Christ a été présenté comme ayant la prééminence sur le monde à venir qu’il dominera. À partir du verset 10 il est le premier dans une sphère plus intime, celle d’une compagnie de fils, d’enfants, de frères, de l’assemblée.
Notons que les versets 10 et 11 dévoilent ce qui sera maintenant le sujet de l’épître. L’homme ne peut s’approcher de Dieu que par un intermédiaire. Dans l’A.T., pour le peuple d’Israël, l’intermédiaire était le souverain sacrificateur, dont le premier fut Aaron. Aujourd’hui, c’est Jésus Christ. Aaron accomplissait son office en rapport, soit avec les besoins du peuple et les fautes commises, soit avec les sacrifices volontaires de reconnaissance offerts pour le plaisir de Dieu.
Le verset 10 présente celui qui sera capable de répondre aux besoins des fils en route vers la gloire, c’est le sujet de l’épître jusqu’au chapitre 7. Le verset 11 exprime sa capacité de mettre à part des adorateurs pour son Dieu et Père, ce sera le thème des chapitres 8 et suivants.
Pour être couronné de gloire et d’honneur, Jésus a dû être humilié sur la terre (verset 9), faire la propitiation pour les péchés et pour cela être mis “dans la poussière de la mort” Psaume 22. 16. Pour être chef1 du salut de plusieurs fils il a dû souffrir et mourir.
“Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu” 1 Pierre 3. 18. Par son œuvre expiatoire, il a approché de Dieu ceux qui étaient loin de lui à cause de leurs péchésÉphésiens 2. 13, 182. Il a pour devoir maintenant d’amener ces fils de Dieu jusque dans la gloire où il se trouve déjà. C’est le sens du verset 10. Comme autrefois Moïse et Josué ont été formés pour amener le peuple d’Israël d’Égypte en Canaan, il était indispensable que quelqu’un soit rendu apte à conduire les enfants de Dieu dans leur pèlerinage. Jésus a été rendu parfait3 pour cette mission. Cela ne veut pas dire qu’il ait eu quelque chose à perfectionner dans sa vie, puisqu’il était parfait, mais le fait qu’il ait déjà atteint la gloire prouve au contraire qu’il a traversé tous les obstacles et toutes les tentations sur la terre à la gloire de Dieu. Il a appris à connaître les souffrances que rencontre un humain, en les traversant personnellement. Il comprend celui qui souffre. Il mesure les difficultés, les obstacles que rencontrent les siens et la puissance des ennemis qui s’opposent à leur marche vers la gloire. En conséquence, celui qui est dans le ciel, à qui on peut s’adresser pour nos besoins, n’est pas un Dieu lointain, mais un homme glorieux capable de comprendre et d’intervenir dans nos circonstances pour achever l’œuvre commencée en chacun, pour amener en sa présence tous ceux qu’il a sauvés.
Cette grande famille de rachetés, dont il a pris la tête, ce sont les sanctifiés du verset 11, ceux qui sont mis à part pour être les compagnons de Christ, pour le suivre et pour entrer dans le sanctuaire, lieu de la communion et de l’adoration. C’est lui qui les sanctifie. Si, comme lui, nous traversons les souffrances et les tentations sur la terre, nous serons avec lui dans la gloire. Nous sommes aussi de sa nature, “car, et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un” 4, c’est-à-dire d’une même lignée. Quelle dignité que celle de fils !
Trois citations de l’A.T. vont confirmer cette identification.
Si le souverain sacrificateur s’identifie aux siens sur la terre, il met tout en œuvre pour qu’ils atteignent tous le but. Et il prépare le chemin du sanctuaire pour que ces fils, devenus sacrificateurs, puissent adresser une louange agréable à Dieu. Notons que dans cette épître, il n’est pas parlé des sacrificateurs, sauf à la fin (13. 15), mais du souverain sacrificateur dont la grandeur est exaltée. La voix de la compagnie de sacrificateurs est fondue dans la voix du souverain sacrificateur. Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont unis. Il loue au milieu de l’assemblée, constituée de tous les enfants de Dieu.
Au Psaume 16 d’où est tirée cette citation, la foi personnelle de Jésus sur la terre est mise prophétiquement en évidence. Il s’identifie avec les excellents de la terre dans lesquels sont toutes ses délicesPsaume 16. 1-3. Dans le livre d’Ésaïe, d’où peut aussi être issu ce verset, on trouve le résidu qui s’attend à l’Éternel au milieu d’un peuple rebelleÉsaïe 8. 17. Christ s’identifie à ce résidu. Il en a résulté bien des souffrances, mais ce n’est pas en vain. La récompense de l’Éternel ne s’est pas fait attendreÉsaïe 49. 4-6.
La troisième citation d’Ésaïe est là pour le confirmerÉsaïe 8. 18. Dieu a donné à Ésaïe des enfants comme signes et témoins pour Israël incrédule et pour le monde. Mais dans le contexte de l’épître aux Hébreux, les limites juives sont dépassées. Les enfants représentent tous ceux qui appartiennent à Jésus, fruits de l’œuvre expiatoire de Christ. Au jour de sa gloire, il déclarera triomphalement : “Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés” (verset 13), et il pourra être admiré en eux2 Thessaloniciens 1. 10. Les rachetés seront alors les joyaux de sa couronne. Pour nous qui aimons le Seigneur, le moment de son apparition2 Timothée 4. 8 n’est-il pas un moment que nous attendons ardemment, pour nous, mais surtout pour lui ?