Les arrogantes provocations de Moab sont rappelées et ceux qui les ont entendues sont appelés à constater sa chute et à se lamenter. “Moab est honteux… Moab est dévasté”. Plus grandes ont été la magnificence et la prétention, plus profondes la chute et la honteProverbes 18. 12. Ce n’est pas un châtiment limité à une partie du pays : “le jugement est venu… sur toutes les villes du pays de Moab, éloignées et proches”. C’est que l’Éternel a un grand reproche à faire à Moab. Israël a été pour lui “un objet de dérision”. Impuissant à s’opposer à Israël, et contraint de lui être tributaire pendant longtemps, Moab a cru pouvoir se venger par des paroles moqueuses. Et chaque fois qu’Israël a connu quelque revers, Moab l’a tourné en dérision. Mais toutes ces paroles ont été entendues par l’Éternel qui les rappelle au jour où il en demande compte.
On ne se moque pas impunément du peuple de Dieu : “Celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil” Zacharie 2. 12.
On remarquera que le dévastateur n’est pas identifié, comme il l’est pour l’Égypte et les Philistins, mais l’ordre d’énumération des villes qui sont touchées indique clairement que l’envahisseur vient du nord. C’est l’armée de Nebucadnetsar qui exécute tous ces jugements, car Dieu voulait établir la suprématie de cet empire des nations.
L’orgueil de “Moab, le très hautain”, est souligné avec insistance. “Il s’est exalté contre l’Éternel” (versets 26, 42), dans une opposition qui va jusqu’à la rage. On constate que la prophétie de Jérémie sur Moab reprend bien des expressions employées par Ésaïe (chapitres 15, 16). Il est probable que Jérémie avait connaissance du livre d’Ésaïe écrit 150 ans auparavant1. Cela ne veut pas dire qu’il lui ait emprunté des termes, caractéristiques de l’attitude de Moab. C’est l’Esprit de Dieu qui les a inspirés à Jérémie comme à Ésaïe, alors qu’il en omet d’autres, davantage liés à la situation historique, qui n’avaient pas leur place dans la prophétie confiée à Jérémie.
Mais les vantardises de Moab n’étaient que vanité, déjà du temps de sa prospérité. Dorénavant, toute la richesse de leurs champs fertiles et des biens qu’ils ont amassés ne sera que désolation. Qu’elle est triste la part de ceux qui s’élèvent orgueilleusement et en vain contre Dieu.
Sous la pression de l’envahisseur, les hommes forts prennent la fuite. Mais ils tomberont dans quelque fosse ou dans un piège et n’échapperont pas à la captivité.
Lorsque Dieu permet des circonstances pénibles, nous avons tendance à essayer d’y échapper, mais en vain. On risque fort de tomber dans des difficultés plus grandes encore et l’occasion de recevoir l’enseignement qu’il veut donner est perdue. L’attitude de la foi consiste au contraire à se tourner délibérément vers Dieu, comme Ézéchias en Ésaïe 38. 2 ou David en 1 Samuel 30. 6, en acceptant sa discipline. C’est le vrai chemin du relèvement.
Hesbon était une ville située à l’est du Jourdain. Le roi Sihon s’était emparé de ce territoire qui appartenait à MoabNombres 21. 26. Son peuple avait été entièrement détruit par Israël alors que Moab avait été laissé de côté. Cette région avait été attribuée à la tribu de RubenNombres 32. 37, et Moab avait profité de la captivité de Ruben en Assyrie pour récupérer son territoire. Mais l’annexion de ce qui appartient à Israël allume la flamme qui doit consumer Moab. Ce jugement prononcé par Jérémie a déjà été annoncé en Nombres 21. 28, au moment où Israël a pris possession de ce pays.
Moab ne sera plus un peuple (verset 42), mais l’annonce de la captivité (verset 46), au lieu d’une destruction totale, est déjà le signe qu’un rétablissement futur est en vue. L’énoncé du jugement de Moab s’achève par la promesse de l’Éternel : Il rétablira ce peuple à la fin des jours. Moab fait partie des nations voisines d’Israël qui réapparaîtront dans les événements de la finNombres 24. 17 ; Daniel 11. 41 ; Zacharie 12. 6.