Les chapitres 20 et 21 contiennent une série d’enseignements moraux donnés par le Seigneur durant la dernière semaine de sa vie sur la terre. Il enseignait dans le temple et passait ses nuits à Béthanie ou sur le mont des Oliviers (21. 37). Rencontrant successivement tous les chefs du peuple (sacrificateurs, scribes, sadducéens), il les réduit tous au silence par la vérité ; puis il donne des instructions aux disciples pour la période qui s’écoulerait jusqu’à son retour en gloire.
Le Seigneur enseignait le peuple dans le temple et évangélisait (annonçait la bonne nouvelle). Tel est aujourd’hui aussi, de la part du Maître, le service accompli dans le monde : enseigner est le service du docteur dans l’assemblée, évangéliser celui de l’évangéliste dans le monde. Tels ont été aussi les deux ministères de Paul accomplis à travers beaucoup de souffrances : il était devenu serviteur de l’évangileColossiens 1. 23 en prenant part aux souffrances de l’évangile2 Timothée 1. 8 ; il était aussi serviteur de l’assemblée, en participant aux afflictions du Christ pour son corpsColossiens 1. 24, 25. Ces deux services, également précieux et utiles jusqu’au retour du Seigneur, concourent à la réalisation du dessein de Dieu de tirer du monde un peuple pour lui et le former pour le ciel.
Interrompant le maître dans son service d’amour, les chefs du peuple interviennent pour mettre son autorité en cause. Assis dans la chaire de MoïseMatthieu 23. 2 et jaloux de leur position officielle, ils ajoutent la haine religieuse à leurs pensées meurtrières (19. 47). Et pour tenter de discréditer le Seigneur, ils lui demandent l’origine et la preuve de son autorité, bien qu’elle se soit imposée à leur conscience. Ils ignoraient qu’ils se trouvaient en présence de celui qui “prend les sages dans leur ruse, et le conseil des astucieux est précipité” Job 5. 13.
Sans refuser de répondre, Jésus leur pose une question qui les réduit au silence : “Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ?” (verset 4). S’ils reconnaissaient le caractère céleste de la mission de Jean le Baptiseur, ils se condamnaient eux-mêmes en se plaçant sous le jugement qu’il avait prédit (3. 7-9). Et s’ils prétendaient que le baptême de Jean était des hommes, ils redoutaient la foule qui tenait à juste titre Jean pour un prophète (verset 6). Ignorant la crainte de Dieu, ils cèdent ainsi à la crainte des hommes qui tend un piègeProverbes 29. 25, et refusent de répondre. Sans vraie connaissance du Seigneur, ils le haïssaient sans cause, voulaient le perdre et se constituaient à tort ses ennemis, ce qu’avait déjà annoncé la parole prophétiquePsaume 69. 5.
S’adressant au peuple par une parabole, le Seigneur met alors en évidence la méchanceté de ses chefs et les conséquences de leur infidélité.
L’homme qui plante la vigne1 représente Dieu. La vigne elle-même est Israël, planté par Dieu sur la montagne de son héritageExode 15. 17 ; Psaume 80. 8. Plantée sur un coteau fertile, cette vigne avait été l’objet de tous les soins de Dieu ; pourtant, elle n’avait rien produit sinon du raisin sauvage, manquant à sa vocation de réjouir le cœur de Dieu par un vin pur. C’est ainsi que la nature humaine ne peut pas produire de fruit pour Dieu. Le Seigneur reprend la comparaisonJean 15. 1-8 en se présentant comme le vrai cep, le vrai Fils de Dieu appelé hors d’ÉgypteMatthieu 2. 15, fortifié par Dieu comme sa plante et son provin2Psaume 80. 15, 16, 17 pour remplacer l’Israël stérile. Nous ne pouvons porter du fruit pour Dieu qu’en étant attachés au vrai cep, car “séparés de moi, vous ne pouvez rien faire”, a dit le SeigneurJean 15. 5.
La parabole placée devant nous fait plutôt ressortir la responsabilité des cultivateurs (les conducteurs du peuple au long de son histoire) à qui la vigne (Israël) avait été louée. Longtemps après, et au temps de la vendange, “en la saison”, le maître envoie successivement trois esclaves aux cultivateurs pour recueillir du fruit de sa vigne. L’un après l’autre, ils sont battus, maltraités et renvoyés à vide. Pendant cette longue période de la loi (quinze siècles environ), Israël a traité ainsi les serviteurs de l’Éternel, ses prophètes, depuis “Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel” Matthieu 23. 35 ; 2 Chroniques 24. 21. Jusqu’à la déportation, la conduite d’Israël était la même : “Ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes… et il n’y eut plus de remède” 2 Chroniques 36. 16. Et quelle a été la fin du plus grand des prophètes, Jean le Baptiseur, sinon de mourir sous l’épée du roi Hérode pour satisfaire le caprice de deux femmes ?
Enfin, le Fils bien-aimé paraît (verset 13), “un unique fils bien-aimé” Marc 12. 6. Les cultivateurs avaient toutes les raisons de le respecter. Dans leur méchanceté, ils décident au contraire de le tuer pour s’emparer de l’héritage. Le meurtre de Christ clôt la période de la loi et l’épreuve de l’homme responsable. Le maître de la vigne fait périr les cultivateurs et donne la vigne à d’autres. C’est l’accomplissement de la prophétie de ZacharieZacharie 11. 8, 9. Les cultivateurs indignes ont péri effectivement à la prise de Jérusalem par Titus et le peuple terrestre de Dieu a été entièrement dispersé. Ainsi, les chefs du peuple n’ont pas pu s’emparer de l’héritage et la vigne a été donnée à d’autres : pendant toute la période de la grâce, Dieu a les yeux sur un peuple céleste, les chrétiens, qu’il tire de la terre pour son nom.
Les principaux sacrificateurs et les scribes comprennent très bien que cette parabole les concernait et répondent : “Qu’ainsi n’advienne” (verset 16) c’est-à-dire : “absolument pas”, repoussant le tranchant de la vérité sur leur conscience.
Le Seigneur leur répond d’abord par l’ÉcriturePsaume 118. 22, 23. Ceux qui bâtissaient étaient les chefs du peuple et la pierre rejetée, le Fils de Dieu. Par sa mort, Jésus devenait fondement et pierre d’angle d’un nouvel édifice spirituel, la maison de Dieu formée de pierres vivantes (les croyants), tirées de la carrière du monde. C’est une œuvre divine merveilleuse, fondée sur une pierre choisie et précieuse aux yeux de DieuÉsaïe 28. 16 ; 1 Pierre 2. 6, 7.
En même temps, le Seigneur annonce le double jugement des méchants cultivateurs en donnant à son enseignement une portée générale (verset 18) :
Sachant que la parabole leur était adressée, les principaux sacrificateurs et les scribes cherchent en cette même heure à mettre les mains sur Jésus (verset 19). Mais par crainte du peuple, leur haine change de tactique : les pensées de meurtre font place à la perfidie.