Les quinze courts cantiques du livre des Psaumes, appelés Cantiques des degrés1, décrivent l’expérience d’un croyant depuis le moment où il désire se joindre à la compagnie des fidèles jusqu’au jour où il atteint le seuil de l’éternité.
Dans ces cantiques, comme dans toute la parole de Dieu, le croyant est vu comme un voyageur, un pèlerin, jamais comme un vagabond. Sa route est ascendante. Certes, il peut passer par de profonds exercices spirituels et de grandes épreuves, mais à chaque instant la bonté et la puissance de Dieu sont là pour le garder de tout faux pas et le rétablir dans sa relation avec Dieu, s’il vient à pécher. Au cours des étapes, le sentiment d’approcher de la maison de Dieu, un lieu de repos pour une âme fatiguée, s’approfondit, jusqu’à ce que le but soit enfin atteint.
David et Salomon, dans cinq cantiques, et des compositeurs anonymes dans les dix autres, examinent les diverses relations du croyant dans ce monde : avec Dieu, les frères dans la foi, la famille, mais aussi les incrédules, le travail, la société, etc.
Les Cantiques des degrés ont une application prophétique claire, comme tous les Psaumes. Dans le cinquième livre des Psaumes, le « reste » de Juda est ramené dans son pays où il traverse les dernières épreuves de la grande tribulation, pour ne faire finalement qu’un seul peuple avec les dix tribus. Cet aspect prophétique est particulièrement souligné dans la collection des Cantiques des degrés.
Le premier cantique des degrés décrit la situation d’un Juif venu habiter dans le pays de MéshecÉzéchiel 27. 3, 132, au milieu de Kédar, une tribu issue d’IsmaëlGenèse 25. 13. Méshec et Kédar sont deux peuples ennemis de l’Éternel. Ce Juif est un croyant. Il appartient au peuple de Dieu, mais il s’en est éloigné. Il a même contracté de mauvaises alliances en Méshec, puisqu’il constate avoir été cruellement trompé (verset 2).
La position de ce croyant est doublement fausse :
Les résultats d’une telle situation ne surprennent pas : les difficultés s’accumulent et la détresse le saisit. Sa position devient intenable, mais il est incapable de trouver une solution par lui-même. Une seule ressource lui reste : crier à l’Éternel pour la délivrance (versets 1, 2). Soudain, les écailles lui tombent des yeux. Il prend conscience de son état malheureux et réalise la fausseté de sa position (versets 5, 6). Il s’étonne alors d’avoir pu demeurer au milieu d’un monde pervers.
Ce croyant a voulu réformer le monde pour ne pas s’en séparer. Remarquons le conflit chez cet homme. D’une part, il veut faire justice en appelant la vengeance sur ceux qui l’ont trompé3 (versets 3, 4). D’autre part, il désire établir la paix autour de lui, mais tous ses efforts restent vains. “Malheur à moi” s’exclame-t-il, quand il arrive à l’extrémité de ses forces (verset 5). Tant qu’il se tait, ceux qui l’entourent supportent sa présence (c’est souvent le cas des chrétiens qui craignent de témoigner pour Christ). Mais dès qu’il parle de paix, ses ennemis lui déclarent la guerre (verset 7). Trompé, calomnié, il récolte le résultat amer de son amitié avec un monde hostile à Dieu.
Lorsque nous nous trouvons par notre propre faute dans une fausse situation, ce psaume montre que la première étape indispensable pour retrouver une relation avec Dieu est de prendre conscience de son état et de reconnaître que personne ne peut se tirer d’affaire par ses propres efforts. La seconde étape est prendre la résolution de quitter les mauvaises compagnies et de se séparer du monde. La seule ressource est de crier à Dieu pour qu’il nous donne la force et la volonté de sortir de cette terrible condition. Dieu répond toujours à ce cri (verset 1).
Dans l’épître aux Romains, l’apôtre Paul décrit un exercice spirituel semblable à celui-ci, mais plus profond. Cherchant désespérément à s’améliorer par ses propres efforts, un homme arrive à l’extrémité de lui-même et constate sa totale incapacitéRomains 7. 14-25. Quand, dans un dernier souffle, il s’exclame : “Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ?”, il comprend enfin qu’il n’y a pas de condamnation pour ceux qui appartiennent à Jésus Christ et il réalise alors ce qu’est la vie par l’action de l’EspritRomains 8.
Le Psaume 120 décrit la situation d’un croyant juif dont la conscience se réveille. Il désire sincèrement faire la paix avec ceux qui l’entourent, mais une paix extérieure à lui-même. Ce qu’il doit d’abord connaître, c’est la paix intérieure en s’appuyant sur les promesses de Dieu (Psaume 121). Vouloir la paix, c’est bien (verset 7) ; la procurer, c’est mieuxMatthieu 5. 9 ; la connaître, c’est toutPhilippiens 4. 7.
À la suite de délivrances, la nation juive rentre dans son pays et choisit dans son ensemble l’Antichrist pour roi. Mais l’Antichrist et la bête romaine déclenchent bientôt de terribles persécutions contre les JuifsApocalypse 12. 13-17 ; 13. Le « reste » fidèle de Juda, qui a refusé de se plier à leur dictature, réussit à s’enfuir dans le désert. Dans le Psaume 120, le « reste » est vu dans une grande détresse, mais sur le point de rentrer une seconde fois dans son pays. Il a échappé à la persécution de l’Antichrist, mais il habite au milieu d’autres ennemis (Méshec) qui font partie du royaume de GogÉzéchiel 38. 2, 3, appelé aussi l’Assyrien, qui montera contre la Palestine.