Le chapitre 10 développe et précise le sujet introduit dans le dernier paragraphe du chapitre précédent : la justice qui est sur le principe de la foi (9. 30), offerte à tous ceux qui croient, d’une part ; la rupture d’avec Israël, d’autre part. Ici le rôle de la connaissance de la pensée de Dieu est établi, la simplicité d’accès à la parole de la foi est soulignée et la réalité de la prédication est prouvée. Ce développement était nécessaire pour justifier avec précision le rejet d’Israël (sujet annoncé depuis le chapitre 9 mais repoussé pour traiter de la souveraineté divine).
Ici, l’amour de l’apôtre Paul reconnaît que la maison d’Israël a “du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance”. Par cela il précise leur faute et la minimise autant que possible. Mais leur situation reste très grave ; Paul peut en parler d’autant mieux que lui-même, ignorant aussi la justice de Dieu, avait persécuté JésusActes 9. 6 en persécutant les croyants et s’était trouvé le premier des pécheurs1 Timothée 1. 15.
Quand Dieu parle, nous devons écouter : il y a de l’insoumission dans l’ignorance et celle-ci conduit à la désobéissance. Or Dieu a donné un seul nom, un seul chemin, un seul moyen pour être sauvé, et l’on ne peut avoir sa place dans “la salle des noces” sans être “vêtu d’une robe de noces” selon la paraboleMatthieu 22. 11, 12. L’évangile touche le cœur par la grâce, mais il amène aussi l’âme à obéir à Dieu. Or Dieu “ordonne” que tous en tous lieux se repententActes 17. 30 et veut que l’on “obéisse” à l’évangile (10. 16 ; 6. 17) 1 Pierre 4. 17. Connaître Dieu et lui obéir sont assimilés en 2 Thessaloniciens 1. 8. Quant au croyant, la connaissance de la volonté divine lui est nécessaire pour une marche digne de Dieu et qui puisse lui plaireColossiens 1. 9. 10. C’est seulement ainsi que le combat, mené “selon les lois” 2 Timothée 2. 5, pourra être apprécié de Dieu.
Qu’ignoraient donc les Juifs ? Avant la venue de Christ, les Juifs pouvaient chercher à “établir leur propre justice” en obéissant à la loi. En vain, car la loi n’avait pas le pouvoir de faire vivre, puisque personne, hors Christ, ne l’aura pratiquée intégralement comme elle le réclamait (10. 5) ; elle fut seulement un conducteur jusqu’à ChristGalates 3. 21-29. Christ étant venu, cette recherche trouve sa fin. Juifs ou non, nous ne sommes plus sous la dépendance de la loi ; libérés, nous sommes aussi en même temps justifiés gratuitement, par la foi en celui qui s’est interposé entre nous et la malédiction de la loi. Ainsi s’accomplit la justice de Dieu et “Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant” (verset 4). La loi, expression de la sainte volonté de Dieu (7. 12), reste utile pour mettre en évidence le mal1 Timothée 1. 9-11. Mais on ne cherche plus à obtenir le salut en établissant sa propre justice. Démarche vaine en tout temps, c’est maintenant une désobéissance qui mène sûrement à la perdition.
Les Israélites auraient dû être familiers avec la parole de la foi. Depuis qu’ils s’étaient égarés, selon la prophétie de MoïseDeutéronome 28. 16-68, ils avaient été dispersés. Leur retour n’avait été possible que par la grâce : chemin mystérieux, connu de DieuDeutéronome 29. 28, mais accessible et proche pour la foi qui renonce à faire des exploits ; ce chemin évite le terrain de la loi et devient par là universel. Les plus grands des exploits (versets 6-7) que l’on voudrait faire à la recherche d’une parole de salut sont en réalité à la fois hors de notre portée et vains : Christ, venu des cieux, entré dans la mort et ressuscité, les a accomplis pour nous.
Comme pour l’Israélite repentantDeutéronome 30. 1, la parole du salut est désormais “près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur” Deutéronome 30. 14. Identique pour tous (versets 11-13), elle ne peut être autre chose que l’évangile du Seigneur Jésus Christ mort et ressuscité, cru dans le cœur et confessé publiquement (versets 9, 10). Notons que la foi personnelle déclare positivement que Jésus Christ est Seigneur ; autrement ce ne serait pas vraiment la foi. Dans un chapitre où il est question de la parole et de la prédication, cette confession de la bouche est même mentionnée en premier (verset 9), en supposant la sincérité de celui qui cherche le salut. Toutefois cette sincérité est mise à l’épreuve par la deuxième partie du verset, qui examine si la confession n’est pas seulement intellectuelle : c’est du cœur qu’il faut croire. La foi engage ainsi toute la personne : le fidèle est attaché de tout son être à Christ et aux vérités par lesquelles, en croyant, on obtient la justice. La confession du nom du “Seigneur” Jésus scelle et confirme “à salut” (verset 10) une œuvre opérée dans l’âme.
L’exposé détaillé de la parole de la foi (versets 9-13) s’appuie sur d’anciennes déclarations prophétiques, belles et simples promesses faites au peuple d’Israël. Au contact des ressources de Dieu dans l’évangile (verset 12), elles prennent un caractère universel qui renforce leur beauté (versets 11, 13).