Ayant réduit ses interlocuteurs au silence, le Seigneur leur pose maintenant une question à laquelle personne n’a jamais pu répondre sans le secours divin : c’était la question fondamentale qui touchait à la personne même du Fils de Dieu.
Christ était reconnu comme Fils de David. Bartimée s’était adressé à lui comme tel (18. 39). Dans l’évangile selon Matthieu, la généalogie de Jésus Christ est fondée sur David et AbrahamMatthieu 1. 1 ; la bénédiction de la foule à Jérusalem s’adresse aussi au Fils de DavidMatthieu 21. 9. Il est “né de la semence de David, selon la chair” Romains 1. 4. Selon la nature humaine, le Seigneur est ainsi le descendant de David, de la tribu royale de Juda.
En même temps, David, auteur du Psaume 110, le reconnaît comme son Seigneur. Si donc David l’appelle Seigneur “comment est-il son fils ?” (verset 44). Selon sa nature divine, Christ est Seigneur de tousRomains 10. 12, ses droits s’exerçant sur toute créature. Cette position d’autorité lui a été confirmée en résurrection : “déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts” Romains 1. 4 ; une position glorieuse qu’il occupe maintenant dans le ciel à la droite de Dieu. L’Esprit de Christ agissant en David lui fait ainsi considérer Jésus comme son Seigneur, attendant que ses ennemis lui soient soumis.
La réponse à la question du Seigneur impliquait donc toute l’histoire de sa venue sur la terre, de son rejet et de sa mort, ainsi que les résultats glorieux de son œuvre. Cette question mettait aussi en évidence la culpabilité du peuple juif, dont les chefs sont là encore réduits au silence.
C’est sous ce double titre que le Seigneur se présente au terme de la révélation divine : “Moi, je suis la racine et la postérité de David” Apocalypse 22. 16. Il est “l’étoile brillante du matin” pour l’Église qui l’attend dans la nuit.
La fin du chapitre est une mise en garde adressée aux disciples, en présence du peuple, au sujet des scribes et de tous ceux qui aimaient à se produire en public, recherchant les premières places et les honneurs dans le monde. Leur cupidité à l’égard des veuves (celles qui n’ont pas de soutien dans le monde) et l’hypocrisie de leurs longues prières amèneraient sur eux un jugement d’autant plus sévère qu’ils avaient pris une place de responsabilité dans le monde religieux.
Le développement correspondant de l’évangile selon Matthieu est beaucoup plus détaillé ; le Seigneur appelle sur les scribes et les pharisiens hypocrites une série de sept malheursMatthieu 23. 13-29 qui soulignent que “l’Éternel regarde au cœur” 1 Samuel 16. 7.
Le Seigneur avait déjà déclaré aux pharisiens avares ce que Dieu pensait de leur état : “ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu” (16. 15). Mis ainsi en garde contre l’esprit pharisaïque, qui recherche la gloire des hommesJean 5. 44, nous sommes invités à imiter le christ Jésus, dans son humilité et dans son dévouementPhilippiens 2. 5-8. Alors nous pourrons discerner, conduits par l’Esprit de Dieu, la grandeur et la beauté morales de notre Seigneur, Fils de Dieu, Fils de l’homme et Fils de David.
Les riches et les puissants – prompts à dévorer les maisons des veuves (20. 47) – prétendaient accomplir au temple leurs devoirs religieux en donnant à Dieu de leur superflu. Quel contraste avec cette pauvre veuve qui offrait sans réserve tout ce qu’elle avait, en comptant sur Dieu pour sa subsistance !
Ce court récit, placé en opposition avec la mise en garde contre les scribes, complète ainsi l’enseignement moral que le Seigneur veut nous donner. Le Seigneur apprécie divinement la valeur du don de cette pauvre veuve : non selon son importance matérielle, mais selon la disposition du cœur de celle qui donnait ; elle s’était donnée elle-même au Seigneur, selon son pouvoir.
Dans le cas de la veuve, le Seigneur soulignait la sincérité de son âme au milieu d’un état de choses et d’un système dont il venait de déclarer le danger et sur lequel il annonce le jugement. Il savait toutes choses et rend témoignage à cette femme en honorant sa conduite. Elle était bienheureuse, car, pauvre quant au monde, elle était riche quant à Dieu. C’est exactement l’opposé du riche insensé de la parabole (12. 21).