Appelé par Dieu, Gédéon doit être formé par lui, avant d’être envoyé dans le service. Quelquefois, comme pour Moïse, cette préparation peut être longue (quarante ans dans le désert de Madian), proportionnée à la grandeur de l’œuvre. Pour Paul, ce sera un séjour de plusieurs années en Arabie.
Gédéon à l’école de Dieu, tel est le thème de la fin du chapitre.
Après le départ de l’ange de l’Éternel, Gédéon réalise la solennité de la scène. Le feu monté du rocher pour consumer le sacrifice l’avait rempli de frayeur. Dieu revient en grâce vers lui pour le rassurer : “Paix te soit ; ne crains point, tu ne mourras pas” (verset 23). La première leçon que doit donc apprendre tout serviteur de Dieu, et même tout croyant, c’est que le jugement (figuré par le feu) qui est tombé sur Christ (présenté en figure dans l’offrande), assure la paix à ceux qui, par la foi, sont au bénéfice de son œuvre. “Le châtiment de notre paix1 a été sur lui”, dit le prophèteÉsaïe 53. 5.
Dans la réalisation de cette paix, l’adoration s’exprime : Gédéon bâtit un
On retrouve ailleurs dans la Parole, cette même grâce de Christ qui apporte la paix. La femme pécheresse, dans l’évangile, possédait la foi en Christ, mais ne connaissait ni le pardon, ni la paixLuc 7. 48, 50. Le Sauveur les lui donne au moment même. Les disciples, au soir du jour de sa résurrection, entendent de la bouche de leur Seigneur la salutation de paix que Dieu avait adressée à GédéonJean 20. 20, 21.
Gédéon était un adorateur devant le premier autel, celui du culte. Dieu l’appelle maintenant à devenir un témoin, en bâtissant un second autel, en témoignage devant la maison de son père, et devant le monde. Les instructions divines sont précises (verset 26) :
Baal devait donc être banni du milieu d’Israël, avant que Dieu ne chasse Madian. Il n’y a aucune cohabitation possible entre Dieu et les idoles, au milieu du peuple (ou dans nos cœurs). L’apôtre Paul conclut cette même déclaration par un solennel appel à la sainteté2 Corinthiens 6. 14-18. De toute manière, comment Dieu pourrait-il supporter que Baal s’attribue la victoire sur les ennemis ? Avant de conduire le peuple à la victoire, Gédéon doit donc obéir aux instructions divines de détruire les idoles, en commençant par la maison de son père. Humainement parlant, c’était la chose la plus éprouvante pour lui. Il nous est plus facile de parler de Christ dans des pays lointains, que dans nos familles ou autour de nous, là où nous sommes connus, et où le monde nous voit marcher. C’est pourtant là que doit commencer notre témoignage !
« La fidélité au dedans précède la force au dehors ; le mal doit être ôté d’Israël avant que les ennemis soient chassés. L’obéissance, puis la force : voilà l’ordre de Dieu », a écrit un serviteur de Dieu.
Gédéon, malgré les dangers (de la part de la maison de son père et des hommes de la ville), accomplit fidèlement sa mission, mais de nuit (verset 27). Il détruit l’autel de Baal et ses ashères2, pour bâtir l’autel au vrai Dieu et y offrir un sacrifice.
La fidélité de Gédéon lui attire l’opposition des hommes de la ville (figure du monde pour nous). Le témoignage pour Christ ne sera jamais populaire, puisqu’il condamne le monde.
Toutefois, Joas, père de Gédéon, prend maintenant parti pour Dieu et pour son fils, contre les idolâtres, terrorisés par leur superstition. Que Baal se défende lui-même, s’il est Dieu ! (verset 31). Élie, sur la montagne du Carmel, adressera le même défi à Baal et à ses quatre cents prophètes1 Rois 18. 27-29.
La puissance de Dieu agit ainsi sur les esprits, et produit la foi dans les cœurs. Joas reçoit Dieu, en rejetant Baal. Auparavant, Gédéon avait détruit Baal, parce qu’il avait reçu et connu Dieu. Le nom de “Jerubbaal”, c’est-à-dire “que Baal plaide”, lui est donné en souvenir de la destruction des faux dieux en Israël.
Après cette préparation morale nécessaire, Gédéon commence son service. Les ennemis, Madian et Amalek, se sont rassemblés pour envahir le territoire d’Israël.
Alors, l’Esprit de l’Éternel revêt Gédéon. Dieu confie sa puissance, au moment convenable, à celui qui a été obéissant.
Gédéon sonne de la trompette (image pour nous de la Parole), pour rassembler Israël au combat. Les Abiézerites, ceux mêmes qui cherchaient sa vie, répondent maintenant à son appel. Quelle remarquable preuve de la puissance de l’Esprit de Dieu sur les esprits des hommes, lorsque le serviteur se tient dans le chemin de la fidélité !
Manassé, Aser, Zabulon et Nephthali montent aussi à la rencontre de Gédéon. Celui-ci a donc exercé une heureuse influence sur sa propre tribu (Manassé), en dépit de son humble position au milieu d’elle (6. 15).
On retrouve ici encore l’entier dévouement de Zabulon et de Nephthali du temps de Débora (5. 18). Quel bel exemple !
Aser, enfin, qui s’était laissé prendre par le monde (5. 17), s’est maintenant ressaisi pour se joindre aux armées d’Israël.
La foi de Gédéon était sincère, mais faible, et avait besoin d’être soutenue par un signe. Dieu répond encore à sa demande. Conscient de mettre à l’épreuve la patience de Dieu, Gédéon renouvelle pourtant sa requête (verset 39).
La toison dans l’aire est une figure d’IsraëlDeutéronome 18. 4 au milieu des nations, et la rosée, l’image des bénédictions célestesDeutéronome 33. 28 ; Psaume 133. 3 ; Osée 14. 5. La première nuit, la rosée est sur la toison (Israël seul est béni), et la sécheresse est sur toute la terre (les nations sont abandonnées à elles-mêmes). L’inverse se produit la nuit suivante : les nations entrent dans la bénédiction pendant le temps du rejet du peuple de Dieu. C’est le mystère de l’endurcissement partiel d’Israël pendant le temps présentRomains 11. 25.
Le double signe de la toison ne nous parle-t-il pas aussi de Christ, Agneau de Dieu, sortant d’une terre aride (l’aire), brebis muette devant ceux qui la tondentÉsaïe 53. 2, 7 ? Ornement du ciel de toute éternité, il a été la joie du cœur du Père, en venant sur la terre, objet de toutes les faveurs célestes, au milieu d’un monde desséché. Mais, sur la croix, Christ a supporté toute la sécheresse du jugement divin, s’écriant : “J’ai soif” Jean 19. 28. Alors les eaux de la bénédiction coulent pour les élus, dans le cielApocalypse 22. 1, et sur la terreÉzéchiel 47. 12 ; Apocalypse 7. 17. Que son nom soit éternellement béni !