Tous les Israélites considéraient Abraham et David comme des modèles d’hommes justes devant Dieu. L’un avait reçu les promesses divines, tandis que l’autre était le fondateur de la dynastie royale dont le Messie devait être issu.
Comment donc ont-ils été déclarés justes ?
Comment le patriarche a-t-il bénéficié de cette faveur de Dieu que tous lui reconnaissent ?
La réponse tient en deux points :
Pour lever toute objection, l’apôtre oppose, dans le verset 4, les mots œuvres et salaire à foi et grâce. Il expose que si les œuvres du patriarche avaient eu pour effet de le rendre juste, sa justice aurait été la conséquence méritée, un dû (verset 4) et non pas le résultat de la grâce divine. Or, à celui qui croit, la justice est donnée gratuitement, sans œuvres méritoires.
La foi est bien autre chose que l’adhésion intellectuelle à une doctrine ou la pratique d’une religion. C’est la relation personnelle de l’âme avec Dieu que l’on croit et en qui on se confie entièrement. L’évangile le fait connaître comme “celui qui justifie l’impie” (4. 5).
L’attitude de celui qui croit est importante : Il “ne fait pas des œuvres” pour être juste. Au contraire il reconnaît sa culpabilité et sa souillure en se considérant comme impie2. Ce dernier mot, qui décrit la condition naturelle de celui que Dieu a voulu rendre juste, exclut toute notion de mérite préalable à l’octroi de la grâce. Quelle preuve évidente et merveilleuse de la libre grâce de Dieu, à l’opposé d’une justice qui serait acquise par des œuvres prescrites par une loi !
Une dernière question se pose encore : cette grâce dont Abraham a été l’objet ne s’applique-t-elle qu’à ses descendants ? Faut-il être juif et circoncis pour en bénéficier ? La réponse est lumineuse : Abraham fut reconnu juste par sa foi au moins quatorze ans avant d’être circoncisGenèse 17. 24. En conséquence, il n’y a aucune raison de limiter la justice par la foi aux seuls Juifs (la circoncision). Le cas du patriarche ne fait que confirmer que “la justice de Dieu par la foi en Jésus Christ est… sur tous ceux qui croient” (3. 22) et ceci sans condition ni exception.
Après que David a reconnu son très grave péché et l’a confessé, Dieu annonce son pardon : “L’Éternel a fait passer ton péché” 2 Samuel 12. 13. C’est le pardon d’un Dieu de grâce qui amène David relevé à écrire le Psaume 32. Il y déclare bienheureux les hommes que la loi aurait dû maudire, les pécheurs qui avaient gravement désobéi à la loi et dont Dieu pardonnait les iniquités et couvrait les péchés (versets 7, 8).
Le cas de David, reconnu comme juste par tous les Juifs, confirme donc que la justice n’est pas accordée à cause du bien accompli mais, là aussi, à cause de la foi et malgré de graves péchés. Cette justice par la foi se traduit par le pardon et l’oubli définitif de tous les péchés commis, si affreux soient-ils ; ils ne sont pas imputés, mais couverts. Dieu les a jetés derrière son dosÉsaïe 38. 17. Il n’y a pas d’exception ou de limite à sa portée.
Le dernier point abordé est celui des rapports entre la circoncision et la justice par la foi. Après avoir cru et avoir répondu à l’appel de Dieu, Abraham a été séparé du paganisme environnant. Il a porté, pour la première fois dans l’histoire, la marque physique de cette séparation pour Dieu par la circoncision qui en était le signe. Mais la circoncision attestait aussi, comme un sceau peut le faire, que Dieu le déclarait juste à cause de sa foi.
Abraham peut être considéré de deux façons différentes comme le père (au sens figuré) de tous ceux qui croient :