La Parole complète l’histoire d’Israël au temps des Juges par deux tableaux :
Le premier tableau est celui du péché de l’homme, qui abonde ; le second celui de la grâce de Dieu, qui surabondeRomains 5. 20.
Dieu ne prend jamais à la légère les fautes des siens ; il les châtie selon sa justice et son amour envers eux. Mais son but final est de les bénir, dans la multitude de ses compassionsDeutéronome 8. 16 ; Lamentations de Jérémie 3. 32. Il est bon de ne pas perdre ces vérités de vue, en abordant la méditation des récits qui nous dévoilent la profondeur de la misère et de la déchéance du peuple même de Dieu.
La fin du livre des Juges (chapitre 17-21) ne suit pas l’ordre chronologique de l’histoire du peuple, ainsi qu’en témoignent trois faits particuliers :
La longue période des Juges (au moins quatre cents ans) est caractérisée par deux expressions :
Le temps n’est pas encore venu où Israël demande un roi à Samuel en rejetant l’Éternel1 Samuel 8. 5, 7. Mais le peuple est déjà lassé du gouvernement divin, qui le distinguait de toutes les autres nations.
L’Église sur la terre est aussi différente de tout système humain. Si, comme Samson, elle livre son secret au monde, elle prouve qu’elle a abandonné sa relation avec Christ. Elle a perdu sa place de témoin.
Dans la mesure où l’autorité de Dieu et de sa Parole est perdue de vue (ou même rejetée), chacun agit selon sa propre volonté : c’est là faire chacun ce qui est bon à ses yeux. Certains prétendent suivre les directions de leur conscience ; celle-ci est un juge, mais non un guide infaillible. Il est de toute importance de garder une conscience pure et délicate, devant Dieu et devant les hommes ; par elle, la lumière divine pénètre dans notre cœur, pour nous donner la connaissance du bien et du mal. Mais le seul guide de notre vie demeure la Parole de Dieu, révélée à nos âmes par le Saint Esprit.
La liberté chrétienne individuelle (précieuse à sa place) n’exclut pas la responsabilité de chacun, comme membre du corps de Christ, d’agir pour maintenir l’unité de l’EspritÉphésiens 4. 3. L’oubli de ces vérités, aussi simples qu’essentielles, a certainement contribué à la faiblesse et à la confusion actuelles.
Le peuple d’Israël était tombé collectivement dans l’idolâtrie, en servant les Baals et les Ashtoreths. Le récit de Michée et de sa mère (chapitre 17) montre maintenant comment les maisons en Israël avaient été envahies et corrompues par cette gangrène idolâtre.
Et l’idolâtrie, qui est un mensonge, s’associe naturellement à la violence, l’autre caractère de Satan, qui est menteur et meurtrier. Cet autre aspect du mal en Israël apparaît dans l’histoire de la tribu de Dan (chapitre 18).
Michée, un homme de la montagne d’Éphraïm, vole à sa mère onze cents pièces d’argent (précisément le salaire payé à Delila pour vendre Samson aux Philistins).
Lorsqu’il rend l’argent à sa mère, celle-ci oublie ses imprécations d’autrefois, et ose bénir son fils de la part de l’Éternel (verset 2).
Mais la mère et le fils sont de connivence pour installer l’idolâtrie dans leur maison, contrairement aux ordonnances de la loiExode 20. 3, 4. La “maison de dieux” (image taillée et image de fonte) fait l’objet d’une parodie de service sacerdotal (l’éphod et les théraphim), par le fils même de Michée, qui n’avait aucun droit à la sacrificature, réservée à la tribu de Lévi.
Quelle abominable confusion, associée au nom du vrai Dieu ! Mais les chrétiens ne sont-ils pas coupables des mêmes déviations, lorsqu’ils introduisent des principes idolâtres (le culte des saints, par exemple) ou des éléments mondains (tout ce qui met en évidence les valeurs humaines) dans le domaine spirituel, pour rendre culte à Dieu ou prêcher l’évangile ?
Un Lévite de Bethléem, sans réel droit à la sacrificature, vient à passer, par la maison de Michée, à la recherche d’un lieu de séjour.
Michée l’établit comme sacrificateur à la place de son fils (sans être qualifié pour le faire), l’entretient et lui donne un salaire (17. 10). Les apparences sont sauvegardées ; mais tout ce système religieux était faux. Pourtant, Michée (comme sa mère auparavant) ose se réclamer de l’approbation divine : “Maintenant, je connais que l’Éternel me fera du bien” (verset 13).
Cette déclaration montre la légèreté avec laquelle Michée traite l’Écriture, qu’il connaissait. Les sacrificateurs appartenaient à la tribu de Lévi, mais seule la famille d’Aaron avait été appelée à la sacrificatureNombres 18. 1-4. Coré, Dathan et Abiram, Lévites, ont péché en voulant exercer la sacrificatureNombres 16. 9, 10 et ont péri sous le jugement divin.
L’exemple de Michée et du lévite de Juda est aussi une figure d’anticipation de l’établissement du clergé dans l’Église du Seigneur. Gardons-nous de toute ingérence de l’homme, comme de toute organisation humaine dans les assemblées, pour laisser au Saint Esprit sa liberté d’action, qui ne peut s’exercer que dans l’obéissance à la Parole.