Commençant tous les deux par l’expression de l’affection de l’apôtre pour sa nation, les chapitres 9 et 10 ont malgré tout conclu au rejet d’Israël. Qu’en est-il vraiment ? Dieu a-t-il absolument rejeté “son peuple” ? Non, mais Israël subit un rejet partiel (versets 1-10) et temporaire (versets 11-15), tant que dure la période actuelle de l’évangile de la grâce, offert aux nations. Dieu se réserve de rétablir plus tard Israël comme peuple, accomplissant promesses et prophéties de l’Ancien Testament. La succession de ces deux phases est illustrée par l’image d’un olivier et de ses branches (11. 16-24). Confirmation est ensuite formellement donnée par la révélation d’un mystère (11. 25-32). La sagesse divine est alors célébrée et Dieu glorifié (11. 33-36).
Ayant rejeté Christ puis lapidé Étienne, le peuple d’Israël, représenté par les Juifs présents alors en Palestine, avait perdu tout droit sur la base de l’alliance. Cependant la grâce est offerte à tout homme qui se reconnaît pécheur, sans faire de différence entre Juif ou Grec (10. 13). Paul se sert d’abord de son propre cas pour le prouver. Il avait persécuté Jésus en persécutant les siensActes 9. 5, d’une manière telle que sa conversion faisait de lui l’exemple même du salut par grâce1 Timothée 1. 16. Plus que pour d’autres peut-être, son salut avait nécessité la miséricorde et la patience divines ; mais son appel et son élection étaient indubitablesGalates 1. 15. Collectivement donc, le peuple n’avait plus de relation privilégiée avec Dieu. Néanmoins l’accès était grand ouvert à tout membre du peuple individuellement. Il fallait abandonner toute prétention fondée sur les œuvres et ne se réclamer que de la grâce, prête à intervenir, malgré leur culpabilité spéciale. La grâce, vrai fondement des relations avec Dieu dans tous les temps, brille là d’une façon particulière. Plus encore, Dieu se plaisait à considérer les chrétiens hébreux comme un ensemble représentant le peuple pour son cœur. Au moment où ils se fondent dans le corps nouveau de l’Église, selon l’enseignement donné ailleurs (comp. Éphésiens 2 par exemple), ils sont au temps actuel… un résidu d’Israël selon l’élection de la grâce (verset 5).
Est-ce étonnant ? C’est la façon d’agir de Dieu : dans les époques où le peuple entier s’est égaré, Dieu s’est réservé un certain nombre de fidèles. L’apôtre se sert (versets 2-4) de l’épisode rapporté en 1 Rois 19 pour en donner une seconde preuve. Même le prophète Élie pouvait l’ignorer et prétendre être resté seul. Mais Dieu connaissait les sept mille qui lui étaient restés attachés. Voyez aussi le tableau du début de l’évangile selon Luc. En tout temps, en tout lieu, “le Seigneur connaît ceux qui sont siens” 2 Timothée 2. 19.
Le jugement sur “les autres” (verset 7) prend la forme particulière d’un endurcissement et leurs anciens privilèges deviennent un piège qui les aveugle : ce triste aboutissement avait été prédit par Moïse, les Psaumes et les prophètes (versets 8-10).
Dieu veut-il mettre de côté pour toujours ses relations privilégiées avec le peuple d’Israël ? Ce serait en contradiction avec ses promesses inconditionnelles ; aussi est-il certain qu’ils seront “reçus” de nouveau pour jouir de la “plénitude” de leurs bénédictions propres.
La mise de côté de leurs privilèges a été rendue inévitable par leur faute, mais, dans les voies de Dieu, elle n’est que le moyen d’ouvrir la porte des bénédictions aux nations, désormais sur un pied d’égalité. En insistant sur cette dernière réalité, Paul espère même que quelques-uns des Israélites (“ma chair”, verset 14) seront sauvés, étant réveillés par une sorte de jalousie en voyant des gens des nations les précéder dans la bénédiction.
Quant à ces diverses étapes, elles ne sont que la réalisation des promesses et des prophéties. Le salut par grâce parvenant aux nations est inclus dans la promesse concernant la semence d’AbrahamGenèse 22. 18 ; Galates 3. Pendant ce temps, Dieu “cache sa face de la maison de Jacob” Ésaïe 8. 17. Puis aura lieu le rétablissement futur de tout Israël (versets 12 et 26) 1Jérémie 31. 1 comme centre du gouvernement divin sur la terreDeutéronome 32. 8 ; cela sera reconnu des nationsÉzéchiel 37. 28 ; Psaume 8. 1 ; Sophonie 3. 9 et sera la source de leur bénédictionÉsaïe 25. 6 ; Michée 5. 7 ; Zacharie 14. 8, 9. Le chapitre 37 du livre d’Ézéchiel décrit ce merveilleux rétablissement comme une résurrection collective où se manifeste la puissance de Dieu et de son souffle ; le verset 15 fait penser à cette prophétie concernant Israël ainsi qu’au flot de bénédictions qui atteindra les nations comme une rosée et comme un fleuve (comp. versets cités).