L’histoire générale du peuple reprend après l’épisode de Shamgar et de sa victoire sur les Philistins.
A nouveau, les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel (verset 1).
Dans les deux épisodes du premier réveil (Othniel et Éhud), le peuple avait été asservi à des ennemis extérieurs, en conséquence de ses fautes : Aram en Mésopotamie et Moab dans les plaines à l’Orient du Jourdain. En gardant ses frontières, Israël pouvait se protéger de leurs attaques.
Maintenant, l’infidélité du peuple le place sous l’esclavage des Cananéens, ennemis qui habitent au milieu de lui, sur le territoire même de sa possession. La situation d’Israël est ainsi beaucoup plus critique. C’est pour nous le symbole d’un combat intérieur dans nos âmes.
Les Cananéens habitaient autrefois dans le nord du pays, image spirituelle d’une région éloignée de la lumière du soleil. Jabin (dont le nom signifie “le sage ou l’intelligent”) était le titre officiel des rois de Canaan qui régnaient à Hatsor, la capitale de tous ces royaumesJosué 11. 1, 10. Au temps de Josué, les Cananéens, et les nations coalisées avec eux, avaient été entièrement détruits aux eaux de MéromJosué 11. 1-15. Toutefois, Dieu avait maintenu des Cananéens au milieu d’Israël pour l’éprouver (3. 1-4). Et le peuple avait gravement péché en s’associant à eux par mariage (3. 5, 6).
Et maintenant, sous l’autorité orgueilleuse de Sisera, chef de l’armée, ces ennemis reconstituent leurs forces (neuf cents chars de fer) pour opprimer le peuple de Dieu. Israël avait-il conscience que la main de Dieu dirigeait ces ennemis ? Il est écrit en effet : “L’Éternel les vendit en la main de Jabin” (verset 2).
Dieu répond au cri de détresse de son peuple, en lui envoyant une femme, Débora, pour le délivrer (verset 3). La faiblesse du peuple était telle que la déclaration du prophète peut lui être appliquée : “J’ai cherché parmi eux un homme… mais je n’en ai point trouvé” Ézéchiel 22. 30.
Le contraste entre Débora et Barak est humiliant et met bien en évidence le bas état d’Israël. Pourtant, c’est Barak, et non pas Débora, qui sera nommé plus tard par l’apôtre dans la nuée des témoins de la foiHébreux 11. 32.
Barak, dont le nom signifie “foudre” n’a guère manifesté l’énergie qu’évoquait son nom. L’inquiétude et la crainte l’empêchent de réaliser la puissance de Dieu. Ce danger est signalé pour les temps que nous vivons : “Dieu ne nous a pas donné un Esprit de crainte, mais de puissance…” 2 Timothée 1. 7 Aussi, le même apôtre adresse à tous (particulièrement aux frères) le vibrant appel : “Veillez, tenez ferme dans la foi ; soyez hommes, affermissez-vous” 1 Corinthiens 16. 13.
L’Éternel donne des instructions précises à Barak par Débora pour opérer la délivrance d’Israël (versets 6, 7). Toutefois, Barak souhaitait n’être que l’aide d’une femme (verset 8), alors que, selon l’ordre de Dieu, la femme doit être l’aide de l’homme. La foi de Barak n’était pas suffisante pour se passer de tout secours humain ; aussi, Débora est-elle contrainte de lui dire : “Ce ne sera pas à ton honneur” (verset 9).
Néanmoins, l’un et l’autre montent ensemble à la guerre contre les ennemis du peuple.
Dix mille hommes de Zabulon et de Nephthali sont assemblés à Kédesh pour le combat. Débora accompagne Barak pour soutenir son courage (versets 10, 14), mais Barak est seul à la tête des armées d’Israël.
Lorsque Barak a obéi aux instructions divines (versets 6, 7), malgré ses réticences et ses hésitations, Dieu accomplit sa promesse et met lui-même en déroute Sisera et ses armées (verset 15). Comme notre vie chrétienne serait plus simple, si Christ, notre vie, était aussi notre seule force dans tous nos combats !
Sisera échappe seul, après la destruction de son armée et de ses chars (versets 15, 17). Il trouve refuge dans la tente de Jaël, femme de Héber, le Kénien. Habitant encore sur le territoire d’Israël, Héber s’était séparé de son propre peuple (verset 11), pour faire la paix avec les ennemis du peuple de Dieu (verset 17). Triste motif, opposé à l’exercice de la foi !
L’infidélité d’Héber met d’autant plus en relief la foi de sa femme Jaël. Gardant sa place de maîtresse de maison, dans la tente (l’habitation des pèlerins au milieu du désert), elle est de tout son cœur avec le peuple de Dieu. Seule, malgré sa faiblesse (quelle différence avec Barak), elle prend en sa main les instruments du foyer (un pieu et un marteau) pour exercer le jugement de Dieu sur l’ennemi de son peuple.
Barak n’est qu’un témoin muet de la scène, lorsque tout est terminé. On comprend ainsi que, selon l’avertissement de Débora (verset 9), la bénédiction soit accordée à Jaël (5. 24), plutôt qu’à Barak.
La foi honore Dieu, mais Dieu lui-même se plaît à honorer la foi chez les siens1 Samuel 2. 30.
Dieu s’est donc servi de la fidélité de deux femmes, Débora et Jaël, pour réveiller la conscience de Barak et du peuple tout entier au sentiment de leur responsabilité.
L’ennemi a d’abord été abattu par la puissance divine, sans être complètement détruit. Sorti de son état de torpeur morale, le peuple d’Israël engage désormais la guerre contre ses ennemis jusqu’à leur complète destruction.