L’histoire détaillée du peuple de Dieu au temps des Juges (chapitres 3-16) est précédée par l’exposé de l’état du peuple, son déclin et sa ruine (chapitres 1, 2) ; elle est complétée par un tableau de l’état moral d’Israël : idolâtrie, violence et corruption (chapitres 17-21).
Après la mort de Josué, le peuple ayant abandonné Guilgal (figure du jugement de la chair en nous, croyants), rencontre l’Ange de l’Éternel à Bokim (le lieu des pleurs). Aucune nouvelle conquête du pays n’est rapportée. Israël est confronté à des ennemis, que Dieu laisse subsister au milieu de lui pour le châtier et l’éprouver, selon trois critères :
Quelques traits remarquables de l’histoire des douze juges méritent d’être rappelés.
Gédéon, Barak, Samson et Jephté sont nommés dans la lignée des hommes de foiHébreux 11. 32. Pour chacun d’eux, un trait moral ou une circonstance parle à nos cœurs de Christ.
Israël est plusieurs fois livré par Dieu à ses ennemis, comme châtiment à cause de ses infidélités (l’idolâtrie en particulier). Alors, l’Éternel envoie un juge pour délivrer son peuple. Il est très instructif de suivre la sagesse de Dieu qui choisit les instruments de son jugement d’une manière adaptée à l’état de son peuple.
Ces deux groupes d’ennemis habitaient en dehors du territoire d’Israël. En gardant ses frontières, et notamment les gués du Jourdain, le peuple était en sécurité. La leçon est simple et importante pour le chrétien : le jugement de soi-même (symbolisé par le Jourdain et Guilgal) nous préserve du monde religieux et des attaques de nos ennemis spirituels.
Les trois premiers juges (Othniel, Éhud et Shamgar) agissent personnellement pour le bien du peuple, sans son intervention. C’est un privilège pour un serviteur du Seigneur de travailler de la part de son maître pour le bien des saints.
Plus tard, Barak (avec Débora) et Gédéon sont associés à Israël, qui participe maintenant aux combats. Un peuple de bonne volonté (5. 11), en grand nombre (trente-deux mille hommes : 7. 3) répond à l’appel de ces deux juges.
Après la triste parenthèse d’Abimélec (qui n’est pas appelé un juge), Israël a connu paix et prospérité aux jours de Thola et de Jaïr.
Jephté n’est pas appelé par Dieu directement ; mais, conduit par l’Esprit de Dieu, il a été un instrument de délivrance. Néanmoins, la guerre civile a ravagé le peuple, sans toutefois briser encore son unité. Aux jours d’Ibtsan, Élon et Abdon, Israël a connu la tranquillité, avant la venue du dernier juge, Samson. Son appel par Dieu est le plus remarquable et le plus touchant ; mais son histoire est la plus triste, au milieu d’un “peuple… ravagé” Ésaïe 18. 7, subjugué par ses ennemis. Non seulement personne ne s’associe à Samson dans les combats (il est entièrement seul), mais les hommes de Juda se tournent même contre lui pour le livrer aux Philistins. La mort de Samson termine la longue histoire des douze juges d’Israël, solennelle et instructive (16. 31). Barak avait vaincu les ennemis ; Samson est maintenant vaincu par les Philistins et tombe entre leurs mains. Samson en prison ne chante pas comme Débora, mais implore pour sa vengeance. Quel changement ! La seule ressource de la foi est de s’attacher à l’Éternel “qui, dans notre bas état, s’est souvenu de nous, car sa bonté demeure à toujours” Psaume 136. 23.
Les récits qui terminent le livre ne suivent pas l’ordre chronologique.
L’idolâtrie et la violence sont signalées dans les tribus d’Éphraïm et de Dan, comme exemple de l’état général du peuple. Jonathan, petit-fils de Moïse, encourage l’adoration des idoles.
L’immoralité de Guibha de Benjamin dévoile l’état moral d’Israël, peu de temps après la mort de Josué (Phinées, fils d’Éléazar, petit-fils d’Aaron, était encore en vie).
En résumé, l’iniquité prévalait, et “chacun faisait ce qui était bon à ses yeux” (17. 6 ; 21. 25). L’histoire si touchante de Ruth, rattachée à celle des Juges, montre toutefois que la grâce de Dieu surabonde, là où le péché de l’homme abonde.
Dieu a supporté son peuple avec une admirable patience : sa sainteté et sa justice exigeaient de le châtier toutes les fois que cela était nécessaire ; mais son amour demeurait immuable : “Son âme fut en peine de la misère d’Israël” (10. 16). Au temps des Juges, le peuple n’a pas connu de délivrances durables et son état a constamment décliné, jusqu’aux jours de Samuel (le dernier juge) où l’arche de Dieu est prise et tout est perdu, à vue humaine. Alors, la grâce divine intervient pour relever son peuple à Mitspa, et le préparer pour recevoir David, le roi selon le cœur de Dieu.