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Le livre des Juges
Sondez les Écritures - 2e année

Juges 7. 23 - 8. 21

Le troisième réveil. Gédéon, Thola et Jaïr

4. Difficultés et pièges après la victoire (1)

Il en est souvent ainsi dans la vie chrétienne. Tous sont d’un même cœur pendant le combat. Puis, après la victoire, l’énergie de la foi se relâche et les discordances apparaissent parmi le peuple de Dieu, qui tombe même à la fin dans l’idolâtrie.

Gédéon et Éphraïm : 7. 23-8. 3

Après la victoire de Gédéon et de ses trois cents fidèles compagnons, les hommes d’Israël se joignent à eux pour poursuivre Madian. La foi et la fidélité dans le témoignage peuvent ainsi avoir une heureuse influence sur d’autres1. Trois tribus donc (Nephthali, Aser et Manassé2) participent spontanément à la poursuite de Madian.

Par contre, il faut un appel particulier à Éphraïm pour le décider à se joindre à ses frères pour le combat. Toutefois, leur aide est efficace pour couper la retraite des ennemis, puis exercer le jugement sur les deux princes de Madian, Oreb (dont le nom signifie corbeau) et Zeëb (le loup). L’importance et la portée prophétique de cette victoire sont même soulignées dans un psaumePsaume 83. 12.

Après le combat, Éphraïm conteste fortement avec Gédéon, dans un esprit de jalousie. Cette tendance à l’esprit hautain s’était déjà manifestée au temps de Josué. Éphraïm, conscient de sa propre importance, se considérait déjà comme un peuple nombreux et voulait augmenter son héritage sans combattreJosué 17. 14-18. Il faudra attendre des temps futurs pour qu’Ephraïm soit finalement débarrassé de ses tendances : “Et la jalousie d’Ephraïm s’en ira… Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda” Ésaïe 11. 13.

Que le Seigneur nous garde des désastreux effets de la jalousie dans nos rapports avec les frères ! L’esprit d’humilité est une sauvegarde, dont Gédéon donne ici un touchant exemple. S’oubliant lui-même, il souligne ce qu’Ephraïm avait fait pour coopérer à la victoire (8. 2, 3). C’est ainsi qu’ “une réponse douce détourne la fureur” Proverbes 15. 1. Voir Christ dans nos frères, voilà le vrai baume qui apaise les contestations trop fréquentes parmi nous.

L’exemple de Gédéon est d’autant plus important pour nous, qu’il n’a pas été imité plus tard par Jephté, placé dans des circonstances comparables. Pour lui “la parole blessante excite la colère”, et quarante- deux mille personnes d’Ephraïm perdront la vie dans un douloureux conflit (12. 1-6).

Succoth et Penuel : versets 4-9

D’autres épreuves, plus dures encore, attendaient Gédéon et les trois cents hommes avec lui, “fatigués, mais poursuivant toujours” (v. 4). Après la jalousie d’Ephraïm, c’est le mépris et le rejet de deux villes en Israël, Succoth et Penuel.

Ces deux villes de Penuel (probablement Peniel, dont le nom signifie “face de Dieu”) et Succoth (“cabanes”), près du torrent de Jabbok (au-delà du Jourdain), avaient joué un rôle important dans l’histoire du patriarche JacobGenèse 32. 30 ; 33. 17. Elles se trouvaient maintenant dans le territoire de Gad. Au lieu de la communion avec Dieu (Peniel), leurs habitants cherchent les alliances avec le monde et refusent de se compromettre pour la cause d’Israël. Le caractère d’étranger se perd lorsque le voyageur recherche ses aises dans le monde (Succoth). Telle sont les tristes conséquences de la mondanité de ceux qui avaient méprisé le pays promis pour lui préférer les plaines de Galaad.

Leur attitude n’arrête pas Gédéon dans la poursuite des ennemis d’Israël. Le jugement des villes rebelles viendra plus tard. Ni la fatigue, ni le mépris des faux frères ne devraient arrêter l’énergie de notre foi.

La capture de Zébakh et Tsalmunna : versets 10-12

Pour remporter la victoire à Karkor, Gédéon “monte par le chemin de ceux qui habitent dans les tentes” (verset 11), le chemin des voyageurs. Pour vaincre le monde, le croyant doit conserver son caractère de pèlerin céleste. C’est précisément ce que Jacob avait oublié autrefois à Succoth, lorsqu’il avait bâti une maison pour lui et des cabanes pour son bétail.

En définitive, la “sécurité” du camp de Madian est changée en “déroute”, et les deux rois Zébakh et Tsalmunna sont faits prisonniers.

Le jugement : versets 13-21

“Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu” 1 Pierre 4. 17. Aussi Gédéon règle-t-il d’abord le cas de Succoth et Penuel (comme il le leur avait annoncé), avant de mettre à mort les rois de Madian.

  • Succoth et Penuel : versets 13-17

Un jeune garçon de Succoth vend les anciens de sa ville. Leur bouche est fermée devant Gédéon et leur jugement est un enseignement pour les hommes de la ville (verset 16). La tour de Penuel, orgueil de la ville, est aussi détruite et ses habitants périssent. Ces terribles jugements sont en proportion de la faute impardonnable des deux villes. N’en tirons pas pour autant la conclusion que le chrétien est libre de se venger lui-même, car Dieu seul est le “Dieu des rétributions” Jérémie 51. 56 ; Romains 12. 19. Néanmoins, l’assemblée est responsable de maintenir la sainteté de la maison de Dieu sur la terre, par la discipline1 Corinthiens 5. 13.

  • Zébakh et Tsalmunna : versets 18-21

Gédéon se retourne alors vers les rois de Madian pour exercer le jugement : ils essaient d’y échapper par la flatterie, en exaltant la beauté de Gédéon et de ses frères (verset 18), comme aussi sa force (verset 21). Leur conduite est conforme à la déclaration du psalmiste : “C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils flattent de leur langue” Psaume 5. 10 ; vérité reprise par l’apôtre Paul pour établir la culpabilité de l’homme devant DieuRomains 3. 13. En effet, quelle arme subtile et dangereuse dans la main de Satan que la flatterie du monde (et même des frères).

En même temps, n’était-il pas exact qu’il y avait des traits de noblesse en Gédéon, serviteur de Dieu (“comme la figure d’un roi”) ? Le chrétien fidèle ne cherche pas à se mettre en valeur devant les hommes, mais s’il marche devant Dieu, le monde même reconnaîtra sa dignité morale. Ainsi, les fils de Heth avaient rendu à Abraham (étranger parmi eux) ce beau témoignage : “Tu es un prince de Dieu au milieu de nous” Genèse 23. 4, 6.

Gédéon confie alors le jugement des rois à son jeune fils, Jéther, qui se récuse sous l’empire de la frayeur. Était-ce là une sage initiative de la part de Gédéon ? Un enfant doit d’abord aller à l’école avant de manier l’épée.

Lorsqu’il exerce finalement lui-même le jugement, Gédéon manifeste déjà qu’il est déchu de sa propre fermeté2 Pierre 3. 17 : il prend pour lui les petites lunes (des amulettes) qui étaient au cou des chameaux des rois madianites. La semence de l’idolâtrie germait déjà dans le cœur du juge, au moment même où la victoire complète sur les ennemis était consacrée par la mort de leurs rois.

Notes

1A cet égard, on se rappellera le cas encourageant de Caleb et sa famille.
2C’est précisément de ces trois tribus (avec Zabulon) que les trente-deux mille hommes étaient précédemment montés à la rencontre de Gédéon (6. 35).

Juges 7

23Et les hommes d’Israël se rassemblèrent, de Nephthali, et d’Aser, et de tout Manassé, et poursuivirent Madian. 24Et Gédéon envoya des messagers dans toute la montagne d’Éphraïm, pour dire : Descendez à la rencontre de Madian, et enlevez-leur les eaux jusqu’à Beth-Bara, et le Jourdain. Et tous les hommes d’Éphraïm se rassemblèrent, et s’emparèrent des eaux jusqu’à Beth-Bara, et du Jourdain. 25Et ils prirent les deux princes de Madian, Oreb et Zeëb ; et ils tuèrent Oreb au rocher d’Oreb, et ils tuèrent Zeëb au pressoir de Zeëb. Et ils poursuivirent Madian, et apportèrent les têtes d’Oreb et de Zeëb, à Gédéon, de l’autre côté du Jourdain.

Juges 8

1Et les hommes d’Éphraïm lui dirent : Que nous as-tu fait, de ne pas nous avoir appelés lorsque tu es allé faire la guerre contre Madian ? Et ils contestèrent fortement avec lui. 2Et il leur dit : Qu’ai-je fait maintenant en comparaison de vous ? Les grappillages d’Éphraïm ne sont-ils pas meilleurs que la vendange d’Abiézer ? 3Dieu a livré en votre main les princes de Madian, Oreb et Zeëb ; et qu’ai-je pu faire en comparaison de vous ? Alors leur esprit s’apaisa envers lui, quand il [leur] eut dit cette parole.

4Et Gédéon vint au Jourdain, [et] le passa, lui et les 300 hommes qui étaient avec lui, fatigués, mais poursuivant toujours. 5Et il dit aux hommes de Succoth : Donnez, je vous prie, des painsa au peuple qui me suit, car ils sont fatigués ; et je poursuis Zébakh et Tsalmunna, rois de Madian. 6Et les principaux de Succoth dirent : La paume de Zébakh et celle de Tsalmunna sont-elles déjà en ta main, que nous donnions du pain à ton armée ? 7Et Gédéon dit : À cause de cela, dès que l’Éternel aura livré Zébakh et Tsalmunna en ma main, je broierai votre chair avec des épines du désert et avec des chardons. 8Et de là il monta à Penuel, et leur parla de la même manière. Et les hommes de Penuel lui répondirent comme les hommes de Succoth avaient répondu. 9Et il parla de même aux hommes de Penuel, en disant : Quand je reviendrai en paix, je démolirai cette tour.

10Et Zébakh et Tsalmunna étaient à Karkor, et leurs camps avec eux, environ 15 000 [hommes], tous ceux qui restaient de tout le camp des fils de l’orient ; car il en était tombé 120 000 hommes tirant l’épée. 11Et Gédéon monta par le chemin de ceux qui habitent dans les tentes, à l’orient de Nobakh et de Jogbeha, et il frappa le camp ; et le camp était en sécurité. 12Et Zébakh et Tsalmunna s’enfuirent, et il les poursuivit, et prit les deux rois de Madian, Zébakh et Tsalmunna, et mit tout leur camp en déroute.

13Et Gédéon, fils de Joas, revint de la bataille, de la montée de Hérèsb. 14Et il saisit un jeune garçon d’entre les hommes de Succoth, et l’interrogea ; et le [garçon] lui mit par écrit les principaux de Succoth et ses anciens, 77 hommes. 15Et il vint vers les hommes de Succoth, et dit : Voici Zébakh et Tsalmunna, au sujet desquels vous m’avez insulté, disant : La paume de Zébakh et celle de Tsalmunna sont-elles déjà en ta main, que nous donnions du pain à tes hommes fatigués ? 16Et il prit les anciens de la ville, et des épines du désert et des chardons, et enseigna par eux les hommes de Succoth. 17Et il démolit la tour de Penuel, et tua les hommes de la ville.

18Et il dit à Zébakh et à Tsalmunna : Comment étaient les hommes que vous avez tués à Thabor ? Et ils dirent : Comme toi, tels ils étaient ; chacun d’eux comme la figure d’un fils de roi. 19Et il dit : C’étaient mes frères, fils de ma mère. L’Éternel est vivant, si vous les aviez laissés vivre, je ne vous tuerais pas ! 20Et il dit à Jéther, son premier-né : Lève-toi, tue-les. Mais le jeune garçon ne tirait pas son épée, parce qu’il avait peur, car il était encore un jeune garçon. 21Et Zébakh et Tsalmunna dirent : Lève-toi, toi-même, et jette-toi sur nous ; car tel qu’est l’homme, telle est sa force. Et Gédéon se leva et tua Zébakh et Tsalmunna, et prit les petites lunes qui étaient aux cous de leurs chameaux.

Notes

alitt. : des gâteaux de pain.
bselon qqs. : avant le lever du soleil.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)