L’opposition des Juifs ne peut pas empêcher la diffusion de la Parole. Au contraire, elle est chaque fois l’occasion d’un nouveau progrès de l’évangile. Les difficultés internes à l’assemblée ne sont pas davantage une entrave, car Dieu est au-dessus de tout, et le Saint Esprit agit pour s’opposer au mal. Malgré tous les obstacles, la vivante et permanente parole de Dieu porte du fruit et croît1 Pierre 1. 23.
Un autre fait important est maintenant mis en évidence. Jusqu’ici, ce sont les apôtres qui ont rendu témoignage. Dorénavant, le Saint Esprit pousse d’autres croyants à le faire publiquement. À Jérusalem même, là où se trouvent les douze apôtres, le Saint Esprit, qui distribue ses dons à qui il veut, se sert d’Étienne1 Corinthiens 12. 11. D’autres, comme Philippe, évangélisent en dehors de Jérusalem (8. 4, 5).
Si les attaques de l’extérieur nous rejettent sur le Seigneur, nous sommes souvent désemparés devant les difficultés internes à l’assemblée. Ne risquent-elles pas de ternir le témoignage collectif auquel le Seigneur nous appelle ? Ne restons pas indifférents devant les difficultés : le Saint Esprit peut nous donner la sagesse nécessaire pour les porter ensemble. Mais le Seigneur seul maintient son témoignage, et il le fait par sa Parole vivante. Il est, lui, la ParoleJean 1. 1-5, 14, et “son nom s’appelle : la Parole de Dieu” Apocalypse 19. 13.
Cette Parole est identifiée ici aux fruits qu’elle produit. Elle est présentée ainsi également en Actes 12. 24 : “La parole de Dieu croissait et se multipliait”, et en Actes 19. 20 : “C’est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force”. Elle n’est pas la parole des hommes, mais véritablement la Parole de Dieu : elle opère en ceux qui croient1 Thessaloniciens 2. 13. Combien de fois avons-nous été émerveillés en constatant que, en dépit de tout, le Saint Esprit agit par la Parole pour amener à la foi et bénir. Ici, ce ne sont pas seulement trois mille âmes, puis cinq mille hommes, qui sont recensés. Le nombre des croyants (5. 14) est multiplié beaucoup (litt. : extrêmement).
Un grand nombre de sacrificateurs obéissent à la foi chrétienne. Les très nombreux Juifs qui ont cru restent zélés pour la loi (21. 20) ; un peu plus tard, Dieu met fin à ce mélangeHébreux 13. 13, qu’il avait supporté un temps. Qu’y avait-il de plus propre à convaincre le peuple, dans son ensemble, que toutes ces conversions ? N’auraient-ils pas dû se repentir, comme Pierre le leur avait enjoint, pour que leurs péchés soient effacés ? Dieu rend ainsi témoignage au nom de Jésus et leur donne un dernier message, à Jérusalem, par la bouche d’Étienne.
Dieu emploie maintenant l’un des sept serviteurs. Il l’honore dans une activité complètement différente de celle pour laquelle il avait été initialement choisi. La plénitude du Saint Esprit se montre particulièrement dans Étienne, homme rempli de puissance, de grâce et de sagesse (6. 8, 10). Les trois caractères du Saint Esprit : puissance, amour et conseil (ou sobre bon sens) brillent en lui2 Timothée 1. 7. Les prodiges et les grands miracles qu’il fait confirment le grand salut qu’il annonceHébreux 2. 3, 4.
Nous ne voyons pas que les apôtres aient envoyé Étienne dans ce ministère. Le N.T. ne parle jamais d’ordonner un homme pour prêcher ou pour enseigner. Les plus hautes autorités que le Seigneur ait jamais envoyées dans l’Église (les douze apôtres) sont toutes là, mais un autre croyant est employé par la puissance souveraine de Dieu. Il n’a, pour titre, que celui que la grâce lui donne. Il ne s’agit pas de mépriser, dans un esprit niveleur, ceux auxquels le Seigneur a confié des talents, mais le Saint Esprit est l’esprit de la liberté, et il distribue à qui il veut.
L’apôtre Pierre, dont la place importante est relevée dans le début du livre des Actes, peut écrire : “Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu” 1 Pierre 4. 10. De même, l’apôtre Jean, qui ordonne de ne pas recevoir quiconque n’apporte pas la doctrine du Christ2 Jean 10, exhorte Gaïus à accueillir avec amour ceux qui prêchent la vérité3 Jean 8. Les épîtres de Paul développent ces mêmes principes : la libre énergie du Saint Esprit dans l’exercice des dons de grâce, et la conformité à la Parole de Dieu, test pour recevoir la doctrine prêchée.
Des hommes, probablement hellénistes, s’opposent à Étienne, mais ne peuvent pas résister ni répondre à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parleLuc 21. 14, 15. Au lieu de reconnaître honnêtement le témoignage du Saint Esprit, ces hommes utilisent la fausseté et la violence : ils en sont réduits à soudoyer de faux témoins contre Étienne ; ils tombent sur lui, l’enlèvent et l’amènent devant le sanhédrin, après avoir soulevé contre lui le peuple avec les anciens et les scribes.
Il fallait des témoinsDeutéronome 19. 15 devant ce tribunal religieux. Ils en trouvent de faux, comme ce fut le cas contre le Seigneur lui-mêmeMatthieu 26. 59, 60. Étienne est accusé à tort d’avoir proféré des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu, puis de parler contre le temple et la loi. Dans la bouche de ces détracteurs sectaires, Moïse vient avant Dieu et le temple avant la loi, ordre tristement significatif. Les hommes ont toujours été habiles pour déformer le sens des paroles qui leur sont adressées, afin d’échapper à leur action sur la conscience.
Comme Jérémie en son tempsJérémie 26, et Paul plus tard (21. 28), Étienne a devant lui des hommes religieux qui se reposent aveuglément sur le fait d’avoir “le temple de l’Éternel” Jérémie 7. 4 au milieu d’eux. Le Seigneur lui-même a été l’objet des attaques de faux témoins sur ce même sujetMarc 14. 57-59. Finalement, les coutumes que Moïse leur aurait enseignées semblent leur être plus chères que tout. Mais Moïse n’était nullement en contradiction avec l’enseignement du SeigneurJean 5. 46, 47. Il est remarquable de voir qu’Étienne, accusé d’injures contre Moïse et contre Dieu reçoit, de la part de Dieu, un signe semblable à celui dont son serviteur Moïse a bénéficiéExode 34. 29-35. Le visage d’Étienne, comme le visage d’un ange, est un appel solennel à ces chefs du peuple. C’est aussi la transformation, dans la vie quotidienne, de tout croyant qui contemple la gloire du Seigneur2 Corinthiens 3. 18.
En conclusion, le chapitre 6 du livre des Actes est aussi le tableau de la plénitude de l’Esprit qui caractérise Étienne dans les divers témoignages qui lui sont rendus : sa vie (verset 3), son activité (verset 8), ses paroles de sagesse (verset 10), son apparence (verset 15). Ce tableau est couronné, après le discours du chapitre 7, par le témoignage de son amour1 (7. 60).