Les principaux sacrificateurs et les scribes avaient compris que la parabole de la vigne et des cultivateurs s’appliquait à eux. Pour surprendre le Seigneur, ils vont maintenant user de ruse et de flatterie, deux armes redoutables dans la main de Satan. Les agents secrets envoyés auprès du Seigneur représentaient les pharisiens, la secte religieuse juive la plus stricte et les hérodiens, soutenant au contraire le roi placé au-dessus du peuple par les RomainsMatthieu 22. 15, 16 ; Marc 12. 13. Oubliant leurs divergences, ils se lient ensemble dans leur haine contre Christ, pour chercher à le prendre en défaut.
Le raisonnement était subtil : “Nous est-il permis de payer le tribut à César ou non” ? Si Jésus répondait positivement, il se discréditait vis-à-vis des Juifs en renonçant à ses droits de Messie et de roi d’Israël. S’il répondait négativement, il pouvait être accusé de rébellion à l’égard des Romains et livré alors au magistrat et au pouvoir du gouverneur, ce qui était précisément le but recherché par ses ennemis (verset 20).
La réponse du Seigneur : “Pourquoi me tentez-vous” ? (verset 23) montre que leur ruse est déjouée.
En fait, le peuple juif était asservi aux Romains et à César à cause de ses péchés, sans que sa responsabilité devant Dieu cesse pour autant. C’est ce que le Seigneur rappelle à leur conscience en demandant qu’on lui montre un denier.
Il reconnaît ainsi l’autorité civile et nous invite à faire de même, en particulier à payer nos impôtsRomains 13. 6, 7.
Pour le moment, Christ ne faisait pas valoir ses droits à l’autorité sur la terre, mais distinguait entre les choses de César (à rendre à César) et celles de Dieu (à rendre à Dieu). Cette dernière déclaration est probablement une allusion aux cultivateurs qui n’avaient pas rendu le fruit au maître de la vigne (verset 10). Elle a aussi une portée pour nous : “Craignez Dieu ; honorez le roi” 1 Pierre 2. 17.
Réduits au silence et publiquement confondus, les adversaires du Seigneur prouvent la réalité de la parole d’Élihu : “Ils ont été confondus, ils ne répondent plus ; les paroles leur sont ôtées” Job 32. 15. Il en sera de même de tous les désobéissants au jour du jugementRomains 3. 19.
Une autre classe de personnes, les sadducéens, se présente maintenant devant le Seigneur pour l’interroger et chercher à le confondre. Alors que les pharisiens reconnaissaient la résurrection et le monde invisible, les sadducéens (les philosophes rationalistes de l’époque) niaient la résurrection et l’existence des anges et des espritsActes 23. 8.
L’exemple hypothétique qu’ils soumettent au Seigneur semble être une démonstration irréfutable de l’absence de résurrection. Le Seigneur les renvoie à leur propre égarement et à leur ignorance coupable des Écritures et de la puissance de DieuMatthieu 22. 29 ; Marc 12. 24. L’enseignement donné à cette occasion est d’une extrême importance pour nous aujourd’hui, pour être gardés des erreurs propagées au sein même de la chrétienté.
Le cas proposé par les sadducéens était donc celui d’une femme ayant été successivement l’épouse de sept frères (d’une même famille) qui étaient morts les uns après les autres sans avoir d’enfant. S’il y avait un au-delà, et si la résurrection existait, avec lequel de ces sept frères la femme serait-elle alors mariée ? Le raisonnement était basé sur une application poussée à l’extrême d’une disposition de la loi de Moïse, concernant le lévir (ou beau-frère), qui devait épouser sa belle-sœur à la mort de son frère pour lui assurer une postérité. L’erreur fondamentale des sadducéens était de poser comme principe que les conditions de vie sur la terre (notamment l’institution divine du mariage) se continuaient sans changement dans le ciel ou dans le monde invisible.
Le Seigneur parle “des fils de ce siècle”, c’est-à-dire des Juifs, ou par extension de tous les hommes vivant sur la terre. Pour le peuple d’Israël, ce siècle est le siècle de la loi. Ailleurs, la Parole parle du siècle à venirMatthieu 12. 32 ; Hébreux 6. 5, qui est pour Israël le siècle de la grâce, c’est-à-dire le millénium. Ici, le Seigneur introduit un autre siècle, “avoir part à ce siècle-là” (verset 35), en rapport avec la résurrection d’entre les morts. Il ne s’agit ici que des croyants et ce siècle est celui de la vie éternelle, déjà mentionné comme récompense au renoncement pour l’amour du Royaume de Dieu (18. 30).
Les liens que Dieu a formés sur la terre cessent avec la vie terrestre et sont remplacés, pour les croyants ayant part à la première résurrection, par une condition spirituelle céleste et éternelle beaucoup plus glorieuse. Ainsi les relations naturelles les plus précieuses sur la terre feront place à des relations spirituelles entre tous les enfants de Dieu : Christ absorbera les pensées et remplira les cœurs dans le repos de l’amour divin.
Semblables aux anges (les créatures célestes), les croyants sont “fils de Dieu, fils de la résurrection” (verset 36). Ils ont la vie éternelle, la vie de Dieu, et sont le fruit de la résurrection du Sauveur. “Sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir” Apocalypse 20. 6, la mort même n’est plusApocalypse 21. 4.
La réalité de la résurrection d’entre les morts est démontrée par Dieu lui-même lorsqu’il dit à Moïse : “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob” Exode 3. 6 en se révélant dans le buisson de feu au désert de Madian. Si ces patriarches, morts depuis trois cents ans, avaient cessé toute existence, Dieu ne se serait pas appelé leur Dieu. Le Dieu d’éternité, qui se nomme “JE SUIS CELUI QUI SUIS” Exode 3. 14, était et demeure le Dieu des patriarches. Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Donc Dieu amènera les patriarches, comme tous ceux qui en sont estimés dignes, à un état de bonheur permanent où le corps et l’âme seront réunis par la résurrection d’entre les morts.
A la déclaration du Seigneur que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants, Luc seul ajoute : “Car pour lui (Dieu) tous vivent” (verset 38). Aucun des morts ne peut ainsi échapper à l’œil de Dieu. Pensée bénie pour les rachetés du Seigneur, mais solennelle pour les incrédules que Dieu n’oublie pas dans l’attente de leur jugement. À la création, Dieu a formé l’homme d’un corps tiré de la terre et d’une âme, souffle divin : “Et l’Éternel Dieu forma l’homme, poussière du sol, et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme devint une âme vivante” Genèse 2. 7 ; 1 Corinthiens 15. 45. L’homme n’avait à ce moment ni la vie éternelle, la vie de Dieu, ni l’immortalité, car Dieu seul la possède1 Timothée 6. 16. À cause du péché, la mort (la première mort) est désormais la part de tous les hommes : “Il est réservé aux hommes de mourir une fois” Hébreux 9. 27. Le corps, partie matérielle de l’être, retourne à la terre, tandis que l’âme et l’esprit, parties immatérielles de l’être humain, retournent à Dieu : “L’esprit retourne à Dieu qui l’a donné” Ecclésiaste 12. 7. “Retourner à Dieu” signifie retourner à son origine, indépendamment des conséquences (en vie éternelle ou en jugement) qu’aura sa vie d’homme sur la terre. C’est le chemin inverse de celui de la création (ou de la naissance d’un enfant), présenté par les deux passages déjà cités.
Ainsi, pour Dieu, tous les esprits qui ont quitté leurs corps, vivent encore : la mort n’est que la séparation momentanée du corps et de l’esprit (avec son âme). À la résurrection, le corps et l’esprit sont à nouveau réunis ; non pas pour une réincarnation de l’esprit dans un autre corps, ni pour une nouvelle vie sur la terre.
Ceux qui ont la vie de Dieu, placés au bénéfice de l’œuvre de Christ, revêtent l’immortalité1 Corinthiens 15. 53. Les morts en Christ sont ressuscités, tandis que les vivants sont changés à la venue du Seigneur1 Corinthiens 15. 51. Ensemble, ils sont introduits dans la gloire céleste.
Les méchants, au contraire, sont ressuscités (corps et esprit à nouveau réunis) pour être jugés et connaître la seconde mortApocalypse 20. 14 : l’éloignement de Dieu et les tourments éternels ; c’est “le châtiment d’une destruction éternelle” 2 Thessaloniciens 1. 9 qui n’est en aucune manière une cessation de l’existence.
La parabole de Lazare et du riche montre au contraire que les hommes dans les tourments conservent une effrayante lucidité (16. 23-38) ; peut-être même, auront-ils encore la notion du temps, dans une éternité sans fin : “Ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles” Apocalypse 20. 10, partageant le sort du diable (et ses anges), de la bête romaine et de l’Antichrist.