Le Seigneur dispose de tout. Il vient de se servir d’un ange pour délivrer les apôtres. Il utilise maintenant un homme, membre éminent du sanhédrin, pour les protéger contre les pensées meurtrières de ce tribunal. “Celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté” Éphésiens 1. 11 incline le cœur des rois à tout ce qui lui plaîtProverbes 21. 1.
En entendant le discours de Pierre, les membres du sanhédrin auraient dû trembler à la pensée de leurs péchés et se repentir. Au lieu de cela, ils frémissent de rage (comp. 7. 54). Responsables de la mort du Juste1, ils ajouteraient à leur culpabilité le meurtre des apôtres. Rien n’est pire que l’obstination : elle conduit à la rébellion contre Dieu1 Samuel 15. 23.
Gamaliel, le maître de Saul de Tarse (22. 3), est un pharisien respecté. Il fait sortir les apôtres et avertit les membres du sanhédrin. Sa voix est celle de la modération et de la réflexion. Le Seigneur a préparé cet instrument pour délivrer les apôtres. Gamaliel donne deux exemples d’hommes qui ont cherché à s’élever et à entraîner des adeptes après eux. L’un et l’autre ont péri, et leurs partisans ont été dispersés. Il propose au sanhédrin d’attendre patiemment les résultats de cette nouvelle doctrine, pour voir si elle se maintient. Avec le temps, tout va disparaître, sauf si cette œuvre est de Dieu, explique-t-il. Mais alors, pour Gamaliel, Jésus est peut-être comme les deux rebelles… ? Quelle attitude ambiguë !
Si l’on discerne une certaine crainte de Dieu dans le discours de Gamaliel, on ne peut toutefois pas souscrire sans réserve à la totalité de ses propos. En effet, il n’est pas possible de toujours juger sur les résultats, pour savoir si une œuvre est de Dieu ou non. Satan a eu bien des succès dans ce monde, et il remporte encore des victoires, même si, à la fin, seul ce que Dieu fait subsisteEcclésiaste 3. 14. En revanche, il est bien vrai que personne ne pouvait détruire cette œuvre nouvelle. Les hommes ont essayé de supprimer les chrétiens, de faire disparaître les Saintes Écritures : ils n’y ont jamais réussi depuis vingt siècles.
Gamaliel encourage la neutralité. Il ne prend pas parti. C’est une sagesse humaine habile, mais ce n’est pas la foi au Seigneur Jésus. Combien de personnes, à son exemple, souhaitent ne pas se compromettre, comme elles disent. Mais on ne peut pas rester neutre devant l’offre d’un salut gratuit : la mépriser ou la négliger, c’est être perdu pour l’éternité. La vraie démarche du sanhédrin aurait dû être la repentance. Ce n’est pas le christianisme qui a été détruit : la foi chrétienne a progressé sur la terre habitée tout entière. Mais le refus obstiné des Juifs, de croire en Jésus, a entraîné, près de quarante ans plus tard, la destruction complète de Jérusalem par les armées romaines.
Le sanhédrin, sensible aux arguments de Gamaliel, aurait dû simplement relâcher les apôtres. Ils craignent de faire la guerre à Dieu, en apparence, mais ils font battre les fidèles sans motif valableDeutéronome 25. 1-3. Ils n’osaient pas frapper les apôtres en public (verset 26), mais ne se gênent pas pour le faire en privé ; ils leur renouvellent ensuite l’interdiction de parler au nom de Jésus. Il n’y a, dans leur conduite, aucune démarche cohérente : provisoirement refrénés par les propos de Gamaliel, ils sont, de fait, en guerre avec Dieu, puisqu’ils refusent le témoignage rendu au nom du Seigneur Jésus. Leur haine les conduit, au chapitre 7, à lapider Étienne.
Le Seigneur avait prévenu ses disciples qu’ils seraient persécutésLuc 21. 12, 13. Au lieu de ressentir comme une honte le fait d’avoir été battus, les apôtres se réjouissent d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le nom du Seigneur Jésus et frappés comme luiLuc 23. 16, 22. Si nous pouvons remercier le Seigneur de nous épargner les persécutions qui sévissent ouvertement dans d’autres pays, n’oublions pas que souffrir pour son nom est un honneur et un sujet de joieMatthieu 5. 11, 12 ; 1 Pierre 4. 14. Ne craignons pas les moqueries.
Cette perception selon Dieu des événements conduit les apôtres à une grande hardiesse. Ils poursuivent avec zèle l’annonce de l’évangile : ils ne cessent d’enseigner et d’annoncer Jésus comme le Christ, dans le temple et de maison en maison, et cela tous les jours. Quelle énergie exemplaire !
Nous avons vu, dans ce chapitre, comment la providence divine est constamment à l’œuvre dans nos vies, soit par l’intermédiaire des anges, soit par les actions des hommes, même opposés à Dieu. La foi en cette puissance qui dispose de tout pour le bien des croyants, nous rend aptes à aborder les circonstances et les hommes avec toute sérénité : “Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?” 1 Jean 5. 5.