La discussion générale sur l’élection (verset 14 à 23) se poursuit maintenant par un développement plus spécifique : il s’agit de l’élection dans la période actuelle de l’évangile de la grâce. Par l’évangile, Dieu reçoit de la même manière ceux qu’il appelle d’entre les nations et d’entre les Juifs (verset 24). Ce ne sont donc pas des peuples, mais des individus, peu nombreux (versets 27-29) Matthieu 7. 14, qui empruntent le chemin étroit qui mène à la vie. Mais cette troupe de croyants forme un nouveau peuple pour Dieu, tandis qu’Israël est rejeté comme tel ; seul un “résidu” (verset 27) d’entre eux sera sauvé. Le paragraphe suivant et surtout le chapitre 10 détaillent les raisons de ce rejet. Le chapitre 11 montre comment ce rejet est partiel et temporaire, “à cause des pères”.
On découvre avec reconnaissance ce dessein de Dieu envers les non-Juifs, autrefois absolument exclus de l’assemblée d’Israël. Il est intéressant de voir que l’apôtre établit l’appel des nations par le moyen de citations qui concernent en premier lieu le peuple juif dans la période prophétique de sa restauration future ; il en étend librement le sens sous la conduite du Saint Esprit. Pierre procède semblablement avec la citation de Joël en Actes 2, par exemple. Il est bien dans le caractère de la grâce de s’élargir ainsi comme un fleuve qui déborde ses limites. Quelle vaste extension a prise la bonne nouvelle depuis qu’elle a atteint les Samaritains, touché un Éthiopien puis le centurion Corneille, été portée aux nations en Asie Mineure puis en Europe ! “Passe en Macédoine”, fut-il dit à PaulActes 8. 5 ; 8. 27 ; 10 ; 13. 46 ; 16. 9. Véritablement, le mur mitoyen de clôtureÉphésiens 2. 14 a été détruit. Encore ne voyons-nous pas ici la formation du seul corps, du seul temple et de l’épouse, qu’il faut chercher dans l’épître aux Éphésiens.
Quant aux Juifs, ils peuvent être sauvés individuellement par l’évangile : c’est le “résidu1 selon l’élection de la grâce” (11. 5). La prophétie d’Ésaïe considère le futur : Israël, apostat dans son ensemble, sera alors représenté devant Dieu par un résidu fidèle. Dieu exercera des jugements qui atteindront les nations et Israël, des jugements “abrégés” par la grâce ; de là émergera le monde millénial dans lequel nations et Israël, alors également unis par la grâce, loueront Dieu (voir le 4e livre des Psaumes dont les paroles prophétiques annoncent cette période) Psaume 96. 1-3 ; 97. 1 ; 99. 1, 2.
Grâce merveilleuse, les nations qui avaient été “sans Dieu dans le monde” Éphésiens 2. 12 ont maintenant été amenées à Dieu, qui leur accorde la justice qui est sur le principe de la foi (verset 30). Ce paragraphe constate d’autre part qu’Israël a entièrement failli.
Or les voies de Dieu envers l’homme avaient toujours reposé sur la grâce et la foi, qui sont le moyen par lequel les nations reçoivent maintenant la justice. Dès Abraham (chapitre 4) Galates 3, puis au travers de la loi, comme nous l’avons vu précédemment, Dieu avait agi ainsi. Dans sa grâce il s’était levé de bonne heure, envoyant des messagers2 Chroniques 36. 15 pour réveiller le cœur du peupleJérémie 35. 15 qui s’éloignait tout en maintenant un attachement extérieur à la religion juive : “C’est ici le temple de l’Éternel” Jérémie 7. 4. Après que la sentence : “pas mon peuple” eut été prononcée sur le royaume d’IsraëlOsée 1. 9, il y eut encore un délai avant que Juda et Jérusalem et le temple ne soient livrés à Nebucadnetsar2 Chroniques 36. 17-20. Puis une partie du peuple fut ramenée à Jérusalem (livre d’Esdras) afin que le dernier messager, le Fils bien-aimé, puisse être envoyé. Selon la parabole des cultivateursLuc 20. 9-19, la vigne allait être alors donnée à d’autres, allusion que les Juifs ont bien comprise. Cependant ils scellent leur destin lorsque, au lieu de recevoir ce Fils et de se réjouir en lui, ils sont scandalisés par luiMatthieu 13. 57 et par ce dernier message de grâce. Ils le mettent à mort et dès lors le jugement est sur eux : ils seront “brisés” en achoppant sur cette pierreLuc 20. 18. Notons le plein accord de cet enseignement avec celui de l’apôtre Pierre, apôtre des Juifs, qui utilise les deux mêmes citations d’Ésaïe1 Pierre 2. 6-8.
En cette fin de paragraphe et de chapitre, la venue de Christ apparaît comme le résumé et le moment central des voies de Dieu. C’est en le recevant ou en le rejetant que chacun détermine sa relation avec Dieu. Là se révèlent les pensées de Dieu, là sa souveraineté et la responsabilité de l’homme se rencontrent.