Au moment de son appel comme prophète, Jérémie avait reçu les deux visions du bâton d’amandier et du pot bouillant (chapitre 1). Plus tard, Dieu lui avait parlé en lui faisant regarder le travail du potier (chapitre 18). Cette fois, il lui fait voir deux paniers de figues posés devant le temple de l’Éternel. Il plaît à Dieu de se servir d’objets familiers pour imprimer dans l’esprit de son serviteur les pensées qu’il va lui révéler. La vision ne contient pas en elle-même le message ; c’est la parole de Dieu qui le communique, mais la vision en fait saisir la force. On en voit un autre exemple avec Pierre en Actes 10. 9-16.
Les deux paniers de figues sont très différents : l’un contient de très bonnes figues, l’autre de très mauvaises.
Que signifie ce contraste ? Les deux paniers de figues représentent prophétiquement les destinées opposées de deux groupes :
L’état des uns et des autres n’était pas au départ si différent. Jéconias “fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, selon tout ce que son père (Jéhoïakim) avait fait” ; Sédécias de même2 Rois 24. 9, 19. Tous ceux de Juda et Jérusalem, grands et petits, étaient rebelles (5. 1, 5, 23). Ils ont tous ensemble été placés sous la même discipline. Mais l’intervention des armées de Nebucadnetsar les a partagés en deux groupes : les captifs et ceux qui ont été laissés dans le pays.
L’Éternel montre maintenant à Jérémie ce qu’il va faire pour accomplir sa promesse de rétablir et de bénir Israël dans son pays.
Ceux qui ont été déportés à Babylone doivent porter et accepter la discipline pénible que l’Éternel fait peser sur eux. Ils sont représentés par les bonnes figues. Il en choisira quelques-uns pour leur faire du bien. Il se souviendra d’eux et les fera revenir vers lui. Alors l’Éternel pourra les faire retourner dans le pays d’Israël pour qu’ils y soient à nouveau bâtis et plantés. Après soixante-dix ans de captivité, Dieu réveillera l’esprit de Cyrus, roi de Perse, et l’esprit des captifs de Juda et de Benjamin pour bâtir la maison de l’Éternel à JérusalemEsdras 1. 5. Même en captivité à Babylone, Jéhoïakin sera épargné et relevé par Nebucadnetsar (52. 31-34).
En outre, la mention de la fin du verset 6 : “et je ne les arracherai pas”, montre que cette prophétie a plus directement en vue le résidu d’Israël dans l’avenir, ceux dont l’Éternel déclare : “ils retourneront à moi de tout leur cœur” (verset 7).
Ceux qui restent dans le pays, ceux dont tout le désir est d’échapper aux Chaldéens et qui se tournent vers l’Égypte pour s’y réfugier, ne réussiront pas. Ils sont représentés par les mauvaises figues. Refusant de se soumettre à la discipline de l’Éternel, ils s’exposeront à des châtiments encore plus sévères jusqu’à ce qu’ils soient entièrement dispersés et détruits. La suite du livre de Jérémie nous montre que les réchappés fuiront en Égypte et devront y entendre confirmation de leur destruction (44. 11-14).
La restauration et la bénédiction de ceux qui étaient emmenés en captivité démontrent la fidélité de Dieu pour accomplir ses promesses en se servant de ceux qui ne méprisent pas la discipline de Dieu, mais se laissent labourer par elle pour revenir de tout leur cœur à celui qui les a frappés. La dispersion et la destruction de ceux qui ont été laissés de reste, montrent que le refus de se soumettre au châtiment que Dieu emploie pour corriger, conduit à une discipline plus pénible encore, voire jusqu’au brisementProverbes 29. 1.
C’est Dieu qui agit pour produire un état de cœur propice au rétablissement. Il a toujours en vue l’accomplissement final de ses promesses de bénédiction. Il le présente pour encourager la foi de ceux qui se soumettent à sa discipline, même si cet accomplissement peut être encore lointain.