Ce chapitre occupe dans ce livre une place centrale. C’est un pont entre le passé et le futur. Il constate l’obstination du peuple, qui a refusé d’écouter tous les avertissements, et annonce le jugement qui va suivre sans délai, en commençant par Jérusalem pour s’étendre à toutes les nations. Le châtiment du peuple de Dieu est pour un temps, le jugement de ses ennemis sera l’occasion de sa délivrance.
Encore une fois, l’Éternel rappelle au peuple de Juda et aux habitants de Jérusalem les avertissements qu’il leur a adressés avec tant de patience et d’insistance. Il daigne se mettre à leur niveau, en disant qu’il s’est levé de bonne heure pour les avertir. Onze fois dans le livre de Jérémie, il souligne ainsi sa diligente sollicitude envers eux. En vain. Maintenant l’Éternel désigne clairement l’instrument dont il va se servir pour punir ceux qui ont refusé d’écouter ses avertissements. C’est parce qu’il sert au dessein de Dieu que Nébucadnetsar est appelé ici “mon serviteur”, pour la première fois (verset 9 ; 27. 6 ; 43. 10).
La première année de ce roi, avant qu’il ne lance ses expéditions, l’Éternel annonce que c’est lui qui l’envoie ; il montre l’extension de ses conquêtes et leur fin. C’est la preuve que tout demeure sous sa direction et que l’instrument qu’il emploie ne pourra dépasser sa mission. Dieu le jugera ensuite.
Le pays de Juda et les nations environnantes seront réduits à la désolation et serviront le roi de Babylone pendant soixante-dix ans. Daniel remarquera cette indication et la recevra comme une révélation de DieuDaniel 9. 2. Elle devait servir à donner aux fidèles l’assurance que l’ennemi n’était qu’un instrument temporaire entre les mains de l’Éternel. Elle devait aussi leur tracer le chemin du retour quand le temps serait venu.
La captivité de Juda ne doit durer qu’un certain temps : soixante-dix ans. Au contraire, la désolation du pays des Chaldéens sera perpétuelle, car le roi de Babylone, au lieu de comprendre qu’il n’était qu’un instrument dans la main de Dieu, s’est conduit de façon brutale, inique et impieDaniel 5. 23. La prise de Babylone par Cyrus sera le point de départ de la libération des captifs. Deux ans après sa victoire, celui-ci remplacera Darius comme roi de Perse et donnera aux Juifs l’ordre de monter à Jérusalem pour y bâtir la maison de l’ÉternelEsdras 1. 1-3.
Si Jérusalem, la ville qui est appelée du nom de l’Éternel, doit être frappée, c’est le début d’un jugement qui s’étendra à toutes les nations. Celles qui occupent la région dont Jérusalem et Juda forment le centre – de l’Égypte au sud, jusqu’à Babylone1 au nord – sont ici en vue, avec une mention particulière pour les ennemis traditionnels d’Israël.
L’apôtre Pierre confirme ce principe important du jugement de Dieu sur la terre, auquel nous devons être attentifs. “Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ; mais s’il commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ?” 1 Pierre 4. 17
Cette annonce de jugement concerne directement l’invasion des Chaldéens sous Nébucadnetsar qui sera jugé ensuite (verset 26), mais elle s’étend “contre tous les habitants de la terre” (verset 29). Sans que des détails soient donnés sur les événements prophétiques, l’extension universelle du mal et des jugements qui en résulteront est clairement annoncée.
Un avertissement spécial est adressé à tous les “pasteurs” et “les nobles du troupeau” – c’est-à-dire à tous ceux qui sont particulièrement responsables au milieu du peuple de Dieu. Le gouvernement de Dieu s’exerce en discipline et en jugement selon la responsabilité de chacun, et il atteint en premier lieu ceux qui sont à la tête.