L’Évangile nous conduit maintenant dans la partie prophétique des enseignements du Seigneur, déjà introduite auparavant à trois occasions : (1) – chapitre 12. 35-53 ; (2) – chapitre 13. 24-30 ; (3) – chapitre 17. 20-37.
Cette prophétie est introduite par une remarque et une question des disciples (21. 5-7), de la même manière que dans les deux autres évangiles synoptiquesMatthieu 24. 1-4 ; Marc 13. 1-4. Mais la prophétie donnée en Luc diffère de celle annoncée par Matthieu et Marc sur quatre points essentiels :
Le temple, construit comme celui de Salomon en pierres de prix, orné de dons ou d’ornements dédiés, était magnifique ; il paraissait indestructible. Toutefois, quarante ans plus tard, il ne serait pas laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas (verset 6).
Alors, sur une question des disciples à laquelle il ne répond pas directement, le Seigneur révèle l’avenir du temple et de la ville de Jérusalem, en avertissant en même temps ses disciples et en leur laissant quatre recommandations :
Pour comprendre la portée des enseignements prophétiques du Seigneur, il faut se souvenir qu’ils sont adressés aux disciples vus dans une double position :
C’est donc l’histoire présente et future d’Israël qui est essentiellement en vue (Luc la place en rapport avec les nations), en traversant la parenthèse de l’Église, mais sans exclure celle-ci.
Dans les jours mauvais qui devaient précéder la prise de Jérusalem par les Romains, les disciples entendraient parler de guerres et de séditions, accompagnées de cataclysmes naturels (versets 10, 11). Les disciples subiraient des persécutions douloureuses de la part des autorités religieuses (le sanhédrin et les synagogues) ou politiques (rois et gouverneurs). Le livre des Actes rapporte quelques cas de telles persécutions : la mort d’ÉtienneActes 7. 57-60, la persécution qui a suiviActes 8. 1-3, le meurtre de l’apôtre Jacques par HérodeActes 12. 1, 2. La sagesse et la hardiesse de Pierre et de Jean (deux hommes illettrés et du commun) devant les tribunaux, comme celles d’Étienne devant le sanhédrin, sont une confirmation éclatante de la promesse du Seigneur (verset 15).
D’autres épreuves attendraient les fidèles témoins du Seigneur pendant cette période : être livrés par les membres de leur propre famille et supporter la haine de tous. C’était la conséquence du rejet du Messie : la paix était retirée de la terre (12. 51-53). Livrés à l’aveuglement sous la puissance de Satan, les Juifs ont reporté leur haine de Jésus sur ceux qui désiraient lui être fidèles. Cette histoire du fanatisme religieux ne s’est-elle pas exactement répétée, dans la chrétienté (au temps de l’Inquisition notamment) et dans d’autres religions du monde contemporain ?
Le Seigneur entre ensuite dans les détails touchant le siège de Jérusalem par les armées romaines (versets 20-24). Certaines expressions du récit de Luc sont semblables à celles employées par Matthieu et Marc qui parlent des deux sièges futurs de Jérusalem par les confédérations des nations. Il est question dans Luc d’un jour de vengeance. En effet, le meurtre d’Étienne et les persécutions des premiers chrétiens par le peuple juif ont mis un terme à la patience de Dieu à son égard. Dans les autres évangiles, les événements de la fin sont introduits par “l’abomination de la désolation”, l’idole placée dans le temple sous le règne de l’Antichrist.
Les prédictions du Seigneur se sont réalisées à la lettre (verset 24). On estime à un million le nombre de ceux qui ont péri à la prise de Jérusalem ; les rescapés ont été vendus comme esclaves, ou jetés aux bêtes féroces dans les arènes romaines. Le temple et la ville ont été entièrement détruits. Jérusalem est foulée aux pieds, aussi longtemps que durent “les temps des nations” (verset 24). Cette expression désigne toute la période s’écoulant de la déportation à Babylone au retour en gloire de Christ sur la terre. Abandonnant sa demeure terrestre et son peuple (qui est désormais sous la sentence “Lo-Ammi”, c’est-à-dire “pas mon peuple” 1), Dieu a retiré le gouvernement du monde à Israël pour le confier aux nations. À l’issue de cette période, l’empire romain sera reconstitué pour être brisé et remplacé par le royaume de Christ, Fils de l’homme.