La responsabilité des rois de Juda était particulièrement grande et avait des conséquences déterminantes pour Juda et Jérusalem. Aussi l’avertissement de la fin du chapitre précédent (21. 11, 12) est-il développé ici en rapport avec la conduite des rois qui ont succédé à Josias. Cet avertissement devait parler avec beaucoup de force à Sédécias, le dernier de ces rois.
L’Éternel rappelle ici les caractères qu’auraient dû manifester les rois assis sur le trône de David. Ils devaient juger justement et ne pas opprimer, mais au contraire délivrer l’opprimé, la veuve et l’orphelin, en craignant l’Éternel et en gardant fidèlement toutes les paroles de sa loiDeutéronome 17. 19. L’Éternel avait fait à David la promesse d’une maison stable, d’un trône affermi pour toujours1 Chroniques 17. 12. Cette promesse a deux caractères : d’une part, elle est sans condition et s’accomplira certainement en Christ, vrai fils de DavidLuc 1. 32 ; d’autre part, chacun de ceux qui seront placés sur le trône sera l’objet de la discipline de Dieu en rapport avec sa conduite2 Samuel 7. 14. Cette mise en garde est rappelée ici au moment où l’infidélité de ces rois conduit le peuple à sa ruine. La chute de Jérusalem, la ville royale, sera telle que ceux qui passeront près d’elle seront saisis d’étonnement et il sera publiquement reconnu qu’elle a été dévastée à cause de la désobéissance et de l’idolâtrie de ses habitants.
Il n’y avait pas longtemps que Josias était mort. Son règne avait été marqué par un retour vers Dieu et une bénédiction retrouvée, même si cela était resté bien superficiel pour le peuple (3. 10). Tout Juda et Jérusalem avaient mené deuil sur lui et Jérémie avait fait des lamentations sur lui que les chanteurs et les chanteuses répétaient encore2 Chroniques 35. 25. Mais ce n’était pas sur lui qu’il fallait pleurer : il avait été recueilli de devant le mal à cause de sa piété2 Chroniques 34. 28 ; Ésaïe 57. 1.
Le sort de Shallum (ou Joakhaz), fils de Josias, était bien plus triste. A cause de sa conduite impie, il n’avait régné que trois mois avant d’être déporté en Égypte et il ne devait jamais revenir à Jérusalem. C’est à son sujet que Jérémie s’écrie : “Pleurez, pleurez celui qui s’en va, car il ne reviendra plus” (verset 10). Nous pleurons sincèrement en présence d’un deuil. Sommes-nous plus attristés encore à cause d’une personne qui s’éloigne de Dieu d’une façon qui paraît sans retour ?
Le gain déshonnête, l’oppression, la violence ont caractérisé le règne de Jéhoïakim, successeur de Joakhaz, en contraste avec celui de son père Josias à qui Jérémie fait ici une touchante allusion : “Ton père n’a-t-il pas mangé et bu et pratiqué le jugement et la justice ? Alors il s’en est bien trouvé” (verset 15). Aussi le jugement prononcé est-il infamant : Tu seras “enseveli de l’ensevelissement d’un âne” (verset 19). Jérémie ajoutera plus loin : “Son cadavre sera jeté dehors” (36. 30). La Parole ne nous rapporte pas les circonstances de sa mort, mais la comparaison entre 2 Rois 24. 6 et 2 Chroniques 36. 6 paraît indiquer qu’il serait mort, enchaîné par Nébucadnetsar, sur le chemin de l’exil.
L’Éternel avait multiplié ses appels au peuple de Juda au temps de sa prospérité, mais en vain. Dès sa jeunesse, ce peuple n’avait pas écouté. A son image, Jéconias (ou Jéhoïakin), fils de Jéhoïakim, avait méprisé bien des avertissements. Jeune garçon, il avait été témoin de la mort de Josias son grand-père, puis de la captivité de Joakhaz son oncle et de la mort de son père Jéhoïakim. Mais ces drames n’avaient pas touché sa conscience, car il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Ce roi était le dernier de la lignée du Messie, qui se soit assis sur le trône de David. Il occupait une place de choix ; même s’il était un objet précieux – “un cachet à ma main droite” (verset 24) – l’Éternel l’arracherait de là. Le royaume ne devait pas être restauré jusqu’à son établissement en Christ. Jéhoïakim devait bien avoir une postérité, nombreuse même1 Chroniques 3. 17-24 ; Matthieu 1. 11. Mais aucun de ses descendants ne devait s’asseoir sur le trône de David. L’un d’eux, Zorobabel, sera gouverneur du résidu remonté à JérusalemEsdras 1. 8 ; Aggée 1. 1 ; Matthieu 1. 12, mais dans une position d’assujettissement au roi de Perse.
La mère de Jéconias lui est associée dans son châtiment : “Je te jetterai, toi et ta mère qui t’a enfanté, dans un autre pays” (verset 26) 2 Rois 24. 12. Cette mention souligne sans doute la mauvaise influence que la mère de Jéconias avait eue sur lui, comme Athalie sur son fils Achazia : “Sa mère était sa conseillère à mal faire” 2 Chroniques 22. 3. Le nom de la mère des rois de Juda est fréquemment mentionné dans les livres des Rois et des Chroniques. Nous ne pouvons douter qu’Abi (ou : Abija), mère d’Ézéchias et Jedida, mère de Josias n’aient eu une bonne influence pour instruire leurs fils dans la crainte de Dieu alors que leurs maris étaient idolâtres. La mention de leur nom est un encouragement pour les mères chrétiennes à instruire leurs enfants par la parole de Dieu.
Les rois de Juda, les prophètes et les sacrificateurs sont tous ensemble désignés ici comme les pasteurs, ceux qui avaient la charge de paître le peuple de l’Éternel, “le troupeau de ma pâture” Ézéchiel 34. 31 ; Psaume 74. 1 ; 79. 13 ; 100. 3. Dans ces fonctions de responsabilité, la méchanceté du cœur de l’homme peut se dévoiler particulièrement. Si elles ne sont pas remplies dans l’humilité et la dépendance du souverain pasteur1 Pierre 5. 4, ces places sont utilisées pour rechercher l’intérêt personnel, pour dominer, pour opprimer, au lieu de prendre soin des brebis.
L’Éternel prononce un jugement sévère sur de telles actions et il annonce qu’il suscitera à leur place des bergers fidèles sous l’autorité du Roi de justice, fils de David, “le grand pasteur des brebis” Hébreux 13. 20. Il formule trois promesses qui peuvent se résumer ainsi :