Ayant enfin réalisé qu’il retrouvera une relation avec Dieu en quittant un mauvais lieu et en abandonnant des associations coupables, ce croyant opère une volte-face décisive. Il détache ses regards d’un monde qui le cerne de tous côtés et il les tourne au-delà des montagnes, vers l’Éternel (verset 1). Lever les yeux est un geste accompagnant la prièreJean 11. 41. De sédentaire dans la plaine en Méshec, il devient pèlerin.
Deux classes d’hommes parcourent moralement la terre entière : les vagabonds et les pèlerins. Caïn, l’ancêtre des vagabonds, a été condamné par Dieu à errer sur la terreGenèse 4. 12. Abraham, le père des pèlerins, a été appelé par la grâce de Dieu à sortir de son paysGenèse 12. 1. Par la foi, il se dirigea vers la patrie célesteHébreux 11. 4-6. Un vagabond n’a pas d’amis. Le vrai pèlerin, lui, ne voyage jamais seul : des compagnons, des frères l’accompagnent (Psaume 122).
Les dangers du voyage sont multiples. Les montagnes peuvent paraître infranchissables pour atteindre le pays de la promesse, mais le pèlerin sait que le secours vient du Dieu tout-puissant, le Créateur des cieux et de la terre. Nous devrions nous habituer à regarder davantage aux ressources divines qu’à nos besoins et à nos difficultés.
Les promesses du Seigneur répondent à l’obéissance et à la foi. Un seul regard de foi suffit pour que l’Éternel assure le croyant de sa protection, et ceci même avant de faire le premier pas (versets 3-8). Ses promesses accompagnent le pèlerin tout au long de son voyage, jusqu’à ce qu’il atteigne la maison de l’Éternel (Psaume 122 et 134).
L’Éternel se porte garant d’accomplir ses promesses, puisqu’elles sont toutes liées à sa Personne. Elles sont en relation avec la marche du croyant (“ton pied”, verset 3), ses actes (“ta main droite”, verset 5), son être intérieur (“ton âme”, verset 7) et son service (“ta sortie et ton entrée”, verset 8). De jour comme de nuit, la protection divine est assurée pour chaque étape (verset 8). Seule une personne (“celui qui te garde”) peut nous garder, pas une doctrine, ni nous-mêmes, ni notre fidélité, etc.
La protection du Seigneur est indispensable pour se dégager des mauvaises associations que nous pouvons contracter, car Satan cherche toujours, soit à nous retenir par notre convoitise, soit à nous détruire par ses pièges. Il n’est intéressé que par les âmes, à l’image du roi de Sodome qui réclamait les personnes qu’Abram avait délivrées de ses mains, mais il était prêt à lui laisser les biens matérielsGenèse 14. 21. L’Éternel assure l’entière protection de nos âmes (verset 7).
L’Éternel promet sa protection pour sortir de Méshec (verset 8 ; voir Psaume 120. 5). Pour nous, chrétiens, il ne s’agit pas de sortir du monde : nous devons y vivre pour rendre témoignage à Jésus Christ tous les jours de notre vieJean 17. 11, 15, 18. Toutefois nous n’appartenons pas à ce système ennemi de Jésus et de ses disciplesJean 17. 14-16.
L’Éternel garde l’entrée des siens (verset 8) dans le lieu où il a mis sa bénédiction (Psaume 122). Pour sortir de Méshec, comme pour entrer à Jérusalem, la protection divine est nécessaire, car Satan, l’ennemi de nos âmes, mettra tout en œuvre pour nous empêcher d’atteindre le but que Dieu nous a fixé. Mais avant de pouvoir rejoindre la compagnie des fidèles pèlerins qui montent à la maison de l’Éternel, nous devons changer d’attitude envers le monde et retrouver une relation personnelle avec Dieu. C’est ce que nous enseignent les deux premiers cantiques des degrés.
La pression de l’adversité pousse le fidèle du « reste » de Juda à rentrer dans la terre d’Israël. Il regarde vers Sion, car c’est là que le Seigneur viendra pour détruire les méchants et établir son règne. Le nom de l’Éternel (Yahvé), souvent répété dans ce psaume, est celui qu’il prend dans ses relations avec Israël. Les calamités ne pourront pas détruire ce qui reste du peuple, car l’Éternel le protège continuellementÉsaïe 49. 8-13.
Pour sortir de la détresse (Psaume 120) et connaître l’allégresse, il faut se lever et se joindre aux pèlerins qui montent à la maison de l’Éternel1 (verset 1). Cela demande un effort personnel. Venir à la maison de l’Éternel peut être une corvée ou un service joyeux. C’est une corvée quand notre amour pour le Seigneur s’est refroidi parce que des péchés n’ont pas été confessés, ou que des tensions extrêmes se manifestent dans l’assemblée locale. C’est un service joyeux, quand notre désir est d’apporter à Dieu la reconnaissance et de rechercher le bien des frères.
Notre attitude envers Dieu détermine notre comportement quand nous lui rendons culte. Cela est si important, qu’il vaut mieux quitter l’autel, pour se réconcilier avec son frère, que de continuer à offrir un donMatthieu 5. 24.
Pour pouvoir vraiment détacher les yeux du monde, il faut les fixer sur un autre objet, sur Jérusalem, le lieu de la communion fraternelle (verset 3). La joie est assurée si nous nous rendons en compagnie d’autres croyants au lieu où l’Éternel a mis son Nom. Pour le vrai pèlerin, son but ultime est de se tenir dans les portes de Jérusalem (verset 2). La solitude expérimentée en Méshec (Psaume 120) est devenue une heureuse compagnie de voyageurs. Encourageons-nous donc à nous réunir avec d’autres frères.
La vie chrétienne normale se vit en communion avec d’autres enfants de Dieu. Dès le début de l’Église, les premiers croyants ont ressenti ce besoin fondamental. Un des premiers traits qui les caractérisaient était le désir de vivre ensemble : “Tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple” Actes 2. 46.
Le besoin d’être ensemble a des causes profondes. Comme enfants de Dieu, nous avons le même Père, la même vie, le même Esprit. Nous appartenons à un même corps, celui de Christ, liés ensemble à lui par un même Esprit. Avec Christ et en lui, nous jouissons ensemble de privilèges immenses : “Dieu… nous a vivifiés ensemble avec le Christ, nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus” Éphésiens 2. 5, 6.
Rien n’est plus étranger à l’esprit de l’évangile qu’un chrétien ou un groupe de chrétiens qui s’isole. Avant que le péché soit entré dans le monde, Dieu a déclaré qu’il n’était pas bon que l’homme soit seulGenèse 2. 18. Personne ne peut être joyeux s’il se tient volontairement à l’écart du peuple de Dieu. Les vrais croyants ressentent au plus profond d’eux-mêmes le besoin de se rassembler pour adorer, prier, méditer la Bible, servir le Seigneur et s’exhorter mutuellement. Cette nécessité est ressentie d’autant plus vivement que les épreuves et les difficultés grandissent.
La ville de Jérusalem est “bâtie comme une ville bien unie ensemble en elle-même” (v. 3). L’unité existe. Elle est d’un prix inestimable. Ne cherchons pas à la créer, mais mettons tout en œuvre pour la vivre. Comment le faire ? En nous appliquant à “garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix” Éphésiens 4, 3 et dans l’exercice de “l’amour, qui est le lien de la perfection” Colossiens 3. 14.
Aux yeux de Dieu, Jérusalem est une ville parfaite, sans fissure dans ses murailles. Pourtant les pèlerins sont exhortés à demander sa paix pour maintenir son unité. Le vrai croyant ne prie pas pour sa propre prospérité, mais pour celle de ses frères. Nous sommes rapides à prier pour nos propres nécessités, mais souvent lents à intercéder pour les besoins de nos frères.
Recherchons la paix dans l’assemblée. Elle assurera la prospérité spirituelle des frères (versets 6-8) Actes 9. 31 ; Romains 14. 19. Il ne s’agit pas d’une paix telle que les hommes la conçoivent entre nations, qui résulte de compromis et de concessions réciproques, mais de la vraie paix par amour pour Dieu et par amour pour les frères. Personne ne peut déclarer aimer Dieu, s’il ne peut pas pardonner à son frère et l’aimer. Comment prétendre avoir une bonne relation avec notre Père, si nous en avons de mauvaises avec nos frères ?
On peut développer pour Jérusalem, la ville sainte, un tel amour qu’il nous fasse oublier le véritable trésor qu’elle renferme : la maison de l’Éternel (versets 1 et 9). C’est la présence seule du Seigneur qui donne sa valeur à notre rassemblement autour de lui.
La vraie paix règne dans Jérusalem, car la ville reste séparée (“les murs”, verset 7), mais pas isolée du monde. La seule paix entre les hommes que nous puissions trouver sur cette terre est dans le cadre de l’église et de la famille chrétienne quand l’une et l’autre marchent dans une vraie séparation du monde.
Quelles sont les conditions pour être joyeux ? Les trois premiers cantiques des degrés donnent la réponse :
Avec la joie et la paix dans le cœur, le croyant peut mieux affronter le mépris du monde (Psaume 123).
David, l’auteur de ce psaume, considère par la foi la maison de l’Éternel qu’il a ardemment désiré bâtir, mais que son fils construira1 Rois 8. 19. Quand la détresse mentionnée dans les psaumes précédents aura pris fin et que les tribus d’Israël auront été réunies, il voit Jérusalem réédifiée sur ses ruines et prête à recevoir son RoiJérémie 30. 18 ; 31. 4, 6, 12.