté après la Réforme (annoncée prophétiquement par les lettres à Sardes, Philadelphie et Laodicée) a été aussi triste ; beaucoup de chrétiens se sont éloignés de Christ pour chercher la protection du monde.

Cette succession d’infidélités (présentée en figure dans le livre des Juges) culminera pour l’église professante à la fin de son histoire sur la terre. Lorsque Christ aura retiré les siens du monde à sa venue, la Babylone de la fin sera “devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde” Apocalypse 18. 2.

Rappelons-nous que derrière toute idolâtrie, effective ou spirituelle, se cachent Satan et les démons1 Corinthiens 10. 20. Pour échapper à ces mortels dangers, nous avons à tenir ferme le chef, Christ. C’est précisément l’exhortation rappelée aux ColossiensColossiens 2. 19, qui avaient été si bouleversés par les gnostiques. Elle est aussi actuelle pour nous qu’il y a deux mille ans.

Le jugement de l’Éternel sur Israël : versets 7-9

L’Éternel vend Israël à ses ennemis. C’est un jugement déclaré plus tard par le prophète : “Éphraïm s’est attaché aux idoles ; laisse-le faire” Osée 4. 17.

Les Philistins et les fils d’Ammon écrasent d’abord tous les fils d’Israël à l’Orient du Jourdain en Galaad pendant dix-huit ans (verset 8). L’ennemi, dans sa lâcheté, attaque en priorité ceux qui sont les plus vulnérables, ceux qui ont perdu leur force au contact du monde. Notre sauvegarde est de se “conserver pur du monde” Jacques 1. 27. Tout Israël est dans une grande détresse (verset 9), lorsque les ennemis passent le Jourdain pour apporter la guerre au milieu même du pays.

La repentance du peuple et la promesse d’une délivrance : versets 10-18

Voilà le moment le plus triste, mais aussi le plus touchant de l’histoire du peuple. A la mesure même de l’infidélité et de la misère d’Israël, le travail de la grâce de Dieu s’approfondit dans la conscience. Le premier trait de ce travail est la confession (verset 10). Ils avaient péché contre Dieu, en l’abandonnant pour les idoles.

L’Éternel répond (versets 11-14) en leur rappelant les délivrances antérieures, répétant les mêmes paroles qu’à Bokim (2. 1-3).

Dans une sincère repentance, le peuple reconnaît la justice de Dieu dans le châtiment qui l’atteignait (verset 15) ; mais, en même temps, il abandonne le mal qui en était la cause (verset 16).

Comment Dieu pouvait-il demeurer insensible devant une telle détresse ? “Son âme fut en peine de la misère d’Israël” (verset 16). Merveilleuse confirmation de la parole du prophète : “S’il afflige, il a aussi compassion selon la grandeur de ses bontés” Lamentations de Jérémie 3. 31-33.

Rétabli dans sa conscience, Israël ne réalise pas encore ses vraies relations avec Dieu comme son peuple. Galaad, le premier touché par l’oppression des ennemis (verset 8), cherche un appui humain contre ceux-ci, disposé à se nommer un chef en oubliant la souveraineté divine. Jephté, le Galaadite, répondra à l’attente des princes (11. 9-11). On est loin de l’appel de Gédéon, lors du précédent réveil. Pourtant la scène se passe à Mitspa, précisément là où le peuple retrouvera plus tard avec Samuel la faveur de Dieu1 Samuel 7. 5, 6. Malgré sa faiblesse, Israël est à nouveau délivré.

Juges 10

6Et les fils d’Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et ils servirent les Baals, et les Ashtorethsa, et les dieux de Syrieb, et les dieux de Sidon, et les dieux de Moab, et les dieux des fils d’Ammon, et les dieux des Philistins ; et ils abandonnèrent l’Éternel et ne le servirent pas. 7Et la colère de l’Éternel s’embrasa contre Israël, et il les vendit en la main des Philistins et en la main des fils d’Ammon, 8qui opprimèrent et écrasèrent les fils d’Israël cette année-là ; pendant 18 ans [ils écrasèrent] tous les fils d’Israël qui étaient au-delà du Jourdain, dans le pays des Amoréens, qui est en Galaad. 9Et les fils d’Ammon passèrent le Jourdain pour faire la guerre aussi contre Juda et contre Benjamin, et contre la maison d’Éphraïm. Et Israël fut dans une grande détresse.

10Et les fils d’Israël crièrent à l’Éternel, disant : Nous avons péché contre toi ; car nous avons abandonné notre Dieu, et nous avons servi les Baals. 11Et l’Éternel dit aux fils d’Israël : [Ne vous ai-je] pas [délivrés] des Égyptiens, et des Amoréens, des fils d’Ammon, et des Philistins ? 12Et les Sidoniens, et Amalek, et Maon, vous ont opprimés, et vous avez crié vers moi, et je vous ai sauvés de leur main. 13Mais vous, vous m’avez abandonné, et vous avez servi d’autres dieux ; c’est pourquoi je ne vous sauverai plus. 14Allez, et criez aux dieux que vous avez choisis ; eux, vous sauveront au temps de votre détresse ! 15Et les fils d’Israël dirent à l’Éternel : Nous avons péché ; fais-nous selon tout ce qui sera bon à tes yeux ; seulement, nous te prions, délivre-nous ce jour-ci. 16Et ils ôtèrent du milieu d’eux les dieux étrangers, et servirent l’Éternel ; et son âme fut en peine de la misère d’Israël. 17Et les fils d’Ammon se rassemblèrent, et campèrent en Galaad ; et les fils d’Israël s’assemblèrent, et campèrent à Mitspa. 18Et le peuple, les princes de Galaad, se dirent l’un à l’autre : Quel est l’homme qui commencera à faire la guerre contre les fils d’Ammon ? Il sera chef de tous les habitants de Galaad.

Notes

aou : les Baals, au pluriel, nom générique des divinités masculines, les Ashtoreths (les Astartés), divinités féminines.
bhéb. : Aram.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)